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16.02 - Texte officiel de la déclaration de Mgr Kondrusiewicz.

L’INGERENCE DANS LES AFFAIRES INTERNES
DE L’EGLISE CATHOLIQUE EN RUSSIE
CONTINUE

Réponse du métropolite Tadeusz Kondrusiewicz au Synode de l'Eglise russe.

1.Considérant :
° que les communautés religieuses ont le droit à l’auto-organisation en accord avec leurs propres structures hiérarchiques et institutionnelles ;
° que le devoir du Souverain Pontife et des évêques de l’Eglise Catholique est de créer des conditions normales pour l’assistance pastorale des fidèles ;
° que la structure normale de l’Eglise Catholique selon le droit canon est la division en diocèses et en métropole (province ecclésiastique) ;
° que l’élévation des Administrations Apostoliques russes provisoires au rang de diocèses permanents, introduite le 11 février 2002, n’enfreint pas la législation russe en vigueur ;
° que ce pas, nécessaire pour les catholiques de Russie, a été réalisé après que les autorités et la hiérarchie de l’Eglise Catholique Orthodoxe Russe en ont été informées selon l’usage international commun,

nous exprimons notre perplexité et notre sérieuse préoccupation devant l’ingérence dans les questions internes de l’Eglise Catholique en Russie, qui s’est accrue ces derniers jours.

Nous sommes convaincus que les catholiques de la Fédération Russe jouissent des mêmes droits que les citoyens qui confessent d’autres religions, et que l’usage légitime de ces droits ne saurait être mis publiquement en doute, et encore moins faire l’objet de spéculations politiques.

2. En outre, nous considérons de notre devoir de réfuter publiquement les affirmations de la déclaration publique du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Alexis II, ainsi que du Saint Synode de l’Eglise Orthodoxe Russe du 12 février 2002 qui ne correspondent pas à la vérité.

3. Cette déclaration affirme que la forme instituée en Russie "de vie ecclésiastique catholique n’est même pas typique des pays catholiques, où il n’existe habituellement pas de provinces ecclésiastiques dont les diocèses soient réellement administrées par un métropolite".

Une telle affirmation ne correspond pas à la vérité. Le Code du Droit Canon de l’Eglise Catholique établit que, pour la collaboration de plusieurs diocèses voisins à une activité pastorale commune, et pour le bon développement des relations nécessaires entre les évêques diocésains, des diocèses limitrophes peuvent être réunis par l’autorité ecclésiastique suprême en provinces ecclésiatiques-métropoles (cf. Can. 431).

A la tête de la métropole se trouve le métropolite, qui est l’archevêque de l’archidiocèse qu’il préside. Cette charge est liée à une chaire épiscopale déterminée par le Souverain Pontife Romain (cf. Can. 435). Il existe des métropoles dans divers pays : Paris, Washington, Prague, Milan, Varsovie (il en existe 13 dans la seule Pologne), et, actuellement, il y en a également dans les pays de l’ex-URSS : Riga, Minsk-Mogilev, Vilnius, Kaunas, Lvov.

Les diocèses inclus dans une province ecclésiastique sont appelés "diocèses suffragants". L’autorité du métropolite à leur encontre est définie par le droit canon :

° veiller sur la foi et la discipline ecclésiastique et informer le Souverain Pontife des abus (cf. Can. 436 par.1) ;
° avec le consentement du Siège Apostolique, effectuer la visite catholique au cas où l’évêque du diocèse suffragant la néglige (cf. Can. 436 par.1) ;
° nommer l’administrateur de la chaire épiscopale vacante, dans le cas où celui-ci n’ait pas été nommé sous 8 jours (cf. Can. 436 par.1) ;
° le métropolite n’a pas d’autres facultés dans les diocèses suffragants (cf. Can. 463 par.3).

4. La déclaration des hiérarques de l’Eglise Orthodoxe Russe affirme qu’"il n’existait aucune subdivision du territoire de la Russie en diocèses". Nous voudrions rappeler :

° que les structures diocésaines de l’Eglise Catholique ont existé au sud de la Russie dès le XIV-XVe siècles, et que le diocèse de Smolensk a fonctionné aux XVIIe et XVIIIe siècles ;
° que le centre de la métropole de Mogilev était la capitale de l’Empire russe, Saint-Pétersbourg, et que le diocèse de Tiraspol avait son siège à Saratov. En outre, le diocèse de Vladivostok a été institué en 1923. L’archevêque de Mogilev était appelé métropolite de toutes les églises catholiques de l’empire russe ;
° que depuis la création de la métropole de Mogilev jusqu’au dernier métropolite Jan Cepljak, condamné à mort en 1923 puis expulsé du pays, la chaire de Saint-Pétersbourg a été occupée par 27 hiérarques ;
° qu’il existait également des structures de l’Eglise Catholique sur le territoire de l’actuelle région de Kaliningrad ;

ainsi, des diocèses catholiques, une métropole avec ses métropolites et des diocèses suffragants ont existé à l’intérieur des actuelles frontières de la Fédération Russe.

5. Compte tenu des points précédents, nous retenons que le changement de statut des structures de l’Eglise Catholique en Russie et l’institution de la province ecclésiastique ne peut être considérée comme la création d’une nouvelle structure catholique parallèle à l’Eglise Orthodoxe Russe.

Premièrement, les diocèses ne tirent pas leur propre dénomination de la ville où ils ont leur siège. Il n’y a pas de métropolite de Moscou ou russe, mais il y a un métropolite à Moscou.

Deuxièmement, il existe dans l’Eglise Orthodoxe Russe, par exemple, le métropolite de Vilnius et de Lituanie, ou l’Archevêque de Bruxelles et de Belgique, de Berlin et d’Allemagne, et aucune Eglise Catholique n’émet d’objection à cela, dans la mesure où les titres de métropolite sont une affaire interne à l’Eglise Orthodoxe, qui nomme ses pasteurs selon ses propres nécessités.

Troisièmement, le métropolite n’a aucun pouvoir réel dans les autres diocèses, dans la mesure où ils sont autonomes et administrés par leur propre évêque.

6. La déclaration citée rappelle une nouvelle fois le reproche concernant les nombreux épisodes d’activité missionnaire du clergé catholique auprès de la population russe. "Nous considérons cette activité comme du prosélytisme, et nous ne cessons de l’indiquer comme l’un des principaux obstacles à l’amélioration des relations entre nos Eglises", affirme le document.

Pour notre part, au cours des 11 dernières années, nous avons sollicité plusieurs fois les hiérarques de l’Eglise Orthodoxe Russe pour nous confronter sur des exemples concrets et commencer à considérer enfin des faits concrets de prosélytisme de la part des catholiques en Russie. Nous voudrions savoir qui, où, quand, et dans quelles circonstances, a été l’auteur ou est actuellement l’auteur d’actions de prosélytisme. Malheureusement, à aujourd’hui, nous n’avons rien pu savoir à ce propos, de même que nous n’avons pas reçu de réponse à notre invitation à s’asseoir autour d’une table pour préciser le sens du terme "prosélytisme"

7. Malgré la situation plutôt tendue qui s’est créée dans les relations entre l’Eglise Catholique et l’Eglise Orthodoxe Russe, j’espère et je prie Dieu pour que le dialogue continue et soit fécond. Je suis convaincu que l’Eglise Catholique et l’Eglise Orthodoxe peuvent répondre ensemble aux défis de notre temps pour le bien de la civilisation humaine.

Métropolite Tadeusz Kondrusiewicz,
Moscou, 13 février 2002
Déclaration diffusée par le Centre d’information de la Conférence des évêques catholiques de la Fédération Russe.

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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