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15.05 - France : L'Islam, un moyen de s'affirmer.

Une étude sur "L'Islam à l'école", réalisée par les sociologues Khadija Mohsen-Finan et Vincent Geisser pour l'Institut des hautes études sur la sécurité intérieure (Ihesi), apporte d'intéressantes réflexions sur les préoccupations des jeunes issus de l'immigration maghrébine.

Durant les années 2000 et 2001, ils ont interrogé 494 collégiens et lycéens de Lille, Montbéliard et Marseille. Cette enquête montre que, chez les jeunes, l'Islam est plus un "moyen de s'affirmer" qu'une "conviction religieuse." Par opposition à l'Islam des parents émigrés de la première génération, l'Islam des jeunes socialisés et scolarisés en France constitue un moyen de s'affirmer en tant que minorité musulmane définitivement installée."

Parmi ces lycéens, 42 % étaient de confession musulmane. L'étude établit alors une comparaison entre élèves musulmans et non-musulmans sur trois thèmes : le rapport à l'institution scolaire, la socialisation politique et la place de la religion.

La première leçon de ce travail est que les élèves d'origine maghrébine se définissent principalement comme musulmans. A la question :"Parmi les éléments suivants, lequel te caractérise le mieux ? ", 33% citent en tête la religion, devant le lieu d'habitation (11,4%), ou la couleur de la peau (10,5%). Chez les élèves non-musulmans, c'est l'identité homme-femme qui est citée en premier (24,6 %), suivie du lieu d'habitation (27 %), la religion n'étant choisie que par 4% d'entre eux.

85,7 % des élèves musulmans estiment que les convictions religieuses sont "importantes " ou "très importantes", contre 35,6 % des élèves non-musulmans. Mais pour les auteurs de l'étudece classement ne préjuge en rien de la place concrète de la religion dans la vie quotidienne des élèves. Le reférent religieux jouerait davantage, selon eux, le rôle d'un "marqueur social". 25,7 % des élèves musulmans affirment se rendre dans un lieu de culte au moins une fois par semaine, 85 % déclarent suivre toujours le jeûne du Ramadan et 81 % affirment manger halal à la maison.

Les collégiens et lycéens de confession musulmane ont une conception de la laïcité plus ouverte que leurs camarades non-musulmans : 52,4 % seraient favorables à l'introduction de cours de religion à l'école (10,6 % chez les non-musulmans) et 63 % sont partisans du port de signes religieux dans l'institution scolaire (28,5 % chez les non-musulmans). Cependant, les élèves musulmans ne remettent pas en cause le principe de la laïcité.

En matière de mœurs, les collégiens et lycéens musulmans sont plus conservateurs : contrairement à leurs camarades non-musulmans, ils sont majoritairement hostiles à l'avortement (52,9 %) et aux relations sexuelles avant le mariage (51,4 %). De même, 70 % d'entre eux sont opposés à la dépénalisation de l'usage du cannabis (48,2 % des non-musulmans).

Pour plus d'informations : Union des jeunes musulmans

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