02.02 - Burundi : Ne nous oubliez pas.
De passage à Paris, Mgr Simon Ntamwana,
président de la Conférence des évêques du Burundi, et archevêque de
Gitega a évoqué les accords de paix d'Arusha d'août 2000 et le rôle
de l'Eglise dans le processus encore fragile de pacification.
Il observe tout d'abord des signes encourageants dans ce processus de
pacification comme l'alternance démocratique des gouvernements ou la
création récente du Sénat. Il estime que le gouvernement du 1er novembre
2001 fait front commun pour ramener la paix et la confiance entre le
Burundi et la communauté internationale. Quant à la population, elle
est de plus en plus paisible.
Toutefois le processus de pacification est en butte à de grosses difficultés
comme la persistance du conflit entre l'armée nationale et les groupes
rebelles hutus et tutsis, qui refusent d'adhérer aux accords de paix
d'Arusha. L'application de ces accords devait être financée par des
bailleurs de fonds réunis lors d'une conférence internationale à Paris.
Ils s'étaient accordés sur un montant de 440 millions de dollars. Somme
portée, lors d'une deuxième réunion à Genève, à 800 millions de dollars.
Or, pour l'heure, ces accords ne sont toujours pas suivis d'effet.
A cours de capitaux nouveaux, le Burundi s'enfonce dans la misère. Cette
paupérisation du pays est aggravée par l'épidémie de Sida. On compte
jusqu'à 18% de séropositifs dans les grandes villes comme Gitega, Bujumbura
ou Ngozi, et 7% dans les campagnes. Le problème est tel que le gouvernement
de transition vient de créer un ministère spécialement affecté à la
lutte contre le sida.
L'Eglise n'est pas absente dans ce domaine : en 1999, elle a organisé
une conférence nationale sur ce sujet. Et dans les diocèses sont menées
de nombreuses actions de prévention et d'accompagnement des malades.
L'instabilité dans la région des grands lacs est à ses yeux préoccupante.
"La paix burundaise ne peut se faire isolément", dit-il. en rappelant
les nombreux appels à la paix que l'Eglise catholique a lancés dans
ce pays qui compte près de 65% de catholiques et 15% de protestants,
contre moins de 10% d'animistes et 2 à 9% de musulmans.
L'archevêque de Gitega a évoqué "le pèlerinage inlassable des
responsables d'Eglise auprès des hommes politiques" pour les convaincre
de baisser les armes. "Sans l'unité des pasteurs, des évêques particulièrement,
les fidèles n'auraient pas reçu notre message de paix. Les jeunes sont
spécialement intéressés par la possibilité de la réconciliation et du
pardon".
Au terme de cette conférence un participant lui a posé
cette question : l'Eglise du Burundi est-elle une Eglise martyre? "Le
terme n'est pas abusif, lui a répondu Mgr Ntamwana, car nombre
de ses membres ont perdu la vie. Vingt prêtres ont été assassinés en
l'espace de huit ans, dont l'ancien archevêque de Gitega, Mgr Joachim
Ruhuna, tué le 9 septembre 1996"
Pour plus d'informations : Coopération
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