06.07.02 - Pérou
: Vivre en accord avec la réalité.
Plusieurs responsables d'Eglise péruviens
ont lancé un appel à la tolérance et à l'unité après les protestations
contre le gouvernement et alors que la popularité du président Alejandro
Toledo diminue.
"Nous devons promouvoir le dialogue et l'unité afin de régler nos problèmes
et garantir une vie dans la dignité pour tous les Péruviens", a expliqué
à l'Agence œcuménique ENI Victor Arroyo, directeur exécutif du Conseil
national des évangéliques (CONEP). Ses propos ont été repris par le
cardinal Juan Luis Cipriani, archevêque catholique de Lima, qui souligne
que "les circonstances nous obligent à rechercher l'unité".
Un récent sondage, effectué à Lima le 21 juin, indique que 82,6% des
personnes interrogées désapprouvent le président, entré en fonctions
le 28 juillet de l'an dernier. La popularité d'Alejandro Toledo est
encore plus basse hors de la capitale où les gens sont récemment descendus
dans les rues, bloquant les autoroutes et s'attaquant aux biens publics
et privés, pour protester entre autres contre la pénurie d'emploi et
le projet du gouvernement de privatiser deux sociétés.
Ces dernières semaines, les protestations se sont étendues de la ville
d'Iquitos (Amazonie) jusqu'à Tacna, à la frontière du Chili, dans le
sud. Selon Victor Arroyo, le gouvernement précédent d'Alberto Fujimori
avait gagné plus de 9,2 milliards de US.dollars de revenus générés par
la privatisation, or ceux-ci n'ont pas servi à améliorer la qualité
de vie de la population. "La privatisation est importante, mais la privatisation
seule ne réglera pas les problèmes des gens".
Plus de 50% des Péruviens vivent en-dessous du seuil de pauvreté, fait-il
observer, et plus de 25% vivent dans une extrême pauvreté. Selon des
estimations officielles, certains survivent avec moins d'un dollar par
jour.
Mgr Cipriani ne pense pas cependant qu'il faille refuser une privatisation
que apporte au Pérou d'importants investissement étrangers.
"Il est inacceptable et arrogant de penser que le Pérou n'a pas besoin
d'aide extérieure", même si le gouvernement doit faire un effort pour
"que les bénéfices profitent aux plus pauvres". "Dans une économie mondialisée,
dit-il, nous ne pouvons refuser les investissements étrangers, ni rejeter
les améliorations économiques qui proviennent des privatisations ou
des concessions".
Mais nombre de Péruviens rejettent ce point de vue. "L'Eglise devrait
vivre en accord avec la réalité et devrait écouter les fidèles catholiques
qui manifestent", a répondu déclaré Simon Balbuena, président d'une
association de maires.
Pour plus d'informations : Agence ENI
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