15.07.02 - Philippines : Pour l'abolition
de la peine de mort.
Les Eglises des Philippines ainsi que
plusieurs associations de défense des droits de l'homme ont demandé
l'abolition de la peine de mort dans le pays.
En soulignant que la peine capitale n'est qu'une "astuce" immorale,
motivée par des raisons politiques, elles s'en prennent en termes vifs
à la présidente Gloria Arroyo. "En préférant des solutions rapides et
superficielles à la tache difficile mais importante qui consiste à renforcer
les organismes d'application de la loi, la présidente se révèle une
fois de plus une politicienne accomplie qui n'a pas le moindre scrupule
à sacrifier l'intégrité morale sur l'autel du pragmatisme."
Cette déclaration, en date du 11 juillet, intervient deux jours après
la campagne lancée par la présidente contre ceux qui pratiquent les
enlèvements pour obtenir des rançons, et dont les agissements ont éloigné
les investisseurs étrangers. A la tête de cette campagne se trouve Rodrigo
Duterte, le maire très controversé de Davao City, dans l'île de Mindanao,
au sud.
Tout en se félicitant de la décision du gouvernement de lutter contre
la criminalité en hausse, la Coalition déplore "le penchant de celui-ci
pour les astuces et les solutions superficielles". "C'est juste un de
ses trucs publicitaires bon marché", déclare le jésuite Silvano Borres,
coordinateur de la Coalition.
Parmi les membres de la Coalition, en plus des Eglises, figurent l'Association
des supérieurs religieux des Philippines, Amnesty International-Philippines,
ainsi que le Groupe indépendant d'assistance juridique.
Roberto Reyes, prêtre catholique, voudrait que le gouvernement se penche
sur la relation existant entre criminalité et pauvreté au lieu de se
concentrer sur la lutte contre les enlèvements. A ses yeux, c'est pour
se faire bien voir des familles riches, d'origine chinoise, qui sont
souvent la cible des enlèvements, que la présidente a lancé cette campagne.
"Nos leaders et nos législateurs, dit-il, ne se sont pas vraiment attaqués
aux racines et aux causes immédiates de la criminalité. C'est là que
réside leur inefficacité, une incapacité qui doit être camouflée. Or
la peine de mort est un bon camouflage".
Pour lui, la pauvreté mène plus vite à la mort. Ainsi une étude de 1998,
mentionnée par la Conférence épiscopale, révèle que sur les 425 condamnés
du pays attendant leur exécution, seuls 27 avaient été au collège et
plus de la moitié gagnaient moins que le salaire minimum. Le Congrès
philippin est actuellement en train de débattre d'un projet de loi qui
devrait abolir la peine de mort, ce que 104 autres pays ont déjà fait.
Pour plus d'informations : Agence ENI
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