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du 12 au 15 octobre 2008 (semaine 42)
 

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2008-10-15 - RD Congo
LA VIOLENCE NE PEUT RÉSOUDRE LES PROBLÈMES.


Le 13 octobre, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) s'est déclarée "profondément préoccupée par la reprise des hostilités à l’Est et au Nord-Est du Congo" qui "sèment de nouveau la désolation et le deuil dans le pays".

Dans cette déclaration intitulée "Encore le sang des innocents en RD Congo !", les évêques congolais lancent un appel angoissé "Jusqu'à quand notre terre doit-elle continuer à s’abreuver du sang de ses fils et filles ?" La CENCO condamne avec véhémence "cette manière ignoble de considérer la guerre comme un moyen pour résoudre des problèmes ou assouvir des ambitions inavouées".

Les évêques congolais ne mentionnent pas explicitement les combats au Nord-Kivu, où l'armée congolaise affronte depuis fin août la rébellion de Laurent Nkunda, un chef de guerre tutsi qui est à la tête du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ces actes de guerre sont une violation flagrante du cessez-le-feu consécutif à l'Accord de paix de Goma, signé par les différentes parties au conflit en janvier 2008.

Rappelons que le mercredi 8 octobre, la République démocratique du Congo (RDC) a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU suite aux combats dans l'Est de son territoire, accusant le Rwanda de se préparer à attaquer Goma, le pays voisin ayant massé des troupes dans la ville rwandaise de Gisenyi, jumelle de Goma.


La CENCO souligne que les conséquences de la reprise des hostilités sont énormes: "encore des milliers de morts, des populations condamnées à l’errance dans des conditions inhumaines, des enlèvements d’enfants et leur enrôlement de force dans des groupes armés".

Les évêques dénoncent ce nouveau "drame humanitaire qui se déroule sous nos yeux et qui ne peut laisser personne dans l’indifférence". Ils se demandent pourquoi assiste-t-on à une reprise des hostilités alors que des avancées significatives ont été réalisées avec la signature de l’Acte d’engagement de Goma ?

La CENCO condamne "de la manière la plus absolue, le recrutement des enfants aux fins de les impliquer de force dans les
hostilités". Elle désapprouve en outre fermement la prise en otage de la population civile et son utilisation comme bouclier humain.


La CENCO craint que ces guerres récurrentes dans la région de l’Est et du Nord-Est ne deviennent un paravent pour couvrir le pillage des ressources naturelles. "Car on se bat là où il y a des richesses que l’on exploite et voudrait continuer à exploiter illégalement". La Conférence épiscopale craint également que ces guerres ne soient une manière, à peine voilée, de concrétiser le plan de balkanisation du pays par la création d'"Etats nains". Elle insiste donc pour dire que l’intégrité territoriale, l’intangibilité des frontières et l’unité nationale de la RD Congo "ne sont pas négociables".

Finalement, les évêques catholiques de la RDC exhortent les autorités légitimes du pays à considérer comme priorité des priorités la tâche urgente du rétablissement total de la paix dans le pays et de la sauvegarde de son unité "par la constitution d’une armée républicaine à même de protéger ses frontières et sa population".

Ils disent prendre à cœur de travailler à restaurer l’autorité de l’Etat, à faire respecter les institutions issues des élections et l’Acte d’engagement de Goma. "Le peuple jugera ses gouvernants sur leur capacité à donner une réponse pertinente et définitive à ces grands défis".

" La paix, en effet, n’est pas simplement l’absence de guerre ni même un équilibre stable entre les forces adverses, mais elle se
fonde sur une conception correcte de la personne humaine et requiert l’édification d’un ordre social selon la justice et la charité".
C’est, concluent-ils, le sens de la paix que le Christ a laissée à ses disciples: "je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). (source : Apic et CENCO)

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