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du 12 au 15 octobre 2008 (semaine 42)
 

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2008-10-15 - Synode des évêques
15ème CONGRÉGATION GÉNÉRALE
14 octobre après-midi

Voici des extraits de quelques interventions, transmis par Vatican Information Service - VIS :

== Le Cardinal Antonio María ROUCO VARELA, Archevêque de Madrid (Espagne).

"Faire en sorte que la Parole de Dieu soit ferment de la culture moderne suppose qu'un de ses principaux traits caractéristiques soit pris en considération, spécialement dans le contexte euro-américain, à savoir: la conception immanentiste de l'homme et du monde, sans aucune référence, ni explicite ni implicite, à Dieu créateur et rédempteur de l'homme. Une caractéristique que l'on remarque particulièrement dans la culture socio-politique et juridique...

La post-modernité a aggravé la conception moderne de l'homme, de la société et de l'ordre politico-juridique dans ses aspects les plus négatifs, ouvrant la voie au nihilisme existentiel et à la dictature du relativisme éthique. Le traitement légal réservé au droit à la vie, comme si l'Etat pouvait en disposer d'une manière illimitée, en constitue une preuve éloquente. Une réponse culturelle de l'Evangile s'avère donc urgente, qui, dans un dialogue sincère entre foi et raison, manifeste dans la vie publique la vérité de Dieu créateur et rédempteur de l'homme: du Dieu  qui est amour. Les laïcs doivent en être les protagonistes les plus actifs".

== Mgr. Jean Gaspard MUDISO MUND'LA, Evêque de Kenge (République démocratique du Congo).

"Mon intervention concerne l'apostolat biblique, précisément la préparation ou formation des futurs prêtres à l'apostolat biblique comme discipline académique dans les séminaires et maisons de formation religieuse... Si la Parole de Dieu doit inspirer toute la pastorale de l'Eglise, il nous faut repenser ou revoir la formation des grands séminaires et des maisons religieuses. Car la Parole de Dieu n'est pas et ne peut pas être une matière d'enseignement comme une autre, au même titre que les autres... L'apostolat biblique...veut aider le croyant à rencontrer son Seigneur qui s'adresse à lui et l'interpelle dans le concret de sa vie. Ce cours pourrait avoir cette double finalité: éveiller chez le séminariste une forte prise de conscience des Ecritures comme Parole de Dieu, source de la vie chrétienne et instrument du ministère pastoral; aider le séminariste à traduire ses connaissances des Ecritures dans sa situation quotidienne de vie".

== Evêque MARK, du Patriarcat de Moscou et de toutes les Russies.

"L'Eglise orthodoxe considère qu'il est important que les Ecritures soient accessibles à tous. La lecture de la Bible à l'Eglise pendant les fonctions liturgiques, cependant, représente le mode d'écoute le plus valable. Facilité d'accès des textes bibliques et respect de la tradition sont deux piliers pour la compréhension des Saintes Ecritures. La théologie orthodoxe ne renonce pas à de nouvelles études sur les textes sacrés. Nous considérons toutefois que l'interprétation des textes bibliques est strictement liée aux explications que les Pères de l'Eglise nous ont laissées. La fidélité à la tradition est la voie la plus sûre qui nous aide à ne pas nous perdre dans la multiplicité des opinions".

== SB ARMASH, Evêque arménien apostolique de Damas.

"La Parole de Dieu, en Arménie, a été proclamée dès le premier siècle par les apôtres Thaddée et Barthélémy qui, après leur action missionnaire, sont morts en martyrs. L'annonce de la Parole de Dieu au cours des trois siècles qui ont suivi, a donné des résultats fructueux, étant donné qu'en 301, l'Arménie a été le premier pays au monde à proclamer le christianisme comme religion d'Etat.

Le peuple arménien, à travers son martyre, a donné un témoignage qui, encore aujourd'hui, forge l'identité chrétienne de chaque Arménien. La Parole de Dieu a été, et est, source de l'espérance et de la survie. Comment se présente, aujourd'hui, la situation de l'annonce de la Parole en Arménie. L'Arménie est un pays post-soviétique. Après l'écroulement de l'Union Soviétique, nous faisons aujourd'hui, en Arménie, l'expérience d'un réveil spirituel et d'un intérêt profond pour l'écoute de la Parole de Dieu. Le nombre des cercles bibliques et des personnes qui fréquentent l'église est en augmentation".

== Rev. Nicholas Thomas WRIGHT, Évêque de Durham, Communion Anglicane (Angleterre)

1. Nous sommes confrontés aux mêmes défis que vous: non seulement la sécularisation et le relativisme, mais aussi la post-modernité. Ici, l’incertitude produit l’anxiété : (a) la Bible pourrait nous dire des choses fâcheuses; (b) son message pourrait être étouffé.
2. Quatre types de lecture de l’Écriture comprise comme amour de Dieu : le coeur (Lectio Divina, lecture liturgique), l’esprit (étude historique/critique), l’âme (vie de l’Église, tradition, enseignement) et la force (mission, Royaume de Dieu). Ces quatre types de lecture doivent être équilibrés.
3. En particulier, nous avons besoin d’un engagement missionnaire nouveau envers notre propre culture. Le paragraphe 57 du Document de travail suggère que l’engagement de Paul purifie et élève simplement ce qui existe déjà dans la culture. Mais Paul affronte aussi l’idolâtrie païenne, et c’est ce que nous devons faire nous aussi. En particulier, nous devons nous attaquer aux outils et aux méthodes d’étude historique/critique.
4. Le point culminant du Canon est Jésus Christ, en particulier sa croix et résurrection. Ces événements ne sont pas seulement salvifiques, ils offrent un principe herméneutique, lié à la tradition juive de la “critique de l’intérieur”.
5. Marie comme modèle: Fiat (esprit), Magnificat (force), Conservabat (coeur), mais également Stabat, attendant patiemment dans l’âme, la tradition et l’attente de l’Église, d’une nouvelle révélation – inattendue et peut-être fâcheuse – mais néanmoins salvifique.

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Mgr Peter MARZINKOWSKI, Évêque d'Alindao (République Centrafricaine)

Nous avons constaté que la Parole de Dieu, bien qu’au centre de la Catéchèse, n’est pas connue des catéchumènes. Il y aurait de ce fait une urgence à repenser la relation entre catéchèse et apostolat biblique.

La situation socio-économique et politique de la RCA est catastrophique et se dégrade de plus en plus. La population n’a plus d’espoir et s’enfonce dans la léthargie et la peur. Les gens retombent dans des pratiques de la religion traditionnelle, puisque le christianisme ne semble plus répondre à leurs attentes. Bon nombre de jeunes n’ont plus d’avenir et s’orientent vers les sectes fondamentalistes et les groupes charismatiques qui supplantent et font oublier la situation de misère dans laquelle on se trouve.

La Conférence Épiscopale voit qu’il faudrait remettre en pratique une pastorale biblique. Seulement une foi enracinée dans la Parole de Dieu peut sortir le peuple centrafricain de son marasme pour donner l’espérance dans un avenir plus humain et proposer des valeurs évangéliques pour construire une société nouvelle.

Nous voulons devenir une Église solidaire des pauvres à l’image de Dieu qui aime les exclus.

== Mgr António Maria BESSA TAIPA, Évêque auxiliaire de Porto (Portugal)

Il serait bon, à mon avis, de relier le Mystère de la Parole de Dieu également au Mystère de l’Eucharistie. C’est, en effet, dans l’Eucharistie que la Parole de Dieu, le Verbe fait Parole, s’exprime dans toute sa force significative et performative. Ce serait un moyen d’aider à comprendre la Liturgie de la Parole et la Liturgie Eucharistique comme une seule action liturgique. On pourrait établir le rapport entre les Saintes Écritures, le Mystère de la Bible et le Mystère Eucharistique. Si dans l’Eucharistie nous avons le pain consacré, nous pouvons aussi dire que la Bible est Parole humaine consacrée.

Je pense qu’il sera nécessaire d’aimer ce monde, notre monde, que Dieu a aimé et aime. L’aimer dans ses douleurs, et ses souffrances, dans ses désillusions et ses angoisses, dans ses recherches de paix, de vie digne, ce monde qui, tant de fois, s’engage sur des voies erronées. L’aimer dans les réalisations en faveur de l’homme et de sa dignité de personne. Cela aidera à ouvrir à la Parole la voie de sa mise à jour et permettrait de pénétrer dans l’inépuisabilité de sa nouveauté, provoquée par la nouveauté de chaque temps.

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Mgr Rimantas NORVILA, Évêque de Vilkaviškis (Lituanie)

En ce qui concerne la recherche de l’“histoire des effets” de la Bible dans la culture et dans l’ethos commun. Nous ne pouvons pas oublier les fruits que la Parole de Dieu, semence tombée du ciel, produit et continue de produire dans les coeurs des fidèles et de tous hommes de bonne volonté, et par conséquent, dans toute l’histoire. Ce fruit abondant – “trente, soixante, cent pour un” (Mc 4, 20) – ne peut être oublié, caché sous l’“ivraie”. Il conviendrait de montrer l’“histoire de la grâce et de la vérité” qui ne peut être réduite à l’“histoire du péché”.

Aujourd’hui également, en demeurant dans la foi et en ne perdant pas l’espérance, nous découvrons des expériences encourageantes, qui répètent – pour nous-mêmes en premier lieu – que la mission de l’Église est possible en tous temps et en tous lieux, notamment dans le monde d’aujourd’hui. Nous ne devons pas nous décourager, même si nous percevons la peine que nous inflige le manque de collaborateurs, les limites de nos ressources, les réponses pas toujours encourageantes aux initiatives mises en oeuvre. Les paroles de Jésus mêmes n’était pas toujours bien accueillies.

== Mgr Velasio DE PAOLIS, Président de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège

La parole est le moyen par lequel Dieu se donne dans l’histoire aux différentes étapes de l’histoire du salut. Chaque don que Dieu fait à l’homme lui offre la possibilité d’y répondre et lui donne l’indication de la route à suivre. L’action morale du chrétien ne tire pas ses origines de l’obligation d’observer des règles, mais d’être une nouvelle créature en Jésus Christ, et consiste en une réponse d’amour à Dieu. L’origine et la destination de l’action morale du chrétien est l’amour, qui passe nécessairement par l’observance de la Parole de Dieu.

Le Concile Vatican II a souligné par le décret Ad Gentes la nécessité d’une mission spécifique, qui consiste à porter la première annonce à ceux qui n’ont pas la foi chrétienne (Missio ad gentes). Avec le temps, de nombreux facteurs ont contribué à affaiblir l’engagement dans cette mission. La nécessité de la Missio ad gentes est liée aux vérités fondamentales de la foi chrétienne, particulièrement soulignée par la déclaration Dominus Jesus (Unicité et universalité du mystère salvifique de Jésus Christ ; unicité et unité dans l’Église).

Il faut rappeler que de nouveaux horizons s’ouvrent aujourd’hui avec les migrations. La plupart des migrants qui viennent parmi nous ne sont pas chrétiens. Les Églises particulières, en plus d’être sensibles à leur accueil selon les principes de l’amour chrétien, doivent savoir trouver également les voies pour annoncer le mystère de Jésus Christ, Sauveur de tous les hommes. C’est dans cette oeuvre d’évangélisation qu’il faut voir l’avenir de l’Église.

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