10.04 - L'intangible dignité de la vie
humaine.
Dans une lettre pastorale commune rendue
publique lundi 8 avril, les "évêques des trois frontières",
Fribourg-en-Brisgau, Strasbourg et Bâle, ont clairement tracé les limites
éthiques dans les domaines biomédical et génétique.
Signé par Mgr Oskar Saier (Fribourg-en-Brisgau), Mgr Joseph Doré (Strasbourg)
et Mgr Kurt Koch (Bâle), ce document d'une dizaine de pages sur les
problèmes biomédicaux et génétiques rappelle le principe de l'intangibilité
de la vie humaine "depuis la conception jusqu'à la mort naturelle".
Les évêques des trois frontières affirment que de nouveaux défis se
présentent au commencement de la vie humaine par suite des développements
très rapides en biomédecine et en génie génétique, dans les disciplines
des "sciences de la vie".
Ce n'est pas par hasard que ce document a été présenté par les évêques
des trois diocèses voisins de Suisse, d'Allemagne et de France : cette
région centrale d'Europe, rappelle la lettre pastorale, est le siège
du Parlement européen à Strasbourg, celui des deux Tribunaux suprêmes
d'Allemagne à Karlsruhe - où l'on traite de cas concernant la dignité
humaine et les droits de l'homme - et abrite de nombreux instituts de
recherche concernés par les problèmes de bioéthique. La chimie bâloise,
également, est impliquée dans le développement de nouveaux produits
grâce à la recherche génétique.
Les trois évêques mettent notamment en garde contre le
diagnostic préimplantatoire, "orienté d'emblée vers la sélection de
la vie humaine", utilisé dans la fécondation "in vitro". Si l'embryon
est jugé grevé héréditairement, il est détruit. Une telle démarche visant
à éliminer d'emblée toute vie handicapée a de plus des conséquences
très dangereuses pour la relation avec des êtres handicapés. Si l'on
venait à légaliser officiellement le diagnostic préimplantatoire, on
poserait alors de plus en plus nettement la question de savoir pourquoi
un enfant handicapé a été en somme mis au monde.
... "Nous constatons avec une grande inquiétude que la conviction de
la dignité intangible de la vie humaine à partir de la conception est
de plus en plus mise en question dans la société actuelle et qu'ainsi
est légitimée la consommation d'embryons pour la recherche."
La production artificielle et l'utilisation d'embryons humains à des
fins de recherche et l'obtention de cellules souches embryonnaires ne
peuvent jamais être justifiées éthiquement, poursuivent-ils, même si
l'on recherche par ce biais des maladies héréditaires ou la diminution
des souffrances. "En revanche, il n'y a rien à objecter contre la recherche,
qui n'est certes pas encore très développée, concernant les cellules
souches adultes."
Ils mettent également en garde contre une société qui favorise l'avortement,
l'euthanasie, l'aide active à la mort ou la participation au suicide
de personnes fragilisées par la maladie et l'âge. "S'il s'agit pour
la vie humaine non encore née d'une vie humaine qui ne peut encore rien
produire, il s'agit pour la vie malade ou fragile, vieille et mourante,
d'une vie humaine qui ne peut plus rien produire."
En défendant le principe de base de la vie humaine, les trois évêques
ne veulent imposer leurs convictions chrétiennes à une société multiculturelle
et pluraliste, comme on leur en adresse parfois le reproche. "Au contraire,
nous avons la conviction que ce principe de base jaillit de la raison
humaine". Et si l'on ne respecte pas ce principe, concluent-ils, les
fondements de l'Etat de droit démocratique sont ébranlés.
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques de France
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