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22.04 - France : Procédures laïques et justice d'Eglise.

Un important arrêt a été rendu par les magistrats de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles le mardi 9 avril, qui ne permet pas d'utiliser comme preuves dans une procédure "laïque, les éléments recueillis après perquisition dans un tribunal ecclésiastique ".

Un juge d'instruction a-t-il le droit de mener une perquisition dans un tribunal ecclésiastique et d'utiliser les confidences recueillies par une juridiction d'Eglise comme des éléments de preuve dans une procédure "laïque"? Les magistrats de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles ont répondu par la négative.

Le 6 août 2001, le juge Thierry Bellancourt, du tribunal de grande instance de Nanterre dans la région parisienne, avait ordonné une perquisition au tribunal ecclésiastique (ou officialité) de Lyon, dans le cadre d'une information judiciaire concernant un religieux. Le prêtre était mis en examen pour "viols par personne ayant autorité". Au cours de ses recherches, la police judiciaire avait découvert qu'une enquête préliminaire concernant le religieux était déjà ouverte auprès du tribunal ecclésiastique de Lyon, à la demande de l'évêque d'Autun en Bourgogne.

L'enquête "canonique" avait été confiée au juge au tribunal ecclésiastique de Lyon, dont dépend le diocèse d'Autun. Le juge d'instruction de Nanterre a demandé au Père Braux la communication des pièces en possession du tribunal ecclésiastique. Il fit saisir une quantité importante de documents, certains sans rapport avec la procédure. Le diocèse de Lyon avait fait appel de cette décision. Il vient d'obtenir gain de cause. L'ensemble des documents saisis ont été remis au diocèse de Lyon.

Dans leur arrêt, les magistrats de la chambre de l'instruction de Versailles estiment que la perquisition peut être analysée comme "un procédé déloyal", attentatoire aux droits de la défense. "La procédure canonique est régie par des obligations précises, comme celle, pour la personne qui dépose, de dire la vérité sous la foi du serment, fût-ce pour s'accuser, et par des règles procédurales particulières, fondées notamment sur un secret absolu, qui procède du secret professionnel des ministres du culte, et incite les personnes entendues à la confidence, dans le cadre d'une relation fondée sur le partage d'une même foi et des mêmes dogmes", souligne la chambre de l'instruction.

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France

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