31.01 - Les relations entre juifs et catholiques.
"Depuis la Déclaration Nostra ætate
du Concile Vatican II, écrit Jean Paul II, de nombreux progrès ont été
réalisés - et je m'en réjouis - en faveur d'une meilleure compréhension
mutuelle et d'une réconciliation entre nos deux communautés."
La lettre de Jean Paul II a été lue, le 28 janvier, par l'archevêque
de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger, devant les 1.500 participants
du colloque sur les relations Juifs-catholiques. "Un tel texte,
y déclare le pape, constitue un point de départ, une base et
une boussole pour les relations futures. Après les douloureux événements
qui ont marqué l'histoire de l'Europe, notamment au cours du vingtième
siècle, il convient de donner un élan nouveau à nos relations, pour
que la tradition religieuse, qui a inspiré la culture et la vie du Continent,
continue à faire partie de son âme, lui permettant ainsi de se mettre
au service de la croissance de tout l'homme et de tout homme".
... "De par leur identité respective, les Juifs et les Chrétiens sont
liés les uns aux autres et ont à poursuivre la culture du dialogue tel
que pouvait l'envisager le philosophe Martin Buber. Il nous appartient
de transmettre aux générations nouvelles nos richesses et nos valeurs
communes, pour que plus jamais l'homme ne méprise son frère en humanité
et que plus jamais des guerres ou des conflits ne soient menés au nom
d'une idéologie qui méprise une culture ou une religion; au contraire,
les différentes traditions religieuses sont appelées à mettre leur patrimoine
au service de tous, en vue d'édifier ensemble la maison commune européenne,
unie dans la justice, la paix, l'équité et la solidarité. Alors commencera
à se réaliser la parole de Dieu donnée par le prophète (cf. Is 11, 6-9)".
Dans son discours d'ouverture de la rencontre de Paris, Henri Hajdenberg
avait qualifié Jean Paul II de "pape de la réconciliation" entre Juifs
et Catholiques, après le "premier bouleversement doctrinal" qu´a constitué
Vatican II" ... "Jean Paul II aura compris la dimension des deux
événements majeurs pour le peuple juif au coeur du XXe siècle, la Shoah
et la renaissance de l´Etat d´Israël."
"Nous sommes parvenus à un moment historique où un vrai dialogue interrompu
depuis deux millénaires peut à nouveau commencer", a déclaré pour sa
part le cardinal Jean-Marie Lustiger.L´archevêque de Paris a souhaité
que Juifs et Chrétiens ne se contentent pas de "régler des contentieux
sans cesse renaissants" mais "discutent à frais nouveau" de questions
théologiques tels "le pêché, le mal, la souffrance, l´élection et la
rédemption".
Le grand rabbin de France Samuel-René Sirat, qui participait, le 24
janvier à la Journée de prière pour la paix à Assise, a lancé un appel
à la communauté juive pour qu´elle saisisse la "chance historique" de
ce dialogue. "Ce n´est plus le moment, disait-il, de verrouiller les
portes du ghetto intellectuel et spirituel dans lequel certains voudraient
nous faire vivre".
Du côté des intervenants juifs, une différence de ton s'est fait sentir
dès le premier jour, le 28 janvier au soir, entre le Grand rabbin
René Samuel Sirat, vice-président de la Conférence européenne des rabbins,
très admiratif de l'œuvre de Jean Paul II, et Michel Friedman, vice-
président du Congrès Juif Européen. Pour ce dernier, "les racines de
l'antisémitisme les plus longues se trouvent dans ce qui a été l'Eglise
officielle pendant des centaines d'années en Europe". "Les Allemands
qui ont tué des juifs, a-t-il affirmé, ont été des chrétiens et des
êtres humains, les collaborateurs français qui ont tué des juifs étaient
aussi des chrétiens et des êtres humains".
Il a alors demandé à l'Eglise catholique d'ouvrir ses archives sur la
période 1933-1945, "pour connaître la vérité". "Cela est nécessaire,
a-t-il expliqué, pour un dialogue honnête et franc, dans le respect
et l'égalité". C'est le problème de l'ouverture de toutes les archives
du Saint-Siège sur cette période qui a été, entre autre, à l'origine
de l'arrêt des travaux de la Commission mixte de recherche sur la Deuxième
Guerre mondiale, le 24 juillet 2001.
Retenons cette parole de Samuel Sirat, affirmant qu'il n'allait pas
"se convertir au catholicisme comme le Grand rabbin de Rome en 1945"
mais qu'il voulait simplement "interpeller" sa communauté et lui demander:
"entends-tu la voix de l'amitié".
Pour plus d'informations : Service de
documentation Judéo-Chrétien
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