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du 26 au 28 septembre 2008 (semaine 39)
 

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2008-09-28 -
LA PATERNITÉ SPIRITUELLE
DANS LA TRADITION ORTHODOXE

Du 18 au 21 Septembre 2008, s'est tenu auprès du Monastère de Bose (Italie), la XVIe édition du Colloque œcuménique international de spiritualité orthodoxe consacré à « La paternité spirituelle dans la tradition orthodoxe ».

Organisé par le Monastère de Bose, avec la collaboration du Patriarcat œcuménique de Constantinople et du Patriarcat de Moscou, ce Congrès prolongeait une tradition pluriannuelle de rencontres œcuméniques et entendait offrir une occasion d’échange fraternel et de réflexion partagée sur des thèmes essentiels de la vie spirituelle, où les traditions de l’Orient et de l’Occident chrétiens croisent les questions profondes de l’homme contemporain. Les promoteurs ont voulu dédier l'édition de cette année à la mémoire de Mgr Emilianos Timiadis, Métropolite de Silyvria (1916-2008), figure lumineuse de père spirituel, pionnier du dialogue œcuménique et témoin autorisé de la tradition spirituelle de l’Orthodoxie dans le monde contemporain.

La « Paternité Spirituelle » se trouve au cœur de la spiritualité orthodoxe et elle représente un de ses indéniables « pivots ». Le colloque en a étudié les fondements bibliques et patristiques, laissant ensuite la parole à quelques témoins de l'Orthodoxie (dans ses traditions byzantine, russe, serbe, géorgienne et roumaine), qui ont montré que la pratique de la paternité spirituelle, héritée de l'Église ancienne, est aujourd'hui encore un outil de croissance essentiel pour la vie intérieure de tout homme.
Ce Colloque a constitué une occasion de rencontre fraternelle entre les Églises d'Orient et d'Occident: près de trois cent personnes y ont participé, des représentants du monde académique, culturel et religieux provenant de France, Allemagne, Grèce, Italie, Russie, Serbie, Biélorussie, Ukraine, Roumanie, Bulgarie, Géorgie, Liban, Autriche, Belgique, Royaume-Uni, Espagne, Suède, Luxembourg, Portugal, Estonie, République Tchèque.


Le thème de la paternité spirituelle était certes trop vaste pour être traité adéquatement en un seul Colloque. Mais bien des figures de pères et de mères spirituels, d'Orient surtout mais aussi d'Occident, du passé plus lointain et du passé récent, ont toutefois pu être évoquées. Car si la paternité spirituelle est une tradition unique, elle comporte des visages infiniment variés.
Comme Jésus, le père spirituel enseigne à la fois par sa vie et par sa doctrine. Ensemble, le père et le fils spirituels vivent dans l'obéissance à la Parole de Dieu. La Bible elle-même présente des modèles de paternité et de filialité spirituelles (fr. Enzo Bianchi).

La vie commune partagée en est une dimension déterminante: là où le Christ Jésus est au centre d'une communion vécue, là le Saint-Esprit transforme le baptisé, le conformant au Christ crucifié et glorifié (prof. Gheorghios Martzelos). À cet égard, la tradition vivante de la paternité spirituelle a joué un rôle providentiel dans les Églises orthodoxes durant les périodes sombres de la turcocratie et des persécutions communistes.

La Parole de Dieu, écoutée ensemble dans l'Écriture, féconde la relation entre le père et le fils spirituels, comme le montre l'exemple de saint Jean Chrysostome et de sainte Olympias (prof. Abou Mrad). Nil Sorsky rappelle lui aussi qu'en temps de crise et d'indigence spirituelles, les réponses sont à chercher dans les Saintes Écritures, qu'il faut lire et méditer continuellement (prof. Gelian Prochorov). Saint Ambroise d'Optina, saint Ignace Briantchaninov et saint Théophane le Reclus préconisent la même approche au XIXe siècle russe (Natalija Soukhova).

L'écoute de la Parole de Dieu et des Pères requiert en outre un effort de l'intelligence: il faut traduire, publier, étudier et commenter. C'est la grande leçon de saint Nicodème l'Hagiorite (p. Gheorghios Chrysostomou) et des startsi d'Optina. Cela a permis à des intellectuels, des écrivains et des artistes de trouver ou de retrouver la foi en Christ.

Le discernement est le cœur du charisme de la paternité spirituelle. Et l'ouverture du cœur, la confession des pensées, est le chemin de ce discernement: cette pratique porte le disciple à une connaissance de soi lucide et à l'humilité authentique. Ce n'est certes pas sans raison qu'elle est toujours tenue en grande estime par plusieurs pères spirituels contemporains, comme le patriarche Pavle de Belgrade (p. David Perovi).

Mais pour celui qui l'exerce, le ministère du père spirituel est aussi une croix. Saint Benoît et saint Jean Climaque rappellent que le père spirituel doit aller jusqu'à donner sa vie pour ses enfants spirituels(p. Michel Van Parys et p. Damaskinos Gavalas). Il portera le fardeau de leurs péchés, il soignera les maladies et les passions de l'âme: il se fera tout à tous, reprenant les fautes et les vices, tout en aimant ardemment ses enfants spirituels.

Une question fondamentale a été posée au cours du Colloque de Bose: celle du lien entre les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, chrismation, eucharistie), ainsi que le sacrement de la confession, et la paternité spirituelle. Ce rapport, potentiellement conflictuel, s'est souvent harmonisé au cours de l'histoire de l'Église par l'identification de la direction spirituelle avec la confession sacramentelle (Olivier Delouis).

Le père spirituel, alors, n'est autre que celui qui se dépossède, qui se vide de tout pour ses fils; il est le père kénotique, l'humble amour. Et aujourd'hui encore, comme l'a souligné p. Michel Van Parys dans les Conclusions qu'il a lues a nom du comité scientifique du Colloque, le père spirituel est appelé à manifester ces deux qualités profondément humaines et chrétiennes: se montrer homme d'une haute spiritualité et d'une humanité très chaleureuse. (information plus complète : monastère de Bose)

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