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14.06.02 - Suisse : L'accompagnement des mourants.

Lors de son assemblée annuelle, du 3 au 5 juin, la Conférence des évêques suisses (CES) a réfléchi et mis au point un document sur l'accompagnement des mourants et l'euthanasie.

En Suisse comme dans de nombreux pays, la question de l'euthanasie est très présente depuis plusieurs années. La question du statut légal de l'euthanasie est fortement débattue dans ce pays et doit faire l'objet d'une votation tôt ou tard. Pour cette raison, les évêques suisses tiennent à s'exprimer sur cette question éthique de première importance, dans le cadre plus vaste d'une réflexion sur le sens chrétien de la mort.

Le document rappelle tout d'abord , sur un plan anthropologique, que la mort fait partie intégrante de la vie. Il en rappelle trois dimensions essentielles : 1) La mort est plus que la fin de la vie, car elle marque toute l'existence. 2) La dimension sociale de la mort nous touche peut-être davantage. Pour celui qui meurt comme pour son entourage, il s'agit de prendre congé. 3) Du point de vue religieux, la mort nous emmène vers l'inconnu, vers le " Tout-Autre ".

Le 2e chapitre du document parle de l'approche chrétienne de la mort.Le Nouveau Testament propose une nouvelle approche de la mort : c'est celle du Christ " pour nous ". : " Il y a ici davantage qu'une vague espérance en une hypothétique résurrection des morts. Nous affirmons une conviction forte : notre mort corporelle ne débouche pas sur la mort, mais sur la vie auprès du Père avec le Christ ".

Le 3ème chapitre rappelle que cette conviction et cette espérance font de la mort un moment solennel, un moment empreint de dignité.Au moment de la mort, l'homme ne peut plus lui-même disposer de sa vie, mais il fait l'expérience radicale de sa fragilité et de sa dépendance des autres. Le rôle de l'accompagnement au décès consiste à faciliter l'acceptation de la mort comme une intervention extérieure décisive.

Le 4e chapitre affronte le thème central : l'assistance au décès et ses limites. Il précise tout d'abord le vocabulaire :

- 1- L'euthanasie passive, qui consiste en l'omission d'un traitement ou son interruption. Pour l'Eglise, l'arrêt de procédures médicales disproportionnées avec les résultats attendus peut être légitime.
- 2- L'euthanasie (active) indirecte : traitement des symptômes et de la douleur au risque d'abréger la vie. Pour l'Eglise, l'usage des analgésiques pour alléger les souffrances du mourant, même au risque d'abréger ses jours, peut être moralement conforme à la dignité humaine si la mort n'est pas voulue.
- 3 -L'euthanasie active directe : le meurtre sur demande, dont il est abondamment question actuellement dans nos sociétés. Du point de vue chrétien, l'euthanasie active directe ne constitue en aucun cas un geste de compassion. Elle est contraire au commandement qui interdit de tuer l'innocent et au devoir de protéger toute vie humaine. Elle part d'une fausse conception de la compassion, qui désire abréger la souffrance et la déchéance du patient. Dans ce contexte, l'argument central pour les évêques est que " plus que la mort, la compassion envers une personne qui souffre doit envisager les soins palliatifs ".

Accompagner les mourants dans leur pleine dignité, tel est l'objet du 5e et dernier chapitre. Cet accompagnement doit répondre aux quatre besoins essentiels d'une personne qui meurt : ne pas mourir dans la solitude, ne pas devoir endurer de trop grandes souffrances, pouvoir mettre en ordre ses affaires et envisager la " suite " avec espérance.

Avec ce document, les évêques ne prétendent pas seulement défendre la dignité de ceux et celles qui meurent, mais aussi apporter leur part à la construction d'une société plus humaine. Dans une annexe, les évêques suisses rappellent les principes qui régissent la manière de conférer les sacrements aux malades et mourants.

Pour plus d'informations : Conférence des évêques suisses

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