11.02 - Russie : Un acte inamical qui a son
équivalent.
Le porte-parole du patriarche russe
Alexis II, Igor Vyzhanov, cité par l'agence russe Itar-Tass, a estimé
que la décision de Rome de créer quatre diocèses
en Russie était un geste qui "ne fait qu'éloigner un rencontre
possible entre le patriarche et Jean Paul II.''
Dans une déclaration accompagnant l'annonce, Joaquin Navarro-Valls,
porte-parole du Saint-Siège, avait signalé qu'il s'agit d'un
"acte administratif normal" et que l'érection des diocèses a été motivée
par "des préoccupations pastorales identiques à celles qui ont motivé
les orthodoxes de Russie à créer des diocèses à part entière en dehors
de leur territoire traditionnel".
Igor Vyzhanov est collaborateur au département du patriarcat chargé
des relations avec les autres Eglises chrétiennes et proche du métropolite
Cyrill de Smolensk. Il estime cette décision comme "inamicale à l´égard
de l´Eglise russe, une initiative prise sans tenir compte de ses intérêts".
Il conteste par ailleurs le fait qu´il y ait en Russie 500.000 ou 600.000
catholiques, comme l´affirment certaines sources. "En Russie il n´y
a pas de territoires où les catholiques pourraient constituer une population
compacte comme en Lituanie ou dans l´ouest de la Biélorussie et de l´Ukraine."
Le texte, publié par le Bureau de Presse du Vatican, explique que la
présence de l´Eglise catholique en Russie n´est pas le fruit du "prosélytisme",
comme l´affirment parfois certains représentants orthodoxes, mais des
déportations du temps des tsars et de Staline. Le texte fournit d'ailleurs
de nombreuses données historiques qui prouvent une présence catholique
significative sur le territoire depuis des siècles, répondant ainsi
aux orthodoxes qui affirment que la présence catholique avant le régime
communiste était presque inexistante.
Afin de ne pas heurter la tradition des Eglises qui ne veut qu'un diocèse
pour une Eglise locale, une nuance a été introduite dans l'appellation
de ces diocèses dans la mesure où il ne s'agit pas, par exemple, de
l'archidiocèse catholique de Moscou, mais de l'archidiocèse de la Mère
de Dieu à Moscou.
Mais le Saint Siège est aussi net sur la valeur de sa position
: "Concrètement, explique-t-il, l'élévation au rang de diocèses est
motivée par des préoccupations pastorales identiques à celles qui ont
motivé les orthodoxes de Russie à créer des diocèses à part entière
en dehors de leur territoire traditionnel". Le porte-parole du Saint-
Siège donne alors l'exemple de l'Europe où l'Eglise orthodoxe russe
a créé des diocèses à part entière à Vienne, à Berlin et à Bruxelles.
Selon nombre de spécialistes, le statut de "territoire canonique" de
l'Eglise orthodoxe que le patriarcat de Moscou réclame pour les anciens
territoires orthodoxes de l'URSS, qui lui seraient réservés, ne tient
pas. Un haut responsable du patriarcat a même déclaré que le prétendu
"territoire canonique" du patriarcat devait s'entendre comme étant là
où vivent les fidèles orthodoxes russes.
Puisque l'Eglise orthodoxe russe s'organise librement en Occident, ce
qui vaut pour lui devrait également valoir pour l'Eglise catholique,
qui doit avoir le droit d'offrir des soins pastoraux à ses fidèles dispersés
- souvent déportés de force sous Staline - sur le territoire russe.
A l'instar de ce que fait Moscou en Occident, l'Eglise romaine devrait
pouvoir fonder librement ses paroisses et ses diocèses pour répondre
aux besoins de ses fidèles.
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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