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du 8 au 11 octobre 2008 (semaine 41)
 

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2008-10-11 -
LA GUERRE RUSSO-GÉORGIENNE ET LES ÉGLISES

Le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe a rejeté le 6 octobre la demande d'adhésion des Eglises orthodoxes ossète et abkhaze, qui souhaitent se retirer de l'Eglise orthodoxe géorgienne. Mais cette réponse révèle bien d'autres questions.

Selon les informations recueillies par le quotidien Kommersant, si l
'organe suprême de l'Eglise russe a ainsi ouvertement soutenu le patriarcat de Géorgie, c'est qu'existe par ailleurs la crainte de perdre son unique allié dans la lutte pour l'influence sur des Églises qui souhaitent devenir autonomes aussi bien sur le territoire de la CEI (Communauté des Etats indépendants), qu'en Ukraine ou en Estonie.

L'été dernier, au moment de l'aggravation de la situation dans le Caucase du Nord, les représentants de ces deux Églises caucasiennes avaient exprimé leur volonté de cesser d'être rattachés à l'Eglise orthodoxe géorgienne et d'entrer en tant qu'organisations autonomes au sein de l'Eglise orthodoxe russe. Ainsi, l'évêque du diocèse de Soukhoumi et d'Abkhazie, Vissarion Aplia, exprimait le regret que l'indépendance non reconnue des deux républiques soit le principal obstacle au règlement de ce problème, bien que l'Eglise abkhaze ait déjà adressé à plusieurs reprises une demande appropriée au Patriarcat de Moscou.

Le P. Vsevolod Tchapline, vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a expliqué le 6 octobre la position de l'Eglise à cet égard. "Les décisions politiques n'ont pas d'impact sur les questions de juridiction ecclésiale. Cette question doit être réglée par la voie d'un dialogue entre les deux Eglises", a-t-il affirmé.

Selon le théologien Andreï Kouraïev, cette question se révèle être politique, et la position de l'Eglise orthodoxe russe diffère de celle du Kremlin: l'EOR n'a aucun intérêt à se brouiller avec l'Eglise géorgienne.

Le 6 octobre, le Saint Synode a examiné la question de la participation de la délégation russe au sommet des chefs des Eglises orthodoxes, prévu pour fin octobre à Constantinople. L'EOR envisage de lancer un ultimatum: le Patriarche Alexis y participera à condition que le sommet renonce à y inviter l'Eglise estonienne. "Le Patriarcat de Moscou a été dépossédé de la plupart de ses églises en Estonie. Et c'est assez paradoxal, car c'est une Eglise "inventée" par le patriarcat oecuménique qui poursuit son expansion", indique le P. Vladimir Viguilianski, porte-parole du Patriarcat de Moscou.

"Le problème avec l'Estonie est évident pour tout le monde, mais en coulisses, c'est des énormes difficultés existant en Ukraine dont il est question", raconte Andreï Kouraïev. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, en s'appuyant sur le Patriarcat de Constantinople, tente de créer une Eglise orthodoxe ukrainienne sans la participation de l'EOR.

"La Roumanie menace elle aussi de créer son propre diocèse en Ukraine. Les Grecs s'alignent sur Constantinople et les Serbes soutiennent les Grecs", explique Andreï Kouraïev.

Selon lui, la direction de l'EOR craint de perdre son influence dans d'autres pays de la CEI et ne veut pas se séparer "d'un allié presque unique, à savoir l'Eglise géorgienne", dont la voix sera importante dans les querelles d'influence avec Constantinople. (source : RIA-Novosti)

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