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08.07.02 - Le droit à la vie, le droit de la femme.

"C'est une période sombre, triste pour cette grande Europe", déclare le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, à la suite de la résolution du Parlement Européen, votée le 3 juillet, en faveur de la légalisation de l'avortement.

Votée le 3 juillet dernier avec 280 voix pour, 254 contre et 28 abstentions, cette résolution du Parlement Européen sur "la santé et les droits sexuels reproductifs" proposée par la Commission des droits de la femme "recommande, pour protéger la santé et les droits reproductifs de la femme, que l'avortement soit légalisé, sûr et accessible à tous".

En outre, cette résolution "invite les gouvernements des Etats membres et des pays candidats, à s'abstenir, dans tous les cas, de poursuivre les femmes qui ont eu un avortement illégal".


Le président du Conseil pontifical de la famille note, dans "l'Osservatore Romano" du 6 juillet, le quotidien du Vatican, que cette résolution cherche à "imposer une mentalité". Même s'il ne n'agit pas d'un texte qui oblige les parlements nationaux, il "met cependant en mouvement, par des modalités et des mécanismes provocateurs, des propositions qui peuvent créer une grande confusion dans l'opinion publique."

... "La vérité est soumise à différentes manipulations politiques, ajoute-t-il, et on cherche à imposer une mentalité qui, en réalité, manifeste une maladie avancée de l'esprit". Si l'avortement a toujours été un "crime abominable", la "triste nouveauté" souligne le président du conseil pour la famille est que "l'avortement sera accessible, c'est-à-dire, facilité et à bon marché". "Accessibilité inexplicable, alors qu'en Europe certains pays sont de plus en plus conscients de la 'tutelle des embryons."

... "C'est une période sombre, triste pour cette grande Europe" regrette-t-il, tout en espérant qu'"un jour viendra où une conscience historique lucide, que la démocratie authentique doit faire mûrir, fera surgir des sentiments de honte pour les crimes commis contre la vie humaine naissante" au même titre que, dans le passé, pour l'esclavage et les discriminations raciales.

Pour sa part, Mgr Elio Sgreccia, vice-président de l'Académie pontificale pour la Vie, réagissant le lendemain dans le même quotidien le 7 juillet, estime que ce texte, qui provient de la Commission de droits de la femme "revêt une connotation revendicative et unilatérale" et il regrette que le texte final ait été adopté avec "quelques modifications seulement, et pas très significatives".

Pour lui, une résolution qui émane du Parlement européen "n'est pas un simple message qui exprime la conviction d'un groupe de parlementaires mais il représente un fait culturel et politique sérieux" du fait qu'il provient d'un parlement élu directement par les citoyens européens. "Il exprime ainsi une volonté directive et un poids sur les orientations nationales, même s'il n'engage rien et si, espérons-le, il peut être réformé."

... "Lorsque l'on veut uniformiser les lois nationales, explique Mgr Sgreccia, on risque d'imposer une éthique inspirée par un radicalisme politique et par un "nihilisme" éthique, soutenus par la majorité du moment". Dans le même temps, il se réjouit que, sans les citer, certains pays aient montré des "doutes sur l'opportunité d'adhérer définitivement à une Europe qui menace d'imposer sa conception morale".

Rappelant ainsi que l'avortement reste un "délit" et qu'il ne pourra jamais être assimilé à un droit, il regrette que le texte "ne considère pas du tout le droit à la vie mais exalte, de manière unilatérale, et même uniquement, le droit pour la femme d'avorter sans aucune contrainte législative". "Ce document, conclut-il, sera considéré dans le futur comme emblématique et d'une tendance "radicale" et amorale de certains secteurs d'une Europe qui vieillit du point de vue démographique et de la civilisation."


Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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