04.03 - Afrique de l'Ouest : On attend la réciprocité.
Le dialogue entre catholiques et musulmans
existe, mais il faut le renforcer, et le réaliser dans une réelle
et sincère réciprocité.
La Commission pour les rapports islamo-chrétiens de la CERAO (Conférence
Episcopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest), qui vient de se réunir,
a souligné le fait qu'une plus grande ouverture des catholiques
à l'égard du monde islamique est nécessaire dans les pays où les musulmans
sont très actifs. Dans le même temps, les chrétiens doivent
être formés à ce dialogue
Mgr Kankan, évêque en Guinée, rappelle comment doit
se vivre cette responsabilité des chrétiens : " La vitalité de l'islam
se manifeste par les différents instruments de formation dont disposent
les musulmans, journaux, livres, écoles, bourses d'étude, centre culturels,
etc. On peut constater aussi que les responsables musulmans se prononcent
souvent sur les événements de la société. Chose que l'Eglise catholique
ne fait pas toujours ".
L'objectif du dialogue n'est pas de convertir l'autre, mais de favoriser
une meilleure compréhension et un respect réciproque. Pour cela, seules
les personnes ayant une bonne connaissance de leur propre foi peuvent
apporter une contribution fructueuse, autrement l'on risque de tomber
dans le relativisme religieux et dans le syncrétisme.
... " Il est vrai que les musulmans apprécient certains éléments du
christianisme. Mais nous ne formons pas assez les chrétiens pour qu'ils
puissent se rendre compte de la richesse du christianisme, pour qu'ils
soient des témoins crédibles, et qu'ils soulèvent des questions chez
les musulmans, par leurs paroles et par leurs gestes. Il s'agit de former
le chrétien à la charité, à être un autre Christ : le Christ qui va
partout, qui a l'amour comme stratégie, qui n'a pas peur, qui sait que
l'Esprit travaille dans le coeur de chaque homme, et que toutes les
personnes sont dignes de respect. Le chrétien s'identifie en Jésus pour
le faire vivre aujourd'hui, alors que le monde actuel cherche à le mettre
en marge ".
Un autre obstacle au dialogue est le manque de réciprocité de la part
des islamistes. Dans le monde entier, les chrétiens accordent aux musulmans
la liberté de culte, les permis pour construire des mosquées et la possibilité
de répandre le Coran. Mais, dans différents pays islamiques, arabes
et africains (le Soudan et le Nigéria par exemple), les chrétiens sont
persécutés à cause de leur foi, la construction d'églises et la distribution
des Bibles sont interdites.
Par exemple, dans le diocèse de Djougou, où les musulmans représentent
85% de la population, les jeunes musulmans formés dans les Pays arabes
ont une attitude hostile à l'égard de l'Eglise a. Mais d'autres musulmans
les invitent à être plus tolérants vis-à-vis des chrétiens. Il y a aussi
des tensions au plan social, et l'on note des discriminations envers
les chrétiens qui cherchent une maison ou un travail.
Les responsables de la CERAO chargés des rapports avec les musulmans
voient, dans ces attitudes, une stratégie de défense de l'islam, face
à l'Occident, porteur d'une culture séculaire. Malgré ces problèmes,
les dialogue inter-religieux fait des progrès dans les pays de la CERAO.
Pour cela, beaucoup de diocèses catholiques organisent, comme
c'est le cas au Sénégal, des séminaires d'études islamiques
aux plan national et local. Au Mali, depuis quelques années, les catéchistes
du diocèse de Bamako suivent des cours d'histoire islamique. Il y a
aussi des cours pour les fidèles qui traitent des questions comme la
vie de Mahomet, et les ressemblances et différences entre l'islam et
le christianisme. Au Niger, on discute des rapports avec les musulmans
dans les assemblées générales du Diocèse de Niamey, et l'on organise
des cours de formation sur l'islam, pour les religieuses qui travaillent
dans des centres de formation féminine qui accueillent aussi des jeunes
musulmanes.
Enfin l'expérience de ces pays enseigne que, en général, les conflits,
n'ont pas une cause religieuse, mais que la religion est utilisée par
des hommes politiques sans scrupules. Les tensions de ces derniers mois
en Nigéria et en Côte-d'Ivoire, soulignent l'urgence d'une confrontation
pacifique entre les religions. Même du côté musulman, les processus
de démocratisation contraindront leurs responsables à organiser une
véritable confrontation avec les autres religions.
Pour plus d'informations : Agence Fides
Retour
|