16.02 - France : Une affiche jugée inacceptable.
Deux semaines avant sa sortie dans les
salles françaises, le 27 février, "Amen, le nouveau film de Constantin
Costa-Gavras, fait l'objet d'une controverse liée à l'affiche qui assure
sa promotion: on y distingue une croix chrétienne prolongée d'une croix
gammée.
Ce que l'Eglise catholique juge "inacceptable". Le réalisateur se défend
pourtant de toute provocation gratuite. "Le rôle d'une affiche est précisément
d'attirer l'attention et de donner envie d'aller voir le film", s'est-il
défendu le jeudi 14 février sur Radio France Internationale,
tout en reconnaissant que le travail retenu est l'oeuvre d'Oliviero
Toscani, ancien publicitaire du couturier italien Luciano Benetton et
grand habitué des clichés à scandale.
Présenté le mercredi 13 février au Festival de Berlin, "Amen"
n'a pas suscité, avec son affiche, l'indignation exprimée par l'épiscopat
français. Les spectateurs semblaient même considérer comme pertinente
cette représentation graphique du problème posé par le film : le silence
du pape Pie XII pendant la dernière guerre mondiale et, plus généralement,
le mutisme du monde occidental face à la politique d'extermination des
juifs.
Un avis contesté par l'Eglise catholique qui, par l'intermédiaire de
Mgr Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France,
a estimé mercredi que "cette provocation ne peut qu'être dénoncée par
tous ceux qui sont attachés à la dignité humaine, à la liberté religieuse
et au respect des croyances."
"Quelle que soit l'interprétation historique qui peut être donnée du
rôle de l'Eglise et du Vatican durant la Deuxième Guerre mondiale, la
superposition de la croix chrétienne et de la croix nazie crée une identification
intolérable du symbole de la foi des chrétiens avec celui de la barbarie
nazie. "
Cette déclaration ne préjuge pas qu'une poursuite judiciaire
soit engagée, comme ce fut le cas en 1997 contre une campagne publicitaire
de Volkswagen et en 1998 contre l'affiche du film de Milos Forman "Larry
Flint". Actuellement, l'épiscopat français se montre réservé
pour une telle procédure, même s'il n'y a pas totalement
renoncé.
De surcroît, l'Eglise prend soin de ne pas s'attaquer au contenu d'"Amen".
Une fois réglé le problème de l'affiche, "on pourra discuter du film
et de la manière dont il interprète les événements et les faits", a
relevé sur "France Info" le P. Stanislas Lalanne, secrétaire
général de la conférence des évêques de France. "Je ne dis pas que l'Eglise
est sans tache et qu'il n'y a pas eu des erreurs et des silences. La
question n'est pas là."
Le pas judiciaire pourrait en revanche être franchi par des associations
comme l'AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect
de l'identité française et chrétienne) qui a menacé jeudi de s'adresser
au juge des référés pour demander l'interdition de l'affiche pour "diffamation
raciale envers les catholiques".
Pour sa part, le P. Patrick Desbois, chargé par les évêques français
des relations avec le judaïsme, a estimé dans une interview à l'AFP
qu'"Amen." reposait sur un vrai travail en ce qui concerne la Shoah,
mais qu'en revanche sur le rôle du Vatican et de Pie XII, il en restait
aux "clichés", voire à la "caricature".
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques de France
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