14.06.02 - USA : Ecarter sans exclure.
Après plusieurs mois de scandales qui
ont gravement ébranlé l'Eglise aux Etats-Unis, la Conférence épiscopale
a renoncé à exclure les prêtres pédophiles mais a décidé que les coupables
se verraient interdire tout contact avec les fidèles.
La charte "pour la protection des enfants et des jeunes" qui devra
recevoir le feu vert du Vatican et être respectée par les 178 diocèses
du pays, a été approuvée à Dallas par 239 voix contre 13, sous les applaudissements
de l'assemblée, le vendredi 14 juin.
"A compter de ce jour, personne qui soit connu pour avoir sexuellement
abusé d'un enfant ne travaillera dans l'église catholique aux Etats-Unis",
a déclaré l'évêque Wilton Gregory, qui présidait la conférence. Il a
présenté des excuses au nom de son institution pour sa "reconnaissance
tragiquement lente de l'horreur" de la pédophilie. En vertu de la politique
définie par la Conférence, les coupables d'abus sexuels passés ou à
venir resteront prêtres mais se verront interdire tout travail lié à
l'Eglise, de la célébration de la messe, à l'enseignement dans une école
paroissiale.
Bref, les coupables seront tenus à l'écart des paroissiens. Les prêtres
peuvent toujours être "réduits à l'état laïc",
(au sens latin du terme, reconduits) mais cette décision reviendra à
l'évêque, sur l'avis d'un conseil composé principalement de laïcs.
Depuis janvier, date où le scandale des prêtres pédophiles a éclaté,
au moins de 250 des 46.000 prêtres américains ont été suspendus ou ont
démissionné après des plaintes pour abus sexuels. Quatre évêques ont
également quitté leurs fonctions mais aucun n'a démissionné pour avoir
mal géré les cas de prêtres pédophiles.
Avant la réunion, il y avait des rumeurs selon lesquelles les évêques
allaient adopter une politique de "tolérance zéro", y compris pour les
évêques qui ont couvert ces abus. Cette orientation a été
finalement abandonnée par la Conférence épiscopale qui a argué qu'il
semblait injuste de condamner des évêques en fin de ministère
pour des faits qui dataient de plusieurs dizaines d'années en arrière.Certains
responsables du Vatican s'opposaient d'ailleurs à une politique de "tolérance
zéro" pour les prêtres pédophiles.
L'évêque de Salt Lake City, Mgr George Niederauer, membre du comité
qui a présenté la charte, a expliqué que ce programme permettrait de
protéger les enfants. Mais les victimes se sont dites indignées d'une
telle décision. Sheila Daley, une membre du mouvement catholique libéral
"Call to action", a qualifié cette charte de "faible" et "inadéquate".
"Tant que les auteurs (de ces abus sexuels) peuvent utiliser le mot
'Père' pour se décrire, ils restent susceptibles de leurrer d'autres
victimes", a-t-elle souligné. Son mouvement était favorable à la politique
de "tolérance zéro" pour les auteurs des agressions les plus graves
et à la politique de "deuxième chance" pour les auteurs de délits moins
importants.
Par ailleurs, les diocèses n'auront plus le droit de signer d'accords
de confidentialité avec les victimes, à moins que celles-ci n'insistent,
dans le cas de poursuites judiciaires au tribunal civil. Les évêques
devront signaler aux autorités publiques toutes les plaintes pour pédophilie.
Des conseils, composés principalement de laïcs, seront mis en place
pour examiner les accusations, ainsi que les réponses apportées par
le diocèse. Un conseil national se réunira chaque année pour voir si
les diocèses ont respecté la charte.
Pour plus d'informations : Agence
CNS
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