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du 28 novembre au 2 décembre 2008 (semaine 49)
 

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2008-12-02- Inde
LES CHRÉTIENS ENTRE DEUX FONDAMENTALISMES

Pris entre deux fondamentalismes agressifs, le musulman et l’hindouiste, le "petit troupeau" chrétien de l’Inde se distingue par son refus de recourir à la violence, fait remarquer Sandro Magister dans son analyse publiée par Chiesa.

Pour toute situation de conflit interreligieux, il faut analyser à fond à la fois les aspects généraux et les aspects particuliers. C’est ce qu’a fait, pour l’Inde, le théologien jésuite indien Michael Amaladoss, qui travaille entre Delhi, Bangalore et Chennai et a écrit d’importants ouvrages traduits en plusieurs langues.

Chiesa rappelle que
son analyse – écrite avant l’attentat terroriste de Mumbai, mais qui le laisse presque présager – a paru dans le dernier numéro de la revue "Il Regno", publiée à Bologne par les religieux dehoniens.

" Le petit troupeau chrétien demande l'usage de la force aux autorités constituées, qui manquent à leur devoir sur ce point. Le soutien de la communauté internationale est également faible, distrait. Même les chrétiens du monde entier ne manifestent pas une forte solidarité envers les victimes qui ont la même foi qu’eux, en Inde ou ailleurs dans le monde."

" Jeudi 27 novembre, au moment même de l’attentat de Mumbai, Benoît XVI lançait un nouvel appel pour faire libérer deux sœurs missionnaires enlevées deux semaines plus tôt par des bandes musulmanes entre le Kenya et la Somalie. Toujours aux mêmes heures,10 000 musulmans ont attaqué impunément, au Caire, une église pleine de chrétiens coptes en prière, coupables d’avoir ouvert un nouveau lieu de culte."

" En frappant au cœur Mumbai, ses hôtels de luxe et sa clientèle occidentale, l’attentat musulman a obtenu une plus grande visibilité dans les médias du monde entier. Les victimes désignées étaient américaines, anglaises, juives, ce qui a suffi pour donner une secousse à la géopolitique mondiale mais ne justifie pas que l’on néglige les violences interreligieuses qui ensanglantent chaque jour le sous-continent indien et qui, dans un avenir proche, vont probablement connaître une recrudescence, avec de nouveaux affrontements entre musulmans et hindouistes."

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La persécution qui frappe les chrétiens en Inde n’est pas un phénomène uniquement local. Certains de ses motifs ne peuvent appartenir qu’à une société divisée en castes. Mais le cas de l’Inde est le reflet de fractures beaucoup plus générales, qui divisent le monde entier selon des lignes qui sont aussi religieuses."

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Il suffit de voir combien l’idée de martyre peut être différente et opposée selon les individus: pour les uns c’est un pur don de la vie, pour les autres, c’est une féroce arme de mort."

" Dans ce paysage mondial tourmenté, les chrétiens sont en Inde des victimes pacifiques et maltraitées. En Irak, ils sont le seul groupe religieux non armé et, aussi pour cette raison, le plus persécuté. Dans les coins les plus ravagés et les plus durs du monde – la Somalie, mais pas seulement – ils sont ceux qui restent près des "derniers", quand tous les autres sont partis."

L'attentat terroriste islamiste de Mumbai a eu lieu alors que les chrétiens de l’Inde sont encore sous le choc des violences hindouistes dans l’Orissa et d’autres régions. Dans leur brutalité, les bilans des deux attaques sont comparables. Plus de 160 personnes tuées en un seul jour dans la capitale économique de l’Inde. Au moins 118 morts certifiées dans l’Orissa, mais d’autres sources vont jusqu’à 500. Il y a aussi les centaines de blessés, les églises détruites, les milliers de maisons incendiées, les dizaines de milliers de fugitifs.

Pris entre deux fondamentalismes agressifs, le musulman et l’hindouiste, le "petit troupeau" chrétien de l’Inde se distingue par son refus de recourir à la violence." (source : Chiesa)

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