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09.02 - Rwanda : Le P. Seromba clame son innocence.

La première audience du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) s'est tenue hier à Arusha (Tanzanie) pour examiner le cas du P. Athanase Seromba.

Ce prêtre avait quitté, mercredi dernier 6 février, l'archidiocèse de Florence où il était hébergé pour se livrer spontanément aux magistrats désignés par les Nations Unies. Le P. Seromba s'est limité à déclarer, comme il l'a toujours fait, son innocence quant aux terribles accusations dont il est l'objet.

Il est accusé d'avoir participé au massacre de 2000 personnes d'origine Tutsis au moins, dans la paroisse de Nyange, dans la préfecture de Kibuye, pendant le génocide de 1994, qui a coûté la vie à 800 000 personnes au cours d'affrontements ethniques entre Hutus et Tutsis.

Le P. Athanase avait été accueilli par le diocèse de Florence, en 1997. Au cours des dernières années, il a été la cible de critiques et accusations de la part de certaines publications rwandaises, qui ont poussé le Procurateur international, Carla del Ponte à demander l'extradition. Dans une lettre à Mgr Ennio Antonelli, archevêque de Florence, le P. Seromba, très apprécié de ses paroissiens italiens, écrit :

" Suite à la tragédie qui a ébranlé mon pays, suite à la perte de ma famille, frères et soeurs, amis et entourage, ma présence parmi vous m'a fait croire que j'avais trouvé un petit moment pour oublier… Malheureusement, me voici sur le banc des accusés, comme un traitre, organisateur et exécuteur d'un plan de génocide… J'ai crié pour justifier mon innocence, mais mon cri n'a pas été entendu ; …il faut prouver son innocence face à une institution politico-humaine."

… "Quand j'ai pris connaissance de l'acte d'accusation qui pesait sur moi, j'ai voulu aller personnellement à Arisha dans le but de répondre à toutes les accusations portées contre moi. " Cette démarche l'honore car c'est un acte de grande responsabilité et courage, selon les paroles du nonce apostolique au Rwanda, Mgr Pennachio, qui accueille cette attitude "avec admiration et satisfaction."

Au cours des dernières années, plusieurs prêtres rwandais ont été accusés de génocide. L'archevêque de Gikongoro, Mgr Augustin Misago, accusé et poursuivi, a été déclaré innocent. Par le passé Jean Paul II, le premier à avoir dénoncé le génocide rwandais, avait donné des indications sur l'attitude à adopter face aux accusations de génocide.

Dans une lettre datée du 23 mars 1996, adressée à Mgr Thaddée Ntihinyurwa, alors évêque de Cyangugu et président de la conférence épiscopale rwandaise, le souverain pontife écrivait : " La justice et la vérité vont ensemble lorsqu'il s'agit d'éclairer les responsabilités dans le drame qu'a connu votre pays. L'Eglise en tant que telle ne peut être tenue pour responsable des péchés de ses membres qui ont agit contre la loi évangélique : ils seront appelés à rendre compte de leurs actes. Tous les membres de l'Eglise qui ont péché pendant le génocide doivent avoir le courage de supporter les conséquences des faits qu'ils ont commis contre Dieu et contre le prochain. "

Au Rwanda, 5 prêtres, 2 sœurs et un séminaristes sont incarcérés pour génocide. Quatre autres prêtres, déjà jugés ont été libérés. Au cours du mois de juin 2001, 2 soeurs ont été jugées et condamnées en Belgique.

Pour plus d'informations : Agence Fides

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