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17.03 - Pakistan : Blasphème et peine
de mort.
Un chrétien accusé de blasphème a été
condamné à mort en première instance, et en appel par un tribunal pakistanais.
A la fin du mois de février, ses avocats ont présenté un recours à la
Cour Suprême du Pakistan.
S'il est condamné, il sera la première personne à être exécutée au Pakistan
pour délit de blasphème. Pour le moment, M. Masih est détenu dans la
prison de Multan, où il est isolé dans une cellule de 2m sur 1,3m, sans
lumière, sous une chaleur qui arrive souvent à 50° dans la journée.
La loi sur le blasphème, introduite en 1986 punit " tous ceux qui, par
des paroles ou des écrits ou des représentations visuelles, et par tout
autre moyen, directement ou indirectement, offensent le saint prophète
Mahomet ". D'après les observateurs, cette loi est devenue une arme
contre les chrétiens pour résoudre des querelles personnelles.
M. Ayub Masih, un chrétien pakistanais d'une trentaine d'années, de
Arifwala au Pundjab, a été accusé par M. Muhammad Akram, son voisin,
d'avoir déclaré : " Si tu veux connaître la vérité sur l'islam, lis
Salman Rushdie ". Le 27 avril 1998, il a été condamné à mort. Quelques
jours plus tard, le 6 mai 1998, en signe de protestation, Mgr John Joseph
s'est donné la mort sur les marches du tribunal de Sahiwal au Pundjab.
Le 24 juin 2001, la Haute Cour de Lahore, section de Multan, a repoussé
l'appel de M. Masih, soutenu par " Amnesty International ". D'après
l'association " Christian Solidarity Worlwide ", qui défend les chrétiens
dans le monde, " le texte de la loi sur le blasphème est notoirement
vague. Tout le monde peut être déclaré coupable de blasphème, car on
n'exige pas des preuves.
L'accusation contre M. Ayub Masih a été construite de manière artificielle
pour contraindre 15 familles chrétiennes de son village à céder dans
un litige à propos de terrains. Il n'y a pas de preuve de culpabilité
à sa charge, et le verdict déjà rendu est le fruit des pressions des
fondamentalistes islamistes sur les juges ".
Les chrétiens, mais aussi des musulmans modérés, continuent à demander
l'abrogation de la loi sur le blasphème. Au Parlement, une motion a
été présentée pour en demander l'abolition. Au mois de mai 2000, M.
Musharraf avait annoncé une modification de la loi, mais, cédant ensuite
aux pressions des intégristes islamiques, il avait fait marche arrière,
ce qui avait suscité le mécontentement des minorités.
D'après la Commission " Justice et Paix ", les accusations contre M.
Parvaiz Masih ont pour motif la jalousie. Au mois de janvier 2001, trois
chrétiens accusés de blasphème à Lahore, ont été innocentés, et leur
accusateur a été condamné pour faux témoignage.
Au Pakistan, sur 140 millions d'habitants, dont 97% de musulmans, il
y a environ 3 millions de chrétiens : ils en appellent à la conception
laïque de l'Etat, proclamée par le Père fondateur de la Nation, Ali
Jinnah, en 1947.
Pour plus d'informations : Agence Fides
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