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du 19 au 23 octobre 2008 (semaine 43)
 

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2008-10-23- Brésil
CONTRE LE DÉTOURNEMENT DU "SAN FRANCISCO"

Lauréat du Prix de la Paix "Pax Christi International 2008", Dom Luiz Flavio Cappio, évêque de Barra, au nord-est du Brésil, est déterminé à continuer la lutte auprès des plus démunis contre le projet de détournement du fleuve Sao Francisco.

Il a reçu cette prestigieuse distinction samedi soir des mains de la vice-présidente de Pax Christi International, la Péruvienne Laura Vargas, lors d'une cérémonie interreligieuse sur la Place Matriz de Sobradinho, dans l'Etat de Bahia, au bord du fleuve Sao Francisco.

C'est là même où Dom Luis a vécu une période prolongée de prière et de jeûne. Il militait contre le détournement du fleuve et pour sa revitalisation dans le cadre de la recherche d'un nouveau modèle de développement pour les populations traditionnelles riveraines.

La silhouette s’est un peu arrondie, mais la détermination, elle, n’a pas faibli. Près d’un an après sa grève de la faim de 24 jours (entre le 27 novembre et le 20 décembre 2007), Mgr Cappio reste convaincu que son combat contre le projet de détournement partiel du Rio Sao Francisco n’est pas seulement celui des riverains du 3ème cours d’eau du Brésil, mais bien de "toute l’humanité, confrontée à un choix entre deux modèles de développement".

C’est en tout cas ce que le prélat a réaffirmé devant les milliers de personnes venues assister, samedi 18 octobre, à la remise du Prix 2008 pour la paix décerné par l’organisation Pax Christi International. Une distinction que l’évêque a tenu à partager avec l’ensemble des associations de riverains et des mouvements sociaux d’Eglise, toujours aussi inquiets des conséquences environnementales, économiques, sociales et culturelles du "chantier du siècle". Un projet destiné officiellement "à acheminer l’eau potable à 12 millions de Brésiliens vivant dans le Sertao", l’une des régions les plus arides de la planète.

Principal défenseur du projet, le président Lula est toujours l’objet des plus vives critiques de la part de l’évêque franciscain. "Lula est ignorant ou menteur en continuant à affirmer que le détournement du fleuve permettra d’étancher la soif des êtres humains et des animaux", fustige Mgr Cappio.

"Car il ne fait plus de doute désormais, poursuit-il, que les canaux et galeries vont d’abord permettre d’irriguer des terres destinées à développer la pisciculture, la culture des fruits, l’industrie métallurgique, mais surtout l’agro-industrie, notamment la culture de la canne à sucre permettant de produire de l’éthanol. Et ce, au détriment de la grande majorité de la population".

"Dans cette lutte contre le détournement du Velho Chico (ndr: surnom donné au fleuve Sao Francisco), Mgr Cappio porte les espoirs de la société civile, confirme Ruben Siqueira, représentant de la Commission pastorale de la Terre (CPT) de l’Etat de Bahia et coordinateur de la centaine d’associations regroupées dans le mouvement de défense du bassin du Sao Francisco. C’est presque anormal, mais cela s’explique aussi par la criminalisation croissante des mouvements sociaux".

Arrestations arbitraires, intimidations, poursuites judiciaires systématiques, présence de militaires sur les lieux sensibles du futur
chantier… La médiatisation des deux grèves de la faim de Mgr Cappio ont entraîné depuis un an une radicalisation des actions menées contre les adversaires du projet. Une situation dont le prélat est conscient et qui le renforce dans son sentiment que son devoir est "d’être, plus que jamais, aux côtés des plus démunis, pour défendre la voix du peuple. Ce peuple qui a élu ceux qui aujourd’hui les ignorent".

Evidemment, un tel discours agace ceux qui, au Brésil, pensent qu’un évêque n’a pas à s’immiscer dans la vie politique et économique du pays. Et la prise position de la Conférence épiscopale, plutôt favorable à Mgr Cappio lors de sa grève de la faim - "Le gouvernement démocratique a la responsabilité d’interpréter les aspirations de la société civile, en vue du bien commun, d’offrir aux citoyens la possibilité effective de participer dans les décisions, d’obéir et de respecter les décisions judiciaires, dans
un climat pacifique" - ont conforté l’évêque de Barra dans son sentiment que le combat qu’il menait aux côtés des fidèles était et demeure juste et conforme à l’Evangile. (source : Agence Apic)


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