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2008-10-10 - Synode des évêques
9ème CONGRÉGATION GÉNÉRALE
10 octobre après-midi
= Mgr Cornelius Fontem ESUA, Archevêque de Bamenda (CAMÉROUN)
L’Église qui est au Cameroun, comme toutes les jeunes Églises qui sont en Afrique connaît une forte croissance. Il est urgent pour nous d’approfondir la foi des néophytes, en particulier les jeunes qui deviennent victimes du matérialisme, de la sécularisation et du relativisme. Bon nombre d’entre eux sont retombés dans la pratique de la religion africaine traditionnelle parce que le christianisme ne semble pas répondre à toutes leurs questions, notamment en période de crises. De plus, la religion africaine traditionnelle et les structures familiales traditionnelles sur lesquelles la religion se base sont en train de s’écrouler. Certains chrétiens trouvent refuge dans des sociétés secrètes, des sectes et de nouveaux mouvements religieux, en espérant trouver en eux la sécurité et les réponses aux questions les plus profondes de la vie.
Il est aussi urgent d’inculturer la foi chrétienne et de dialoguer avec la religion africaine traditionnelle. Pour une inculturation efficace, la Parole de Dieu devrait être profondément enracinée dans les coeurs des personnes et être comme une seconde chair pour eux.... Il serait souhaitable de donner une formation biblique à tous les fidèles, notamment aux jeunes, et cela, non seulement dans les instituts spécialisés mais aussi à l’aide de conférences bibliques régulières et de congrès sur la Bible de manière à les rendre plus conscients de l’importance de la Parole de Dieu dans leurs vies... Un institut biblique devrait être établi en Afrique de manière à promouvoir des recherches bibliques dans le cadre de l’Église en Afrique.
= Mgr Francis DENIAU, Évêque de Nevers (FRANCE)
En parlant du peuple juif comme de nos frères aînés, Jean-Paul II nous situe comme des frères, appartenant à la même génération. Nous sommes « héritiers en indivis » (Jean-Marie Lustiger) d'un même héritage, l'ancien Testament. Nous le lisons différemment. Pour les Juifs, à travers la Torah orale (mise par écrit dans le Talmud, mais qui se poursuit dans la multiplicité des interprétations). Pour nous à travers le nouveau Testament et la Tradition chrétienne (sans oublier que la tradition orale, chez nous aussi, précède la mise par écrit) en insistant sur l'unité des deux Testaments, autour de la figure du Christ Jésus.
Points d'attention: que notre lecture de l'AT laisse place à la lecture juive ; que notre lecture du NT ne génère pas d'antisémitisme; parler des Juifs non au passé mais au présent; revisiter la notion d'accomplissement ; souligner la dimension d'attente eschatologique commune aux Juifs et aux Chrétiens même si elle est différente; être attentifs à la mission universelle présente dans la tradition juive; même si le «non» des Juifs à Jésus nous blesse, chercher à percevoir ce que les Juifs y mettent de fidélité à Dieu et à leur propre vocation; approfondir l'étude de Romains 9 -11.
= S.Exc. Mgr Antonio MENEGAZZO, M.C.C.J., Évêque titulaire de Mesarfelta, El Obeid (SOUDAN)
Nos chrétiens attendent de cette Assemblée une aide afin d’atteindre plus facilement la Parole de Dieu, c’est-à-dire rendre plus accessible la Bible à toutes les classes de la population, surtout grâce à sa traduction dans les langues des différentes tribus... La Parole de Dieu n’a pas pénétré profondément dans le coeur et dans l’esprit de nos chrétiens : ils ne sont pas encore parvenus à changer complètement de mentalité : leur culture n’a pas été purifiée complètement par la Parole de Dieu. Bien des fois, ils sont incapables de trouver une solution à leurs problèmes et recourent encore, avec une certaine facilité, à leurs antiques coutumes.
Le degré d’ignorance est plutôt élevé et bien des fois Dieu leur parle dans une langue incompréhensible. En outre, la Bible a été traduite seulement en quelques langues des nombreuses tribus existantes. ... Nous devons faire face à un autre grand défi pour la Justice et la Paix, et le pardon et la réconciliation après 21 ans de guerre civile entre le Nord et le Sud du pays, après tant de haine, d’injustices et de souffrances. Même après l’accord de paix entre le Nord et le Sud, la situation n’est pas pour autant devenue claire et encourageante. Et n’oublions pas la guerre au Darfour qui se poursuit sans aucun signe d’amélioration de la situation. Nous sommes convaincus que la solution pour un avenir de paix, on ne pourra la trouver que dans la fidélité à Dieu et à sa Parole. De nombreux chrétiens ne peuvent recevoir la Parole de Dieu et l’Eucharistie que rarement, peut-être quelques fois par an. Un surcroît d’esprit missionnaire de tout le clergé serait nécessaire tout comme plus de générosité de la part des pays riches de clergé afin d’aider ceux qui se trouvent dans le besoin.
= Mgr Raymondo DAMASCENO ASSIS, Président du Conseil Épiscopal Latinoaméricain (C.E.L.AM.) (BRÉSIL)
Le Concile Vatican II fit une affirmation apparemment évidente, mais qui ne l’était pas autant en pratique, ouvrant ainsi un vaste horizon. Il affirma que l’Écriture Sainte, la Parole de Dieu écrite “sous l'inspiration du Saint-Esprit” (DV 11) est “comme l’âme de la sainte théologie” (DV 24), ainsi que “le soutien et la vigueur de l’Église, et, pour les fils de l’Église, comme la solidité de la foi, la nourriture de l’âme, la source pure et intarissable de la vie spirituelle” (DV 21). Cette dernière affirmation a pris corps durant la Ve Conférence Générale des Évêques d’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenue l’année dernière à Aparecida, quand on a proposé explicitement un changement de perspectives consistant à passer d’une pastorale biblique à “une animation biblique de toute la pastorale” (DA 248). ... Tout en ne renonçant pas au niveau élevé des études bibliques demandées à un futur pasteur, nous ne pouvons pas oublier que son travail se déroulera d’abord et avant tout dans la communauté ecclésiale. Ceci rend par ailleurs nécessaire et urgente une préparation qui soit scrupuleuse afin de pouvoir réaliser une “animation biblique de la pastorale” adéquate, sans perdre de vue que le don de la Parole prophétique requiert, de par sa nature, des ministres qui soient des pédagogues de la foi et qui sachent mettre “au début” de chaque activité de l’Église la graine vivante et vivifiante de la Parole Sacrée.
= Mgr Lucio Andrice MUANDULA, Évêque de Xai-Xai (MOZAMBIQUE)
En reprenant le rappel diligent de Jean-Paul II à l’humanité: “Vous tous les peuples, ouvrez les portes au Christ! Son Évangile n’enlève rien à la liberté de l’homme, au respect dû aux cultures, à ce qui est bon en toute religion” (RM 3), et en considérant que le premier but du Synode est de se consacrer au thème de la Parole avec laquelle “Dieu, qui est invisible (cf. Col 1,15 ; 1 Tm 1,17 ), s’adresse aux hommes comme à des amis (cf. Ez 33,11 ; Jn 15,14-15), et converse avec eux (cf. Ba 3,38) pour les inviter à entrer en communion avec lui” (DV 2)” (IL n°4), il nous semble que la plus grande contribution que cette Assemblée synodale pourrait offrir à l’Église serait de récupérer l’importance de la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église.
Tous les fidèles ne connaissent pas la Parole de Dieu et il est urgent qu’ils soient initiés et encouragés à la lecture et à la méditation plus fréquente de la Bible. L’écoute de la Parole de Dieu dans le cadre des célébrations eucharistiques ne parvient pas à satisfaire, en effet, ce que la Dei Verbum recommande: “Il faut que l‘accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux chrétiens” (DV 22). Il faut donc que toute l’Église s’engage dans une pastorale biblique d’ensemble qui permette à chaque famille chrétienne non seulement de disposer de la Parole de Dieu, traduite dans sa propre langue, mais aussi de pouvoir accéder à sa signification la plus élémentaire, de manière à ce que le véritable contenu de la Parole salvifique de Dieu, Jésus Christ, le Verbe incarné, puisse être transmis aux enfants, de génération en génération.
= Mgr Ramzi GARMOU, Archevêque de Téhéran des Chaldéens (IRAN)
Toute la Bible, depuis le livre de la Genèse jusqu’à celui de l’Apocalypse, nous dit que la fidélité à la Parole de Dieu conduit à la persécution. Le premier persécuté par excellence est Jésus lui-même, qui a connu la persécution dès les premiers jours de sa naissance et jusqu’à sa mort sur la croix. Selon l’évangile, la persécution est considérée comme le signe le plus éloquent de la fidélité à la Parole de Dieu. La croissance de l’Église et son propres chemin de l’évangélisation des peuples est fruit de la persécution qu’elle a subie en tous les lieux et en tous les temps. Jésus, dans l’évangile, nous parle avec beaucoup de clarté de la persécution (Lc 21, 12-19). Prions l’Esprit Saint, afin qu’Il donne à l’Église du troisième millénaire et en cette année de saint Paul, la grâce et la joie de faire une réelle expérience de la persécution à cause de sa fidélité à la Parole de Dieu.
= Mgr Fidèle AGBATCHI, Archevêque de Parakou (BÉNIN)
Lorsque le Verbe se fait chair, il entre dans la culture humaine, il s'inculture. Ce faisant il agit sur décision libre, basé sur l' Amour qui devra nous valoir le salut de Dieu. L'inculturation ne revient donc pas seulement à une certaine pratique liée à l' apostolat ou à la liturgie, mais surtout à une initiative aimante de Dieu pour sauver l 'homme tombé dans le péché. Le tout premier à accomplir l’Inculturation dans sa forme la plus parfaite est donc Jésus-Christ, inculturation personnalisée.... La culture humaine ne reste pas sans subir l'influence du Verbe qui vient en elle. Le Verbe propose et imprime son influence divine, ce qui suppose que la culture s' ouvre pour accueillir cette inf1uence et y gagner quelque chose de la divinité.
Comme l'Incarnation est l'avenir du monde, ainsi l'Inculturation est l'avenir de toute forme d'apostolat, qu'il soit biblique, kérygmatique ou sacramentel. Que le kérygme aujourd'hui se revête de la même teinte eschatologique que dans les débuts de l'Église. L'avenir de la foi est au ciel, mais le ciel est déjà sur la terre avec le salut en Jésus-Christ Que cela soit enseigné et vécu.- Que la méthode de l'Inculturation s'inscrive en droite ligne avec le mouvement enclenché par le Verbe dans l'Incarnation, lui que nous avons appelé l'Inculturation personnifiée.
= Mgr Dionisio LACHOVICZ, O.S.B.M., Évêque titulaire de Egnazia, Évêque de curie de Kyïv-Haly (UKRAINE)
Le Concile Vatican II affirme que la Parole et l’Eucharistie constituent “un seul acte de culte” (SC 56). En résumé, on affirme l’unité intime entre la Parole et le Baptême ainsi qu’entre la Parole et l’Eucharistie. Les termes ainsi posés, il devient difficile de comprendre du point de vue de l’oecuménisme pourquoi on ne peut pas célébrer le sacrement de l’Eucharistie avec les orthodoxes (par exemple), alors qu’on peut célébrer avec eux le sacrement de la Parole de Dieu et avoir en commun le Baptême. Si cette unité existe entre la Parole, le Baptême et l’Eucharistie, pourquoi nier la communion eucharistique ?... Nous avons fait en Ukraine une traduction oecuménique de la Bible avec la collaboration des orthodoxes et des protestants, mais nous ne pouvons ni prier ni célébrer ensemble.
Il me semble que l’on coure également le risque d’instrumentaliser la Parole de Dieu. Elle peut devenir un “instrument” de discussion, d’étude, de dialogue, de rencontre, voire de prière en commun, mais elle reste superficielle, elle n’a pas la force de changer, elle ne mène pas au mystère commun de la célébration de la Parole, elle ne devient pas chair, autrement dit ne s’incarne pas dans la vie de la personne et de son Église. On peut connaître par coeur toute la Bible, en parler en toute compétence, mais rester en dehors d’elle, ne pas s’en nourrir, ne pas être incorporé dans le Christ, ne pas être baptisé dans le Christ.
= Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque Métropolite d'Addis Abeba, (ÉTHIOPIE)
La Parole de Dieu a été la source de la littérature éthiopienne. La Bible a été traduite en éthiopien entre le IVe et le VIe siècle.Certains livres sont conservés dans leur totalité seulement en éthiopien classique et certaines parties du canon biblique éthiopien sont précieuses pour les études bibliques.
La Société Biblique éthiopienne a actuellement beaucoup à faire pour la traduction de la Bible dans les langues locales et régionales (y compris avec des cassettes, des CD, un appareil appelé “Proclaimer” qui fonctionne même à l’énergie solaire).
Cours biblique à distance: organisé par l’Archidiocèse d’Addis Abeba. Près de 3.500 fidèles d’Addis Abeba et des environs participent à ce cours. L’Archidiocèse propose également un cours biblique annuel qui se déroule tous les samedis dans la Cathédrale de la Nativité de Notre-Dame, à Addis Abeba.
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