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06.04 - Madagascar : Respectez la volonté du peuple.

"Il faut reconnaître la légitimité du vote populaire si nous voulons éviter les violence et les affrontements, a déclaré Mgr Félix Ramananarivo, évêque d'Antsirabé, parce qu'il ne sera pas possible de bâtir l'avenir de Madagascar en mettant de côté le peuple".

Le pays est en effet au bord de la guerre civile ou, peut-être, d'un tournant démocratique inédit. Le contexte à Madagascar oscille entre des extrêmes qui entraînent le pays dans le marasme d'une impasse institutionnelle sans précédent et sans voie d'issue.

Tout la commencé avec l'élection présidentielle controversée du 16 décembre 2001. Plus d'un mois après, la Cour Constitutionnelle a attribué 40,8 pour cent des voix au président sortant, Didier Ratsiraka, et 46,21 pour cent à son rival, Marc Ravalomanana. Un résultat fortement contesté par les sympathisants de ce dernier, qui n'ont cessé de dénoncer fraudes et irrégularités et de revendiquer la majorité absolue pour leur candidat.

Après l'auto-proclamation de Ravalomanana à la présidence le 22 février dernier (l"investiture populaire", comme préfèrent l'appeler ses partisans), le pays a, de fait, deux présidents et deux gouvernements et risque de se précipiter dans une dangereuse spirale de haine tribale, fomentée par Ratsiraka, qui cherche à récupérer un pouvoir que bien peu de personnes sont disposées à lui restituer.

"Le président sortant doit respecter la volonté populaire, a déclaré au magazine italien 'Mondo e Missione' l'évêque Antsirabé, Mgr Félix Ramananarivo, de passage à Milan, et l'Eglise appuie cette volonté. La communauté internationale doit aussi accepter le fait que les résultats divulgués par la Cour Constitutionnelle sont faux. La population a choisi le renouveau; elle veut la relance de l'économie et en a assez de la corruption du système Ratsiraka. Elle demande plus d'honnêteté et de légalité".

L'évêque de la capitale, Antananarivo, Mgr Armand Gaétan Razafindratandra, s'est lui aussi nettement rangé du côté de Ravalomanana, participant à sa cérémonie d'investiture du 22 février dans un stade comble devant plus de 250.000 personnes. "La communauté internationale doit elle aussi respecter la volonté du peuple, répète Mgr Ramananarivo, mais de nombreux pays, la France en tête, s'accrochent à une légalité qui n'est plus désormais. Nous sommes surpris par le fait que l'Organisation de l'Union Africaine (OUA), qui prêche tant la démocratie, ne reconnaisse pas les fraudes flagrantes qui ont entâché ces élections. Certaines des irrégularités ont été plus qu'évidentes; comment est-il possible que les observateurs internationaux n'aient rien vu? La France continue de soutenir obstinément Ratsiraka et, à travers lui, ses propres intérêts. Mais la communauté internationale doit reconnaître la légitimité de la victoire de Ravalomanana".

"La situation dégénère, commente l'évêque, Ratsiraka tente d'alimenter les conflits ethniques, faisant appel à la haine tribale , qui n'existe pas en réalité à Madagascar ou qui est très mitigée. C'est une voie extrêmement périlleuse qui risque de dégénérer en une profonde crise sociale"... "Il faut reconnaître la légitimité du vote populaire si nous voulons éviter les violence et les affrontements. Parce qu'il ne sera pas possible de bâtir l'avenir de Madagascar en mettant de côté le peuple".

Pour plus d'informations : Agence Misna

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