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du 8 au 10 octobre 2008 (semaine 41)
 

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2008-10-10 - Synode des évêques
L'ÉGLISE ET LA PAROLE DE DIEU EN AFRIQUE

Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d'Abuja (NIGÉRIA)

" Au cours de ma brève présentation, j’ai décidé de suivre la division tripartite du thème du Synode, que nous trouvons à la fois dans les Grandes lignes et dans le Document de travail, à savoir: (a) la Parole de Dieu en Afrique (b) la Parole de Dieu dans la vie de l’Église en Afrique, et (c) la Parole de Dieu dans la mission de l’Église en Afrique."

..." La Parole de Dieu est le dialogue de Dieu avec toute l’humanité, qui s’adresse à tous les êtres humains en tous temps et en tous lieux. Le Synode africain a finalement et définitivement réhabilité la religion traditionnelle africaine et ses cultures en reconnaissant, dans un document officiel et qui fait autorité, que la religion africaine traditionnelle est une foi monothéiste (EIA 7) qui croit et vénère le vrai Dieu unique, “le Créateur” (EIA 57). C’est ce même Dieu qui n’est jamais resté inconnu à celui qui le recherche avec un cœur sincère (LG 15). Bien sûr, à cause des imperfections humaines, ce Dieu est souvent approché par des images et des reflets confus. Mais la vérité fondamentale est que l’Être Suprême, Créateur du ciel et de la terre est l’objet du culte et des prières de notre religion africaine traditionnelle. Les normes fondamentales de moralité dans ces religions, aussi imparfaites qu’elles puissent être, reflètent des rayons de “la lumière qui éclaire tout homme” (Jn 1, 9). Tout cela n’a pas été en dehors de la grâce de Dieu, ainsi que le Concile Vatican II l’affirme clairement (LG 15). "

..." Je crois qu’il est important de le reconnaître si nous voulons expliquer comment la foi chrétienne s’est répandue si rapidement sur le continent africain, au cours du siècle dernier, “une merveille de la grâce de Dieu” (EIA 33). Mon défunt père, qui fut un des premiers à embrasser le christianisme dans notre village vers 1920, m’a clairement expliqué que lorsqu’il devint chrétien, il n’adopta pas un nouveau Dieu. C’était le même Olorun l’Être Suprême Yoruba, qu’il connaissait déjà dans la religion traditionnelle. C’est sur cette base qu’il bâtit sa foi chrétienne, par la grâce de Dieu, et grâce à la prédication de l’Évangile par les missionnaires. Ainsi, même sur ce que l’on appelle le continent noir, la lumière de la Parole éternelle de Dieu ne fut jamais absente."

" L’Afrique dans les Saintes Écritures: La Parole de Dieu a également la signification spécifique d’écritures inspirées qui racontent l’histoire du peuple de Dieu à la fois dans l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Dans cette histoire divine, le continent africain a toujours été très présent. Dès le commencement, le Patriarche Abraham dut se réfugier en Égypte (Gn 12, 10-20). Nous ne devrions pas oublier non plus que l’Égypte devint de manière providentielle l’“incubateur” du peuple d’Israël."

..." Lors de la passion, l’Africain Simon de Cyrène aida Jésus à porter la croix (Mc 15, 21). Le jour de Pentecôte, de nombreux pèlerins venaient d’Afrique, “d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène” (Ac 2, 10). L’eunuque éthiopien (Ac 8, 26-39) fut l’un des premiers à rapporter le message chrétien dans son pays, au plus profond du cœur de l’Afrique. Il n’y a donc rien d’étonnant que certains des premiers centres de christianisme, aussi bien en termes de théologie et de théologiens que de martyrs et de confesseurs, se trouvent en Afrique du Nord - Alexandrie, Carthage et Hippone pour n’en mentionner que quelques-uns. Tout cela est clairement souligné et célébré dans l’Exhortation post-synodale de Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n. 31"

..." Le texte de l’Écriture lui-même peut représenter un véritable problème dans certains lieux. Dans de nombreux pays du monde, le coût d’une Bible peut être tout à fait minime, alors que dans certaines régions d’Afrique, il représente parfois un salaire mensuel. Il en résulte que beaucoup n’ont pas assez d’argent pour posséder une Bible. Des efforts ont été faits pour imprimer des textes de la Bible à des prix abordables. À cet égard, on peut saluer le travail de nos frères protestants qui en ont fait une priorité de leur apostolat. Dans de nombreuses régions, l’Église catholique s’est associée à d’autres chrétiens en particulier dans le cadre de la Société Biblique. Cette collaboration s’avère très fructueuse."

..." Si la Parole de Dieu doit être communiquée, comme Dieu en a donné le mandat, nous ne pouvons pas ignorer ce qui est en train d’advenir dans le domaine des nouvelles technologies de la communication. Malheureusement le fossé technologique s’élargit quotidiennement entre les pays riches et les pays pauvres. Mais la bonne nouvelle, c’est que ces technologies elles-mêmes sont en train de combler ce fossé de diverses manières. Les téléphones portables et Internet sont désormais disponibles même dans des régions reculées sans électricité et sans téléphone. Les possibilités de diffuser la Parole de Dieu vont au-delà de ce que l’on peut imaginer. Dans de nombreuses régions d’Afrique ont vu le jour des programmes et des projets novateurs pour répandre le message des Écritures au-delà des textes et des livres traditionnels. Il y a là un besoin urgent d’une solidarité mondiale et d’un partage des ressources."

... " Les Églises coptes d’Égypte et d’Éthiopie partagent la même richesse de fondement des Écritures que d’autres Églises orientales et de rites orientaux. 2. Toutefois, aujourd’hui, l’attention est davantage fixée sur les Églises plus récentes de l’Afrique sub-saharienne. Même si l’Église catholique établie dans certaines régions d’Afrique au XVème siècle a vécu sans interruption pendant 500 ans dans certains pays comme le Mozambique ou l’Angola, sur la majeure partie du continent africain l’Église est aujourd’hui le fruit d’une évangélisation plus récente, datant principalement du XXème siècle,"

... "Tout d’abord, l’Afrique est encore un continent de première évangélisation. Des statistiques récentes indiquent encore un pourcentage de catholiques en Afrique se situant autour de 14% (EIA 38). Il y a donc beaucoup à moissonner (EIA 74). La tâche de la première évangélisation exige bien sûr que la Parole de Dieu soit annoncée et proclamée avec toute sa puissance et sa vigueur. Cela requiert que les Écritures soient correctement présentées à ceux qui sont invités à accepter le message chrétien. La catéchèse avec laquelle nous entreprenons la première évangélisation s’est enracinée de plus en plus dans les Saintes Écritures, conformément aux directives du Directoire général pour la catéchèse et également selon l’exemple du Catéchisme de l’Église catholique."

... " L’Église a une mission envers ceux qui n’appartiennent pas à son troupeau. Nous commencerons tout d’abord par les autres chrétiens qui n’appartiennent pas à notre Église. Nous avons eu l’occasion de mentionner notre coopération sur une base œcuménique dans les productions de Bibles et dans le travail de traduction. Nous avons observé avec une grande joie et pour la plus grande gloire de Dieu qu’une plus grande connaissance des Saintes Écritures de la part des catholiques nous a rapprochés de nos frères d’autres traditions chrétiennes pour lesquelles l’Écriture est souvent la principale et parfois la seule source d’orientation dans la vie chrétienne."

..." L’Afrique est malheureusement la décharge de toutes les idées folles venant d’autres continents, notamment les affirmations selon lesquelles notre Église ne “respecterait” pas la Bible et ne pourrait donc pas être réellement considérée comme catholique. Un grand nombre de nos fidèles sont souvent gênés par les attaques et le harcèlement de tels groupes, en particulier lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes bien préparés à défendre leur position de catholique. Beaucoup d’entre eux ont toutefois saisi l’occasion de prendre les Écritures plus au sérieux pour pouvoir justement défendre leur origine quand d’autres attaquent leurs personnes et leur Église. Quoi qu’il en soit, il me semble que, dans l’ensemble, le contact avec nos frères protestants en Afrique se développe de façon positive."

..." Nous avons déjà parlé des fidèles de la religion africaine traditionnelle et des nombreuses vérités et valeurs qu’ils partagent avec notre foi chrétienne. Mon expérience est que les disciples de la religion africaine traditionnelle écoutent de bon gré les récits bibliques et accueillent souvent une bonne partie de leur message."

" Dans une certaine mesure, on peut dire la même chose des musulmans qui considèrent fondamentalement Jésus au moins comme un prophète. Ils parlent de l’“Évangile”, même si ce n’est pas forcément le même Évangile que nous lisons. Mais le fait que Dieu nous a parlé à travers ses prophètes est fondamentalement reconnu et, par conséquent, le respect de notre Texte sacré est généralement admis. De plus, une grande partie du Coran ayant des parallèles avec les Saintes Écritures, et descendant parfois de celles-ci, un discours commun peut être engagé avec nos frères et sœurs musulmans sur de nombreuses questions. Le drame est toutefois que peu de choses sont faites dans cette direction, en particulier parce que les rivalités entre chrétiens et musulmans se concentrent très souvent sur nos différences plutôt que sur tout ce que nous avons en commun."

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