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20.06.02 - Canada : Un évêque d'origine "Inuit".

L'Eglise anglicane du Canada vient d'élire le premier évêque originaire des populations Inuits pour être évêque diocésain dans les régions arctiques.

Né dans un camp de chasse et élevé en plein air, Andrew Atagotaaluk était âgé de 21 ans et servait d'interprète à un évangéliste américain quand sa vocation lui a été révélée. "Lorsque Dieu m'a appelé, il savait que j'étais Inuit. Il savait que ma vie évoluait dans cet environnement. Il n'est pas venu pour changer cela, mais il m'a insufflé ce qui était utile dans cette culture."

Marié et père de six enfants, il a étudié au Centre de formation théologique de Pangnirtung dans l'île de Baffin, juste au-dessous du cercle arctique. Il a été ordonné diacre en 1975 et prêtre l'année suivante. Après avoir travaillé dans plusieurs communautés arctiques, il a été élu évêque suffrageant en 1999 au Nunavik, dans le nord du Québec.

Le diocèse de l'Arctique représente presque 40% du territoire du Canada. Il touche le pôle nord et s'étend du Labrador à l'est jusqu'à la frontière du Yukon au Canada occidental. Il compte seulement 53.000 habitants - dont 18.000 anglicans.

La majorité du clergé du diocèse est, comme Andrew Atagotaaluk, autochtone. L'isolement et le taux élevé d'épuisement sont des sujets d'inquiétude pour les membres du clergé de cette région peu peuplée, où les longues distances les empêchent d'avoir le soutien de collègues. "Ils ont besoin de quelqu'un à qui se confier, quelqu'un qui connaisse bien ces problèmes", souligne à l'agence œcuménique ENI le nouvel évêque, pour qui répondre à ce besoin sera une priorité de son ministère diocésain.

Parcourir son diocèse n'est pas aisé. Il y a peu de routes reliant les habitations dans cette immense étendue. Voyager entre les paroisses se fait presque exclusivement par vol régulier ou charter - ce qui est une option coûteuse. Par ailleurs, les vols sont souvent annulés en raison des mauvaises conditions météorologiques, ce qui empêche de respecter les rendez-vous. Et comme les vols ne sont souvent pas directs, il faut effectuer des escales, parfois de nuit.

Par ailleurs, comme la plupart des marchandises doivent être expédiées dans la région par air ou mer, le coût de la vie est élevé, et les habitants sont relativement pauvres. Le diocèse reçoit 50% de son budget de l'Eglise nationale. Un autre problème est la pénurie de clergé. "Nous devons compter sur des catéchistes et des laïcs pour assurer la marche de nos paroisses", souligne Andrew Atagotaaluk. Des appels lancés aux prêtres à travers le Canada ont reçu peu d'échos et le diocèse cherche aujourd'hui à renforcer la formation des autochtones.

Le nouvel évêque a rappelé combien la région avait changé depuis les débuts de l'exploitation du pétrole dans les années 60, qui a entraîné un bouleversement de la structure sociale. Dans le territoire du Nunavut - région autonome formé en 1999 dans l'Arctique oriental - les taux de chômage et de suicides sont considérablement plus élevés que dans le reste du Canada. De nombreux jeunes consomment des drogues et de l'alcool, et les Inuits, dit-il, "risquent de perdre leur langue et leur culture".

Les Eglises et organisations religieuses ont tenté à plusieurs reprises de s'attaquer à ces problèmes. Des missions évangéliques ont essayé de ramener les gens au sein de l'Eglise. Une équipe soutenue par la Société biblique canadienne a achevé une traduction de la Bible en Inuktutut - projet qui a pris 24 ans.

Pour plus d'informations : Agence ENI

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