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du 21 au 25 septembre 2008 (semaine 39)
 

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2008-09-25 - Philippines
UN PHILIPPIN SUR DIX VIT HORS DE SON PAYS


Au lieu de parler des transferts que les émigrés philippins envoient au pays, au lieu de pousser le maximum de Philippins à partir travailler à l’étranger, le gouvernement devrait s’attacher à améliorer leur situation dans les pays où ils travaillent.

Le président de la Conférence épiscopale des Philippines reproche en effet au gouvernement de négliger le coût social et humain de l’émigration des Philippins. " Malheureusement, notre gouvernement ne paraît préoccupé que par l’importance des fonds transférés par les Philippins de l’étranger ," se désolait Mgr Angel Lagdameo, président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, lors du discours de clôture prononcé le 30 août dernier au séminaire San Carlos de Makati, où, durant deux jours, étaient réunis les délégués de l’ICMC (International Catholic Migration Commission).

Mgr Lagdameo, archevêque de Jaro, s’est livré à une critique en règle de la machine à émigrer mise en place aux Philippines et qui fait de ce pays l’un des grands pourvoyeurs de main-d’œuvre, tant féminine que masculine, à travers le monde. Il a rappelé que, dès le XIXème siècle, le pape, en la personne de Léon XIII, estimait immorale toute organisation du travail entraînant la séparation durable et prolongée des membres d’un même foyer.

Aujourd’hui, a poursuivi l’évêque, les migrations sont inscrites dans les faits comme un phénomène de masse, notamment la migration des travailleurs qui partent à l’étranger sans leur famille, et cette réalité a des conséquences "dramatiques sur la vie des familles et la structure socialede pays."

" Ces migrations soulèvent des questions éthiques beaucoup plus importantes que les aspects économiques qui sont en jeu. Ainsi, les difficultés qui surgissent dans les couples dont l’un ou les deux membres sont partis travailler à l’étranger sont immenses et ne peuvent être résolues par le seul surcroît du bien-être économique, qu’il soit exprimé en termes financier ou de développement".

Mgr Lagdameo en évoquait les conséquences sur les couples et les familles, des séparations géographiques, des mariages de convenance ou bien encore des violences domestiques. Selon les enquêtes sociales disponibles, un mariage sur deux où l’un des conjoints est parti travailler à l’étranger se termine par une séparation ou un divorce.

Il a appelé la Commission pour les migrants et les gens du voyage de l’épiscopat philippin à travailler auprès du gouvernement afin que celui-ci défende le droit des Philippins à émigrer non plus de manière individuelle mais en famille.

Il s'est dit bien conscient de l’importance de l’apport que représentaient les transferts financiers des migrants philippins. Ce sont même ces flux financiers qui ont permis et permettent encore à l’économie du pays de rester la tête hors de l’eau, palliant ainsi la mauvaise gestion des dirigeants, a-t-il souligné.

Mais il est clair, a-t-il insisté, que le gouvernement promeut l’émigration pour des motifs purement financiers et des objectifs de court terme. L’administration Arroyo, comme les autres avant elles, ne veut pas voir les changements profonds que connaît la structure familiale aux Philippines : multiplication des familles monoparentales, foyers dont le chef de famille est une femme, voire un enfant.

" Le coût négatif induit par ces évolutions sociales n’est pas pris en compte par l’administration, qui n’a les yeux fixés que sur quelques indicateurs économiques et financiers".

Sur le plan ecclésial, Mgr Lagdameo a appelé les prêtres, notamment les curés des paroisses d’où partent les migrants et ceux des paroisses où ils arrivent, à se mettre au service de cette population.

Installée à Genève et approuvée en 1951 par Pie XII, l’ICMC est au service des réfugiés, des personnes déplacées et des migrants. La rencontre de Makati concernait le bureau ‘Asie’ de cette organisation et a rassemblé 35 délégués, dont treize évêques, venus de quinze pays de la région.

Pour une population de 90 millions de Philippins, il est estimé que les Philippins émigrés hors de l’archipel sont au nombre de 11 millions. L’an dernier, les transferts au pays ont représenté la somme de 12 milliards de dollars. (source : EDA)

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