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FlashPress - Infocatho
du 17 au 19 décembre 2008 (semaine 51)
 

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2008-12-19 -
L'HOMME AFRICAIN LIBÉRÉ DANS SA CULTURE

Le P. Jean-Marc Ela, prêtre diocésain camerounais, vient de mourir le 15 décembre en exil au Canada. Il était un théologien et un éminent sociologue qui a combattu toute sa vie pour l'émancipation intellectuelle, religieuse et humaine de l'Afrique.

Homme d'Église, dont il eut à souffrir pour certaines de ses prise de position, certaines il est vrai discutables, le P. Jean-Marc Ela, dans les milieux des débats théologiques africains, était une autorité référentielle. Comme Eboussi Boulaga l'est pour la « philosophie africaine ». Toutes ses oeuvres ont un fort caractère de combat pour la libération anthropologique de l'homme africain.

Ayant fait ses études de théologie à Paris et de sociologie à Strasbourg, le père Ela a également enseigné à l’Université de Yaoundé et à l'Université catholique de Louvain-La-Neuve (Belgique) en tant que professeur invité.

Dans son livre : « Voici le temps des héritiers », le livre dont il est coauteur avec le prêtre dominicain français René Luneau, il a su questionner de manière essentielle, l'enjeu de Dieu dans les sociétés africaines post coloniales.

Pour lui, la théologie comme science n'était pas qu'une transposition philosophique des donées de la foi. C'était en fait un exercice de recherche évangélique de libération et d'affranchissement des peuples opprimés, à l'image du Christ qui est venu pour ceux qui souffrent dans leur corps et leur esprit de la domination du péché certes, mais aussi de la domination des hommes. C'est pour cette raison que toutes les prises de position, ou alors toutes les réflexions, les enseignements de ce prêtre originaire du diocèse de Sangmélima étaient redoutés par les dictateurs africains.

Avec des prêtres et théologiens africains tels que le P. Engelbert Mveng, qui fut assassiné en 1995, Nguindou Muchette, Tsibangou et Joseph Malula, il fait partie d'une génération d'hommes qui ont accepté l'Evangile en totalité, avec la nuance qu'ils ont su indiquer aux yeux de l'Eglise universelle et du monde, l'inéluctable processus de christianisation de la culture africaine. Pour lui Jésus-Christ libère l'homme africain dans sa culture et non pas en "l'occidentalisant".

C'est ce qu'il appelait « inculturation du message évangélique ». Ce combat mené aux côtés de ses pairs aura été à l'origine de la convocation du Synode Africain qui a abouti à la fameuse exhortation post-synodale par Jean Paul II « Ecclésia un Africa » en août 1995. Malheureusement lorsque le Pape arrive à Yaoundé pour cette grande manifestation historique de l'Eglise catholique, Jean Marc Ela n'est plus au Cameroun. La violence d'Etat qui prévaut au Cameroun ne l'a pas accepté. Hélas ! Il ne devait que partir.

Fervent critique de l'Eglise et du pouvoir politique du pays, c'est au lendemain de l'assassinat de Engelbert Mveng en 1995 que Jean Marc Ela s'est finalement installé à Montréal au Canada où il donnait des cours de sociologie à l'Université Laval.

Sociologue, auteur de nombreux ouvrages, dont Restituer l’histoire aux sociétés africaines, L’Harmattan, Paris, 2000, et Le Cri de l’homme africain, L’Harmattan, 2001, son message doit se perpétuer. (source : Allafrica et Université Laval)

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