15.03 - Natalité
et développement démographique.
Les sociologues internationaux et les
experts du monde catholique ne voient pas d'un bon oeil la diminution
de la population globale annoncée par les Nations-Unies.
En effet si le taux de natalité dans les Pays en voie de développement
est en diminution, mais ce fait ne constitue pas un succès et peut même
devenir facteur de déséquilibre à plus ou moins
longue échéance. L'Inde verra sa population diminuer de
plusieurs dizaines de millions d'habitants, la Chine également,
alors que l'Afrique connaît de graves problèmes causés
par les épidémies.
Du 11 au 14 mars, la Section pour la Population, aux Nations-Unies,
a réuni à New York un groupe de spécialistes des questions de démographie.
Si l'ONU prévoyait en 1999 que, en 2050, la population mondiale dépasserait
9 milliards d'habitants, elle déclare à présent que ces estimations
doivent être revues, en les abaissant de 500 millions, en raison d'une
baisse nette de la fertilité des femmes.
Ce phénomène est évident en Amérique Latine et dans le Sud-est asiatique.
" Ces estimations démentent les cassandres qui, ces dernières années,
ont publié des prévisions alarmistes sur la croissance de la population
mondiale. Elle tendent à reconsidérer la politique de contrôle démographique
menée par le Fonds de l'ONU pour la Population (UNFPA)."
D'après certains experts, l'inversion de tendance par rapport aux prévisions
d'explosion démographique, est due à croissance de la conscience des
femmes et précisément à l'efficacité de la politique de planification
familiale réalisée par l'UNFPA dans les Pays du Tiers-monde.
Dans un entretien avec Fides, Madame Eleonora Masini, professeur à la
Faculté des Sciences sociales de l'Université Pontificale Grégorienne,
et Présidente de l'Association " Women's International Network ", déclare
: " Il est hasardeux d'attribuer le phénomène du déclin de l'humanité
à une plus grande maturité des femmes. Les femmes du Tiers-monde ont
moins d'enfants, non pas en raison d'une croissance culturelle, ou d'un
progrès dans l'éducation, mais bien plutôt pour des raisons graves :
la pauvreté, le SIDA, le manque d'eau, les maladies, les conflits qui
se prolongent."
..." Dans certains Pays comme la Guinée-Bissau, le Niger, la Sierra
Leone, le Bangladesh, dit-elle également, l'espérance de vie
arrive avec peine à 40 ans. Dans le monde industrialisé en revanche,
la baisse générale de la natalité est due à la société de consommation,
qui privilégie les biens matériels au détriment de la famille. Cette
tendance dure depuis plusieurs décennies ".
... " La politique de l'ONU, insiste Mme Masini, privilégie trop souvent
le développement économique, et ne considère pas le développement humain,
qui consiste dans la possibilité d'accéder aux ressources, à l'éducation,
à être plus présents et plus conscients, comme le rappelle le spécialiste
M. Amartya Sen. Pour contribuer au développement des Pays du Tiers-monde,
il faut penser à la question de la population non pas seulement en termes
quantitatifs, mais aussi en termes qualitatifs ".
Dans un entretien donné à l'agence vaticane Fides, le
P. Bernard Przevozny, fait remarquer que " l'UNFPA devrait s'occuper
moins des statistiques et plus de la qualité de la vie, du bonheur des
gens. Il faut apporter un soutien à la politique familiale dans plusieurs
Pays, cas pas cas. On ne peut imposer un modèle global unique de développement
et de contrôle démographique. L'ONU devrait appliquer une sorte d'inculturation
de la politique familiale, fondée sur le respect de la culture locale,
et variable en fonction des contextes ".
... " Une politique de contrôle démographique rigide met en danger l'avenir
de l'humanité et fait du tort, au lieu de l'aider, au développement
des Pays pauvres. Elle applique un modèle culturel de modèle américain,
qui a une vision déformée de la politique de développement. Pour les
gens qui vivent à New York, une famille de huit enfants est une catastrophe
; pour une mère brésilienne, c'est une bénédiction... Une famille nombreuse
est considérée comme une richesse. Viser à une famille d'un ou deux
enfants, comme en Occident, entraîne un appauvrissement de la vie de
la famille et de la société. On ne peut exporter ce modèle dans le Sud
du monde ".
Pour plus d'informations : Agence Fides
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