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20.07.02 - Tchad : La formation n'est pas une ingérence.

Le président de la Commission Nationale Justice et Paix, Mgr. Mathias N'Gartéri, évêque de Moundou, a répondu dans le journal "Observateur" aux récentes accusations formulées par le gouvernement tchadien.

Le ministre de l'Administration du Territoire, Abderamham Moussa, avait vivement critiqué l'Eglise locale en l'accusant d'ingérence dans la politique nationale. Le représentant du gouvernement avait déjà fait part de son opposition à une initiative catholique au début du mois de juillet, à l'occasion d'un cours pour formateurs d'observateurs électoraux à N'Djamena, la capitale, organisé par les évêques des sept diocèses du Tchad.

Il met en garde les responsables de l'Eglise catholique contre cette dérive qui tend à "inculquer des idées politiques aux fidèles innocents", surtout en vue des prochaines élections municipales. Le ministre a réaffirmé, à travers ses déclarations du mercredi 17 juillet que les observateurs formés par l'Eglise ne pourraient pas surveiller selon la loi la tournée électorale et que l'Eglise catholique devrait en revanche s'occuper de rapprocher les hommes de Dieu et d'annoncer la "Bonne Parole".

Dans sa réponse, Mgr N'Gartéri souligne que "l'Eglise Catholique a organisé la formation pour contribuer à la restauration de la paix et de la vérité" dans le pays. Il a rappelé que l'Eglise a pris activement part dans la vie politique sur invitation des forces politiques tchadiennes elles-mêmes.

En 1993 en effet, les autorités ecclésiales furent invitées à participer à la Conférence Nationale Souveraine (CNS), organisée par le président Idriss Déby, pour établir les bases de la démocratisation du Tchad, au sortir de la dictature d'Hissène Habré . "C'est en tant qu'Eglise que nous fûmes invités à émettre nos avis à la CNS. La formation des formateurs des observateurs électoraux organisée juin dernier n'est que l'application d'une des recommandations de la CNS."

..."Aussi bizarre que cela peut paraître, mais il faut le signaler, c'est ce même ministère de l'Administration du Territoire qui a ouvert et clôturé la formation organisée par l'Eglise", a poursuivi l'évêque dans son interview. Au Tchad, les rapports entre les autorités de l'Eglise et les autorités politiques, administratives et militaires sont devenues très délicates ces derniers temps. Les vecteurs de communication de l'Eglise, radios catholiques en tête, et les commissions diocésaines "Justice et paix", particulièrement engagées dans la promotion des droits de l'Homme, sont au coeur des critiques du gouvernement.

Pour plus d'informations : Agence Misna

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