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du 18 au 20 septembre 2008 (semaine 38)
 

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2008-09-20 -
SANS JUSTICE, IL N'Y AURA PAS DE PAIX EN GÉORGIE


Le patriarche et catholicos de Géorgie Illia II, a déclaré au journal La Croix : "Il n’y aura pas de paix en Géorgie sans justice. La Géorgie n’acceptera jamais la perte de ses régions historiques."

..." Le fait que deux pays partageant la même foi se soient affrontés est véritablement regrettable, mais ce conflit n’a, en aucune façon, éclaté pour des raisons religieuses. Ses causes sont géopolitiques, ce qui explique pourquoi la Géorgie est devenue un lieu d’affrontement entre des forces politiques mondiales. Je pense que si on retourne dans les limites de la légalité, la religion (dans ce cas, l’orthodoxie) peut jouer un rôle majeur dans la réduction de la tension et la normalisation des re­lations entre la Russie et la Géorgie."

..." Dans les années 1920, notre pays a été victime d’une énorme agres­sion lorsque les communistes ont envahi la Géorgie indépendante. En l’absence de tout fondement juridique ou historique, une partie de notre territoire a été attribuée aux pays voisins et les républiques autonomes de l’Adjarie, de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ont été créées. Des bombes à retardement ont été ainsi plantées, prêtes à exploser à la première occasion. À l’époque de l’Union soviétique, le régime a constamment propagé dans ces régions une idéologie favorable à leur séparation et à la partition de la Géorgie."

..." faut souligner que les Ossètes ont toujours été plus nombreux dans le reste de la Géorgie que dans l’Ossétie du Sud, la région de Tskhinvali n’étant pas leur patrie ethnoculturelle. Il a été dit que les Géorgiens avaient attaqué la petite nation ossète et avaient opéré un nettoyage ethnique. Cette contre-vérité s’illustre bien dans le fait que, pendant et après les hostilités, ceux des Ossètes qui vivent en grand nombre en Géorgie n’ont pas quitté leurs foyers et n’ont jamais rencontré de problèmes avec les Géorgiens ou d’autres minorités ethniques."

" La Géorgie n’ac­ceptera jamais la perte de ses régions historiques qui ont, pour nous, la même importance qu’Orléans pour la France ou Smolensk ou Novgorod pour la Russie. La justice est garante de la paix et il n’y aura pas de paix en Géorgie sans justice. "

..." Je ne sais pas combien de temps il faudra pour rétablir l’intégrité territoriale de la Géorgie, mais je suis convaincu que c’est ce qui doit se passer si les pays du monde, et pas seulement la Russie, veulent préserver la paix au sein de leurs propres frontières. Pour parvenir à cet objectif, j’exclus catégoriquement le recours à la violence et notre Église s’y est toujours opposé. Le recours aux moyens diplomatiques, économiques, culturels et religieux peut réparer le lien qui a été brisé."

..." Quarante mille personnes n’ont pas regagné leurs maisons sur les 260 000 personnes initialement dé­placées. Les dégâts infligés au pays s’élèvent à des milliards d’euros. Les églises des villages de Kheiti, Ikorta, Kemerti et Sveri ont été gravement endommagées et une partie de la ré­sidence du métropolite de Tskhinvali et de Nikozi, l’évêque Isaiah, a été endommagée par un missile. Notre information reste très limitée, car l’accès aux territoires occupés nous est interdit."

..." Le Patriarcat de la Géorgie a besoin de l’aide extérieure, car, même si le Patriarcat de Moscou a récemment reconnu, une nouvelle fois, la juridiction de l’Église géorgienne sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, nous n’avons toujours pas accès à ces régions. Nous avons besoin du soutien de l’Union européenne pour les récupérer et rétablir nos frontières historiques. La tolérance de notre peuple est un terrain fertile pour l’établissement d’un État stable et prospère, mais il sera extrêmement difficile d’y arriver sans un effort concerté de l’extérieur." (source : La Croix)

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