Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 8 au 10 octobre 2008 (semaine 41)
 

-
2008-10-10 - Synode des évêques
LA PAROLE DE DIEU ET L'ÉGLISE EN EUROPE

Le cardinal Josip BOZANIC, Archevêque de Zagreb (CROATIE)

..." Le Saint-Père Benoît XVI, rencontrant au mois de septembre dernier le monde de la culture au Collège des Bernardins, à Paris, concluait ainsi son discours: “Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable”."

... "Si nous considérons l’Europe d’un point de vue géographique, il est difficile de la délimiter, de définir ses frontières, surtout avec l’Est et le Sud-est. Si nous considérons ensuite l’Europe sous l’angle de la politique et des visions qui la sous-tendent, nous nous trouvons face à la même difficulté, parce que l’héritage européen est bien plus vaste que les organisations politiques pour vivre ensemble dans un lieu déterminé."

"
Il est évident que le processus de christianisation a uni les éléments déterminants du tissu européen, mais la christianisation signifie, simplement, l’annonce de la Parole de Dieu qui peut éclairer les différents aspects de la vie des hommes. Certes, au cours de son évolution historique, l’Europe n’a pas été marquée seulement par le christianisme. Toutefois, on peut affirmer à juste titre que l’Europe est née grâce au christianisme et que l’Église a contribué à la construction de l’Europe, grâce à l’engagement inlassable des annonciateurs du salut du Christ, comme l’attestent de manière exemplaire les saints Patrons Benoît, Cyrille et Méthode."

..."
Tout ce qui a rendu grande la culture européenne et sa civilisation – l’Europe aux mille cathédrales, l’Europe gardienne des trésors de l’art, de la littérature et de la musique chrétienne, l’Europe qui a su, par la force impétueuse de la charité chrétienne, exprimer des signes concrets de solidarité et de service aux pauvres – a son point de départ dans la Bible. Des thèmes tels que la dignité de la personne, la reconnaissance des droits de l’homme, la séparation entre l’Église et l’État – pour ne citer que quelques exemples - trouvent leur source dans la Bible. La justice sociale, le droit, la critique de tout type d’idolâtrie, le rejet des fausses images de Dieu, ont leur fondement dans la Bible. La Bible unit l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud du continent et les différentes Églises et communautés chrétiennes."

..."
Il peut être utile de lire le rapport entre la Parole de Dieu et l’Europe en se basant sur le plan de l’Instrument de travail, dont la structure est tripartite: Le mystère de Dieu qui nous parle - La Parole de Dieu dans la vie de l’Église - La Parole de Dieu dans la mission de l’Église. Cette articulation thématique offre des contenus et des méthodes en vue d’un itinéraire qui, appliqué à la réalité européenne, peut certainement favoriser une prise de conscience renouvelée de la centralité de la Parole dans la vie de nos communautés. J’essayerai de suivre un parcours en trois étapes: révélation - interprétation - célébration, toutes centrées sur la pratique de la Lectio divina."

... " une question se pose: comment interpréter les divergences d’opinion au sein de l’Église, les conflits entre les peuples; et comment aborder la question de la marginalisation culturelle du christianisme, de la recherche de liberté en dehors de la présence de Dieu. Or, si le christianisme est le principe fondateur qui embrasse et unifie l’Europe, nous devrons reconnaître l’action de Dieu qui se révèle aussi bien dans nos égarements, dans nos discordes et nos conflits que dans la communion, dans le respect et dans l’altruisme. Aussi sommes-nous sollicités à un christianisme qui ne se laisse pas impliquer dans le jeu de la politique et de l’économie, jusqu’à en devenir méconnaissable. Les chrétiens en Europe devraient assumer leur responsabilité et faire en sorte qu’il n’y ait pas une lecture exclusivement politique et économique des événements ."

..."
L’Europe vit sa crise d’identité à chacun des trois niveaux considérés. Il semble qu’elle veuille fuir le Dieu révélé et soit en train de chercher la source de son identité en se refermant dans l’humanum, concept intentionnellement vague. Quand l’homme n’écoute pas ce que Dieu dit, il commence immanquablement à parler à sa place mais, au fond de ce discours, c’est la peur qui se cache. L’Europe sans Dieu risque de devenir un nid de préoccupations et de construire une civilisation de la peur. La Parole de Dieu rend l’espérance et la joie."

..."
Puisque je viens de Zagreb, de Croatie, où nous avons célébré au cours de ces derniers jours les dix ans de la béatification du Cardinal Alojzije Stepinac, je désire ajouter encore une réflexion Le concernant... Nous qui provenons de cette partie d’Europe qui a été dominée par différents régimes dictatoriaux, dont le dernier a été le communisme, nous avons compris que les pasteurs et les fidèles ont pu résister face aux cruautés et aux horreurs des idéologies seulement en faisant confiance à la Parole de Dieu."

..."
Refaire siens la mémoire et l’héritage chrétiens – en tirant profit des générations passées – cela signifie donc, pour nous en tant qu’européens, revenir aux racines de notre identité historique en puisant à la source vive de la Parole de Dieu. Comme européens, la profession de foi, nourrie par l’écoute de la Parole et par l’expérience ecclésiale, doit se proposer comme témoignage qui provoque tout un chacun, croyants et non croyants – pour reprendre le souhait avec lequel Jean-Paul II concluait l’Exhortation Apostolique Ecclesia in Europa – “ tracer des chemins toujours nouveaux qui ouvrent sur l’ “Europe de l’Esprit”, pour en faire une véritable “maison commune” où l’on trouve la joie de vivre” (Ecclesia in Europa, 121).

Retour au Synode
Retour aux dépèches