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FlashPress - Infocatho
du 12 au 14 septembre 2008 (semaine 37)
 

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2008-09-14 -
L'EUROPE ET LE MONDE MUSULMAN

La quatrième et dernière rencontre de la série de Séminaires consacrés à l’Islam, le Christianisme et l’Europe organisés par la Commission Eglise et Société de la COMECE, a abordé la question de la la réciprocité en matière de liberté religieuse

Cette rencontre organisée par la Commission des épiscopats de la Communauté européenne, le COMECE, et le bureau européen de la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) regroupait une centaine de participants, élus et fonctionnaires des institutions européennes et membres d’organisations et communautés religieuses.

Mme Nicole Reckinger, du Conseil de l’UE et modératrice du séminaire, a salué l’initiative de traiter ce sujet tout en exprimant des réserves quant au concept de réciprocité, et mettant plutôt en avant l’universalité des droits de l’Homme, dont la liberté religieuse.

Le Prof. Dr. Tuomo Melasuo, chercheur à l’Institut de Recherche pour la Paix de Tampere-TAPRI (Finlande) a rappelé que les attentats du 11 septembre 2001 avaient fait prendre conscience aux institutions européennes de l’importance de mettre en place un dialogue interculturel. Depuis, la dimension interculturelle du dialogue institutionnel euro-méditerranéen comme de la politique européenne de voisinage s’est certes développée, mais pas de façon suffisamment concrète selon lui. Quant aux Communautés religieuses, elles ont selon lui une responsabilité internationale non négligeable et doivent avoir toute leur part dans ce dialogue.

Pour l’Imam Dr. Abduljalil Sajid, Président du Conseil musulman pour l’Harmonie religieuse et raciale (Royaume-Uni) et Président de la task force de l’année européenne du Dialogue interculturel 2008, il convient de distinguer Islam et musulmans. Il réfute le concept de réciprocité, estimant que les musulmans vivant en Europe en tant que citoyens ou hôtes, ont le droit de pratiquer leur religion sans qu’on n’exige rien d’eux en retour.

Le problème d’absence de liberté religieuse à la Mecque n’est pas celui des musulmans vivant en Europe. Les valeurs qui doivent nous orienter sont plutôt celles de l’égalité, de l’équité et de la justice pour tous les citoyens et résidents des pays membres de l’UE. Dans les relations extérieures de l’UE avec les pays musulmans par ailleurs, on n’arrivera à rien par la coercition, la domination et l’imposition mais plutôt par le droit et la justice internationale. 

Pour le P. Edouard Divry, dominicain, délégué diocésain pour le dialogue interreligieux à Montpellier (France), sur le plan moral, toute relation implique nécessairement une réciprocité et l’éthique dans les relations internationales doit donc s’enquérir du bien-fondé de la demande de réciprocité en matière de liberté religieuse.

Il existe à cet égard un double débordement par rapport à la vertu internationale de réciprocité : la rétorsion et la passivité. La réciprocité promue par une vision chrétienne n’est pas un appel à la rétorsion. Mais il y a aussi la tentation de passivité qui pourrait empêcher les chrétiens, ou réciproquement les musulmans ou les juifs, de réclamer une égalité de traitement. Il en appelle à multiplier les échanges pour faire émerger progressivement dans les déclarations politiques internationales une « vertu politique de réciprocité religieuse».

En conclusion de ce dernier séminaire, Mme Eija-Riitta Korhola, député européenne (PPE-DE- Finlande), philosophe et théologienne de formation, a indiqué que l’approche de la réciprocité était partie prenante de la justice sociale mais qu’il ne fallait  toutefois pas l’utiliser de manière restrictive. (source : COMECE)

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