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09.02 - Russie : La patience a aussi des limites.

Les relations entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique romaine risquent de se tendre à nouveau, car le Saint-Siège a l'intention de transformer les administrations apostoliques de la Fédération de Russie en véritables diocèses.

A Rome, dans les milieux diplomatiques, on se dit "extrêmement déçu" de cette décision qui, dit-on, réduit à néant les espérances de normalisation, placées dans la visite du cardinal Kasper. Mais au Vatican, on fait remarquer que ce voyage tombe très bien et permettra au contraire de discuter de cette restructuration sur laquelle l'Eglise catholique travaille depuis longtemps.

Selon certains experts des relations oecuméniques, il y a lieu de voir ces décisions avec lucidité. L'Eglise orthodoxe russe, n'est pas la seule Eglise orthodoxe, même si elle est la plus importante en nombre. C'est vrai que la transformation, telle qu'elle est envisagée, des structures catholiques dans un pays qui se réclame souvent exclusivement de son héritage orthodoxe risque de provoquer des remous.

Mais il est souligné dans le même temps qu'avec une calme patience, le pape Jean Paul II n'a jamais voulu répondre aux accusations souvent erronées, prononcées à divers niveaux des instances de l'Eglise orthodoxe russe. Avec persévérance, il a même cherché toutes les ouvertures possibles pour ouvrir un dialogue sur le fond.

L'Eglise d'Angleterre ne s'offusque pas de la présence des diocèses dans son pays. Avant le régime soviétique, il y avait des diocèses catholiques en Russie. Au moment de la disparition du régime communiste, l'Eglise catholique a préféré animer les communautés catholiques par des "administrations apostoliques, ne voulant pas nommer un évêque diocésain là où se trouvait une Eglise locale orthodoxe.

Les administrations apostoliques en effet sont "une portion déterminée du peuple de Dieu qui, pour raisons spéciales et particulièrement graves, ne sont pas érigées en diocèses par le Souverain pontife". L'administrateur apostolique, qui a les responsabilités d'un "ordinaire", gouverne ce territoire au nom du pape.

Dans la Fédération de Russie, on compte 4 administrations apostoliques : Russie européenne septentrionale (siège à Moscou), Russie européenne méridionale (Saratov), Sibérie occidentale (Novosibirsk) et Sibérie orientale (Irkoutsk). 1.02 % de catholiques, répartis dans 580 paroisses, avec 4 diocèses et 397 prêtres, peuvent-ils être accusés de dangereux prosélytisme à l'égard de 60 millions d'orthodoxes qui vivent leur liturgie dans 13.907 paroisses à quoi s'ajoutent 8.000 paroisses en Ukraine, animés par 150 évêques, 13.043 prêtres et 1.905 diacres.

120 écoles de théologie de différents niveaux, cinq académies de théologie, deux universités orthodoxes et un institut d'enseignement supérieur, trente séminaires et quatre-vingt-deux collèges de formation pastorale et catéchétique assurent la formation des prêtres et des laïcs catéchistes. Vingt-quatre monastères, situés dans différentes régions de Russie, dépendent directement du patriarche ainsi que cent dix prieurés, situés pour la plupart à Moscou même. Ces communautés sont desservies par 365 prêtres-moines.

Au Vatican, on fait remarquer que le voyage de Mgr Kasper tombe très bien et permettra au contraire de discuter de cette restructuration sur laquelle l'Eglise catholique travaille depuis longtemps. Lorsque le nonce apostolique auprès de la Fédération de Russie à Moscou, Mgr Giorgio Zur, s'est rendu au Patriarcat de Moscou pour en parler et évoquer la situation, il aurait été reçu très froidement.

Le Patriarcat de Moscou avait clairement manifesté son souhait que la visite du président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens puisse stabiliser la situation. Mais de quelle situation voulait-on parler ? La présence à Assise, décidée en toute dernière minute, du métropolite Pitirim doit être mesurée à sa juste valeur. L'archevêque de Volokolamsk est en disgrâce depuis l'arrivée du patriarche Alexis II.

Mais devant la représentation des grands patriarcats, Moscou ne pouvait pas s'isoler, d'autant que les relations avec Constantinople sont difficiles. Dans les "milieux bien informés" du Vatican on juge au contraire au contraire, que la visite du cardinal Kasper tombe très bien. car elle doit permettre de discuter en profondeur de ce qui devait, de toute manière, être abordé un jour ou l'autre.

La venue du cardinal Kasper à Moscou se déroule dans le cadre des consultations régulières bilatérales entre la Fédération de Russie et le Saint-Siège. Le cardinal Kasper est déjà allé à Moscou dans ce cadre, du 23 au 25 novembre 1999 et du 12 au 14 juin 2000. Il était alors secrétaire du Conseil pontifical dont il est aujourd'hui président. Le cardinal Kasper avait par ailleurs rencontré la patriarche de Moscou, Alexis II, lors des célébrations du 1700ème anniversaire de l'Eglise arménienne, le 23 septembre 2001 à Erevan.

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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