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du 12 au 14 septembre 2008 (semaine 37)
 

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2008-09-14 - Benoît XVI en France
UNE LAÏCITÉ INSTITUTIONELLE

La laïcité reste un sujet d'actualité dans l'opinion française. Lors de sa rencontre avec le président Sarkozy, le Pape n'est pas entré dans les "détails", prenant soin de ne pas aborder la question des aménagements institutionnels.

"Je crois vraiment que ses conseillers lui ont recommandé de ne pas se perdre sur le terrain des aménagements institutionnels", a dit Mgr Claude Dagens lors d'un point de presse qui suivait cette rencontre au Palais de l'Élysée.

Devant Nicolas Sarkozy, le Pape "n'a porté aucun jugement sur la laïcité", fait remarquer Mgr Dagens. "Il a simplement cité la parole du président de la République sur la laïcité positive et a simplement ajouté souhaiter une réflexion nouvelle sur la place de la laïcité dans les sociétés" contemporaines.

Pour Benoît XVI, "la laïcité est à repenser dans des conditions nouvelles: l'évident pluralisme religieux et la rémanence du soupçon porté sur toutes les religions à partir du fondamentalisme musulman sous prétexte que toutes les religions seraient coupables soit de violences insupportables, soit de dérives irrationnelles", a précisé Mgr Dagens.


"Que le Pape soit reçu -il l'a été par d'autres présidents de la République- c'est tout à fait légitime et logique, mais attention de ne pas donner le sentiment qu'il y aurait un culte qui serait privilégié par rapport à d'autres ou que les cultes auraient une place que la République ne leur accorde pas", a-t-il affirmé.

Déjà, dans l'avion qui l'amenait à Paris, Benoît XVI avait été fort clair :

" Il me semble évident aujourd’hui que la laïcité en soi n’est pas en contradiction avec la foi. Je dirais même qu’elle est un fruit de la foi parce que la foi chrétienne était, dès le commencement, une religion universelle, donc pas identifiable avec un État et présente dans tous les États. Pour les chrétiens, il était toujours clair que la religion et la foi n’étaient pas politiques, mais une autre sphère de la vie humaine… La politique, l’État, n’étaient pas une religion mais une réalité profane avec une mission spécifique… et les deux doivent être ouverts l’un à l’égard de l’autre."

" Dans ce sens, je dirais aujourd’hui, pour les Français, et pas seulement pour les Français mais aussi pour nous chrétiens d’aujourd’hui dans ce monde sécularisé, il est important de vivre avec joie la liberté de notre foi, de vivre la beauté de la foi et de rendre visible dans le monde d’aujourd’hui qu’il est beau d’être croyant, qu’il est beau de connaître Dieu, Dieu avec un visage humain en Jésus-Christ… montrer la possibilité d’être croyant aujourd’hui et même qu’il est nécessaire pour la société d’aujourd’hui qu’il y ait des hommes qui connaissent Dieu et peuvent donc vivre selon les grandes valeurs qu’il nous a données et contribuer à la présence des valeurs qui sont fondamentales pour la construction et pour la survie de nos États et de nos sociétés."

Avec les évêques réunis à Lourdes, Benoît XVI est revenu sur cette question en la précisant.

" Je suis convaincu que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer dans une terne uniformité."

..." Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va. Par conséquent, dans le cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles s’est construite l’identité de la Nation."

" Votre Président en a évoqué la possibilité. Les présupposés sociopolitiques d’une antique méfiance, ou même d’hostilité, s'évanouissent peu à peu."

" L'Église ne revendique pas la place de l'État. Elle ne veut pas se substituer à lui. Elle est une société basée sur des convictions, qui se sait responsable du tout et ne peut se limiter à elle-même. Elle parle avec liberté, et dialogue avec autant de liberté dans le seul désir d'arriver à la construction de la liberté commune. Une saine collaboration entre la Communauté politique et l’Église, réalisée dans la conscience et le respect de l’indépendance et l’autonomie de chacune dans son propre domaine, est un service rendu à l’homme, ordonné à son épanouissement personnel et social. De nombreux points, prémices d'autres qui
s'y ajouteront selon les nécessités, ont déjà été examinés et résolus au sein de l’ « Instance de Dialogue entre l’Église et
l’État »" . (source : CEF)

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