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03.06.02 - Philippines : Des indigènes oubliés.

Les appels à l'aide des tribus indigènes du sud des Philippines risquent de rester sans réponse, car les medias préfèrent parler du conflit incessant qui oppose les troupes militaires aux extrémistes islamiques.

C'est ce que déclare à l'agence Misna, le P. Angelo Biancat, missionnaire du PIME (Institut Pontifical des Missions Etrangères), qui oeuvre depuis 32 ans dans le sud du pays asiatique et qui connaît bien la tribu Subana, formée de près de 600.000 personnes dispersées sur l'île de Mindanao (17 millions d'habitants).

"Il s'agit des premiers habitants de cette terre" explique le missionnaire italien, originaire d'Aviano (province de Pordenone) et résident à Zamboanga, "Ils ont assisté au cours des siècles derniers à l'arrivée des Espagnols, aux incursions des musulmans de Jolo (sud de l'archipel) et à l'immigration en provenance du nord et du centre des Philippines. Peu à peu, les habitants des tribus ont perdu les terrains situés près des cours d'eau ou de la mer et ont été poussés vers les zones internes, où ils sont devenus nomades ou semi-nomades.

Ils ont ainsi perdu leur identité culturelle et cela a été pour eux une véritable tragédie". Le P. Biancat souligne que la période la plus difficile pour les Subanas a été celle des années 50 et 60, quand les grandes sociétés ont commencé à exploiter les forêts méridionales. "Les ouvriers de ces compagnies ont fini par usurper les meilleurs terrains aux autochtones, qui n'avaient pas le sens de la propriété privée" poursuit le missionnaire.

"En outre, les Subanas, majoritairement animistes, ont été pris en étau entre le gouvernement qui lutte contre la guérilla islamique présente dans la région et les musulmans qui veulent l'autonomie de leurs territoires. Les médias s'intéressent surtout à ce conflit et oublient les exigences et les problèmes des tribus, qui deviennent dans certains cas des proies faciles pour les extrémistes islamiques et les rebelles communistes, avides de les faire entrer dans leurs rangs".

Il existe en outre à Zamboanga une autre tribu, celle des Kalibugam, née des unions matrimoniales entre Subanas et musulmans du sud, qui fournit des hommes à le rébellion. Certains Kalibugams sont en effet des rebelles et sont liés au groupe islamique extrémiste Abu Sayyaf.

Pour plus d'informations : Agence Misna

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