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18.07.02 - JMJ : Une situation révélatrice

Longtemps l'Eglise catholique au Canada, et princpalement au Québec, était considérée comme l'un des plus beaux fleurons de l'Eglise universelle. En 30 ans, les choses ont bien changé et les JMJ de 2002 révèlent la crise que vit l'Eglise catholique.

Une laïcisation grandissante a ébranlée une institution "tranquille" dans son traditionnalisme qui s'est souvent repliée devant les "nouveautés" qu'elle condamnait sans y voir les aspects positifs dans un monde en pleine évolution.

Les communautés catholiques sont confrontées à une diminution du personnel, de ressources et de moyens. L'Eglise, peut-on lire dans un reportage du quotidien français "La Croix", compte 3.300 prêtres diocésains parmi lesquels 35% ont plus de 70 ans et environ la moitié ont entre 50 et 70 ans. Si 88% de la population québécoise se dit encore catholique, la pratique dominicale quant à elle continue de décroître, et atteint à ce jour à peine 10%.

Les évêques du Québec ne se dissimulaient pas cette réalité. A l'occasion de leur visite "ad limina" à Rome en 1999, ils rappelaient que l'Eglise catholique dans sa majorité québécoise et francophone vivait une crise profonde. Dans les grandes villes du Canada, les infrastructures religieuses sont désaffectées et vendues. Les églises, couvents et maisons religieuses sont transformés en musées, bibliothèques ou appartements. "Ces nouvelles réalités offrent à la population l'image d'une Eglise en gestion décroissante, en situation d'appauvrissement...Dans l'Eglise catholique à majorité québécoise et francophone, beaucoup sont partis, d'autres sont tentés de baisser les bras.

Une autre crise l'affecte, liée à l'histoire, et à ce qu'on appelle l'affaire des "orphelins de Duplessis", affaire dans laquelle sont d'ailleurs impliquées aussi protestants et anglicans.

Les Eglises du Canada ont une lourde dette à l'égard des populations autochtones, des Indiens. Aujourd'hui, de nombreuses actions en justice demandent réparation, et mettent les Eglises sur la paille ou presque, avec les dédommagements consentis. L'affaire des "orphelins de Duplessis" n'est de loin pas fermée. D'autant que cette malheureuse histoire des années 50 se double d'autres faits peu glorieux: gouvernement et Eglises ne se sont-ils pas unis pour "tuer la nature indienne chez les enfants" dont les Eglises avaient la charge dans leurs pensionnats? Accusés d'avoir brisés la culture indienne sous prétexte d'élever et de civiliser les "petits indiens", gouvernement et Eglises doivent passer aujourd'hui à la caisse.

En septembre 2001, la publication des résultats d'un sondage sur les abus dans les écoles pour autochtones avaient provoqué la colère des Eglises canadiennes. Mais on ne pouvait nier en bloc les "casseroles" traînées et les dégâts causés sur les victimes, les "orphelins de Duplessis", abusés physiquement et sexuellement il y a 50 ans dans des orphelinats subventionnés par le gouvernement mais tenus par les Eglises.

En effet, dans les années 40 et 50, plus de 3.000 de ces orphelins furent internés dans des institutions religieuses comme malades mentaux. L'affaire remonte à une époque où, au Canada, les réseaux de santé et d'éducation étaient confiés aux communautés religieuses. Comment subventionner celles qui accueillaient des orphelins? Pour éviter une intervention du gouvernement canadien dans un domaine de compétence provinciale, et avec l'accord tacite de ce dernier, Maurice Duplessis, Premier ministre du Québec de 1936 à 1939 puis de 1944 à 1959, et l'archevêque de Montréal convinrent de déclarer malades mentaux des milliers d'orphelins pour les envoyer dans des hôpitaux psychiatriques, les subventions étant plus généreuses dans ce secteur.

Les Indiens de souche ont bien entendu été parmi les premières victimes. Aujourd'hui, plus de 7.000 procès ont été intentés contre les Eglises anglicane, presbytérienne, catholique romaine et unie et les frais entraînés représentent plus d'un milliard de dollars canadiens. Par exemple et elle n'est pas la seule à être au bord de la faillite, l'Eglise anglicane en appelait il y a un an à l'Etat pour demander au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour endiguer le flot des demandes de dédommagements à la suite des abus sexuels perpétrés par le passé dans les écoles tenues par l'Eglise anglicane.

L'évêque anglican d'Ottawa, Mgr Peter Coffin, expliquait alors que depuis 1998, quelque 7'500 membres de la communauté indienne du Canada avaient déposé 4.200 plaintes et exigé des réparations pour des milliards de francs. Les plaintes, admettait-il, continuent à arriver à raison de 140 par mois.

Pour l'Eglise catholique, la situation est semblable et le trou financier que pourrait laisser les JMJ aux organisateurs, n'est pas fait pour arranger les choses, même si ces mêmes journées et la venue du pape Jean Paul II sont attendues comme une véritable aubaine pour sortir de cette crise et redonner confiance.

Pour plus d'informations : Eglise du Canada

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