18.06.02 - Malawi : Dans un climat
polémique .
Menaces, agressions, vols et maintenant,
l'arrestation d'un prêtre, sont les réactions du gouvernement contre
l'Eglise catholique, ouvertement opposée à une éventuelle modification
de la Constitution.
L'Eglise s'oppose en effet à l'amendement constitutionnel voulu par
le président Bakili Muluzi pour obtenir un nouveau mandat et suggère
en revanche l'organisation d'un référendum pour demander l'avis des
électeurs. Cet amendement est inconstitutionnel et marque une régression
de la démocratie dans le pays.
Les instances gouvernementales favorables au président Muluzi
multiplient des vexations et les pressions contre les diverses composantes
de l'Eglise. L'épisode le plus flagrant remonte au samedi 15 juin. Le
P. Augustin Matola, un religieux Carmes malawien, a été arrêté parce
qu'il avait traduit en Chichewa (la langue locale) le document élaboré
par la Commission Justice et Paix dans lequel l'Eglise exprime son refus
catégorique d'un nouveau mandat de l'actuel président.
Le carmélitain a fait circuler le document parmi les fidèles de sa paroisse,
Chipaso, accomplissant ainsi un geste qui n'est pas resté inobservé,
dans le climat polémique qui anime depuis quelques mois le pays d'Afrique
australe. Le lendemain, peu après l'aube, le gouverneur a ordonné l'arrestation
du religieux, qui a été conduit au poste de police de Kasungu, à environ
120 kilomètres au nord de la capitale, Lilongwe.
Le P. Augustin est un prêtre très connu et très estimé dans la zone,
les policiers catholiques ont dit eux-mêmes qu'il n'y avait aucune raison
de le détenir. Des avocats sont intervenus pour demander sa libération
immédiate. Mais l'ordre de détention préventive a été émis pour "propagande
d'une position contraire au "pouvoir"'.
"Or le document de la Commission Justice et Paix", rappelle l'agence
missionnaire Misna, "avait été publié la veille en anglais sur un quotidien
national. Et personne n'a été arrêté. Il est clair que l'intention est
de s'en prendre à des représentants de l'Eglise".
Dans la soirée, le carmélitain a été libéré sous caution. D'autres sources
religieuses confirment que ces derniers jours, d'autres religieux ont
été attaqués, dont le secrétaire de l'archevêque de Blantyre, la capitale
économique, au sud du pays. Cependant, les hiérarchies ecclésiastiques
ne se laissent pas intimider et ne se retirent pas de la confrontation
durant cette phase délicate pour la nation toute entière.
Le week-end dernier, à Blantyre et à Lilongwe, les diocèses ont organisé
des rencontres de prière qui se sont transformées en occasions de débats
politiques, en présence des représentants de l'opposition. Elles ont
marqué la naissance d'un nouveau mouvement promu par des représentants
de la société civile, le "Front du Malawi pour l'Unité et le Développement"
dont l'acronyme, MAFUNDE, signifie "vague" dans la langue locale.
"Cette nouvelle initiative témoigne du désir de la société d'évincer
les représentants du vieux régime, on a assisté à la naissance d'une
force politique qui ne veut pas que la démocratie soit bafouée dans
le pays" a poursuivi notre interlocuteur.
Pour plus d'informations : Agence Misna
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