02.02 - Polémiques autour du message
sur le divorce.
La déclaration du pape Jean Paul II
contre le divorce est mal reçue de tous côté, en
Italie, en Grande Bretagne, en France, chez des catholiques, des protestants
et même des musulmans.
L'appel du pape Jean Paul II adressé le 28 janvier aux avocats de refuser
de plaider dans les procès en divorce en invoquant l'objection de conscience
a provoqué de nombreuses critiques. Les uns la récusent, d'autres
la trouvent trop sévère.
En Angleterre, l'avocate Denise Lester rappelle que "La société d'aujourd'hui
est multi-ethnique et que le divorce est légal. Les avocats, qui sont
au service de la communauté, doivent pouvoir faire leur travail. Les
propos du pape peuvent avoir un impact négatif sur la liberté de choix
autant des avocats que de leurs clients".
Des autorités musulmanesen Europe, généralement favorables aux positions
de l'Eglise catholique sur la famille, prennent leur distance sur ce
point. L'imam Ali Abu Shwaima a déclaré que : "Le divorce est légal
même si Dieu le déteste". Il est nécessaire, a-t-il dit. A ses yeux,
il est naturel que le couple ait la possibilité de se séparer. Il faut
remarquer ici que l'Eglise accepte la "séparation de biens
et de corps", qui est différente du divorce.
Un "sondage à chaud" a montré que 87,5% des Italiens n'étaient pas "tellement
d'accord", voire "pas du tout d'accord" avec le pape. Le journal "Corriere
della sera" édité à Milan commente ainsi ces paroles:
"Malgré le respect que l'on doit à un grand pape, qui encore
ces jours, à Assise, a lancé un message de paix et de fraternité, et
malgré toutes les différences morales et politiques évidentes du cas,
son appel à l'objection de conscience contre le divorce aux juges et
avocats peut être logiquement assimilé à l'extrême résistance des 'étudiants
du Coran' (talibans) en Afghanistan".
Pour "La Stampa" (Turin), "La force morale de l'Eglise et de ce pape
ne sont pas remises en question; et il n'appartient aux laïcs d'indiquer
quand et comment l'Eglise doit se moderniser. Mais il ne sert vraiment
à personne de rouvrir une polémique que le bon sens considère close
pour toujours".
Le théologien de l'Eglise vaudoise, Paolo Ricca, l'un des oecuménistes
les plus connus d'Italie, a déclaré à l'agence œcuménique ENI que ce
"qu'a dit le pape est inacceptable sur le plan civil. Aucune Eglise,
et encore moins l'Eglise catholique romaine, ne peut demander à l'Etat
laïc d'adopter intégralement ses propres lois ecclésiastiques. Mais
les thèses du pape sont graves surtout du point de vue évangélique,
et elles font apparaître l'Eglise comme une menace pour la liberté."
"Jean Paul II, a poursuivi Paolo Ricca dans son entretien avec l'agence
ENI, pouvait certainement dire aux catholiques: 'Je vous lance cet appel,
pour que vous preniez au sérieux les paroles de Jésus sur le mariage,
et pour que vous donniez un témoignage d'amour fidèle, indissoluble,
dans le mariage.' De telles paroles seraient tout à fait licites. Mais
le pape ne pouvait pas demander au législateurs civils, aux juges et
aux avocats de saboter une loi de l'Etat ! "
Paulo Ricca, ajoute cette remarque que cette intervention du pape contre
le divorce pourrait aussi avoir un rapport avec l'événement d'Assise
du 24 janvier. En fait une partie de "l'establishment" ecclésiastique
catholique s'oppose aux initiatives du "dialogue interreligieux" voulues
par le pape. C'est pourquoi, conclut le théologien vaudois: "La réaffirmation
intransigeante par le pape du principe de l'indissolubilité du mariage,
même dans la législation civile, pourrait être une manière choisie
par Jean Paul II de dire aux milieux conservateurs catholiques que le
pape ne cédera jamais sur les principes de sa théologie et de son éthique."
Pour plus d'informations : Agence ENI
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