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17.05 - Conscience des riches et voix des pauvres.

L'Eglise doit devenir la conscience des riches et la voix des pauvres pour être authentiquement missionnaire et authentiquement crédible.

Lors de l'Assemblée du SEDOS (Service d'information pour les religieux) l e P. Robert Schreiter, missionnaire, théologien, professeur à la Catholic Theological Union de Chicago et conseiller général de sa congrégation, a voulu imaginer comment l'Église devrait être missionnaire en l'an 2025. Il divise sa réflexion en deux parties.

La première concerne le scénario socio-politique et la deuxième le scénario religieux.

Au point de vue du scénario socio-politique, le monde en l'an 2025 se présentera sous une forme très différenciée, avec une Europe caractérisée par la baisse démographique et par une certain déclin technologique prévisible, vu que "l'innovation technologique, qui a été la plus grande source de nouveauté et de bien-être à partir du XVIe siècle, est le produit typique de l'activité des jeunes, âgés de vingt à trente ans".

En outre, l'Europe est traversée par des vagues migratoires de musulmans et d'hindous et l'Afrique sera la continent le plus peuplé au point de vue chrétien, bien que frappé par le SIDA, par la corruption, par les conflits qui marqueront "la lutte continuelle pour la survie". En revanche, c'est l'Asie qui dominera la scène mondiale "et qui a la possibilité d'être le continent le plus vital au point de vue culturel et technologique", parce que l'Amérique restera stable et l'Océanie absorbera les immigrés venus des autres pays asiatiques.

Dans ce scénario, qui est aussi celui des chercheurs socio-économiques de tous horizons, "la différence réelle" entre riches et pauvres s'accentuera toujours plus, surtout sur le plan des conséquences politiques, et nous assisterons à une situation où "une grande partie de la population jeune se concentrera dans les zones du monde où elle n'aura pas de ressources à sa disposition". Les pays occidentaux riches découvriront qu'ils ne pourront plus continuer sans résoudre le dilemme de l'avenir des pauvres.

Sur le plan religieux, la croissance de l'Islam sera le vrai phénomène avec lequel il faudra compter, car les musulmans enregistrent la croissance démographique la plus élevée et ils savent garder leur identité bien plus que les autres.

L'Eglise devra donc tenir compte de toutes ces prévisions conjoncturelles.

S'il est vrai que l'Asie sera le centre du monde au cours des prochaines décennies, alors le christianisme - comme le soutient la Fédération des Conférences Episcopales Asiatiques - devra affronter trois défis: s'inculturer dans les milieux asiatiques, dans la pauvreté asiatique, dans les nombreuses cultures sur le Continent. "Sans de sérieux efforts d'inculturation, le christianisme aura perdu l'occasion d'être une voix en faveur de la justice et de la paix dans un monde instable".

Et le monde sera d'autant plus instable qu'il sera plus dominé par le capitalisme néolibéral, "instable au point de fomenter la violence", parce qu'il exclut du développement des couches si vastes de la population qu'il ne reste d'autre solution que la violence. "Bref, l'Église doit devenir la conscience des riches et la voix des pauvres", affirme le P. Robert Schreiter.

"En même temps, en tant qu'Église des pauvres, elle doit faire en sorte que leur voix soit écoutée quand la presse et les autres médias l'ignorent et quand les riches évitent de l'écouter. Elle doit dénoncer les machinations et les systèmes adoptés en vue de laisser les pauvres dans leur état de survie pure et simple, empêchant ainsi toute amélioration".

L'Église doit assumer ce défi dans le dialogue interreligieux, parce que "seules les fortes initiatives interreligieuses dans les terres où les conflits augmentent pourront prévenir la manipulation de la religion et son asservissement à la violence".

Dans quelques années, par exemple, d'après les données disponibles aujourd'hui, "la majorité des membres des Instituts religieux viendront de l'Église des pauvres". Le défi viendra encore une fois de l'Asie, où beaucoup d'Instituts croissent aujourd'hui au point de vue numérique. "La dissension entre le Vatican et les théologiens de l'Inde au début du XXIe siècle préfigure en quelque sorte le changement, en pensant au fait que l'Évangile sera authentiquement écouté en Asie.

Pour plus d'informations : Agence VID

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