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09.08.02 - Tchad : L'Eglise ne peut s'engager.

Les autorités tchadiennes continuent à bloquer les activités d'éducation civique et politique entreprises il y a deux mois par la Commission Nationale Justice et Paix, présidée par l'évêque de Moundou, Mgr Mathias N'Gartéri.

Jeudi dernier, 8 août, dans la localité de Koumra,à 90 kilomètres de Sarh, près de 80 personnes s'étaient données rendez-vous dans le centre de formation diocésain de Bendoyo pour participer à un cours de formation d'observateurs électoraux, organisé en vue des prochaines élections municipales.

Après deux heures de cours, sur ordre du préfet local, les forces de l'ordre sont intervenues pour obliger les participants à suspendre la rencontre. Les prêtres qui accompagnaient les fidèles pour cette séance de formation ont été par la suite convoqués par les autorités qui ont qualifié la réunion d'illégale, bien qu'elles furent informées depuis longtemps de l'organisation de l'initiative à laquelle elles étaient d'ailleurs invitées.

Encore une fois, les religieux ont été invités à s'occuper de la prière et à ne pas se mêler de la politique intérieure. On rappelle que pour le seul mois de juillet, à deux reprises, le ministre de l'Administration du Territoire (Intérieur) Abderaham Moussa a accusé l'Eglise catholique d'ingérence dans les affaires de l'Etat. Il avait déjà par le passé manifester son opposition au cours de formation de formateurs des observateurs électoraux, organisé au début du mois dernier dans la capitale N'Djamena par les évêques des 7 diocèses du Tchad.

Selon Moussa, à travers un tel parcours de formation, l'Eglise sèmerait "la confusion" en créant "des doutes chez ceux qui croient à la vraie mission des religions révélées, l'Islam et le Christianisme". A ces accusations, a répliqué Mgr N'Gartéri en soulignant que le cours a été organisé "pour contribuer à la reconstruction et à la paix dans le pays".

A cette occasion, il a rappelé, par ailleurs, que l'Eglise a été appelée par les forces politiques du Tchad, déjà en 1993, à jouer un rôle actif dans la vie du pays en participant à la Conférence Nationale Souveraine (CNS), organisée par le président de l'époque Idriss Deby.

"Il est assez étrange, a-t-il dit qu'à présent ce soit le ministre de l'Administration du Territoire - qui avait ouvert et clôturé les travaux de la Conférence – à lancer des accusations. Les rapports entre les autorités ecclésiastiques et politiques, militaires et administratives sont ces derniers temps de plus en plus problématiques. Le gouvernement prend de mire en particulier les moyens de communication de l'Eglise (la radio catholique en tête) et les Commissions diocésaines "Justice et Paix", engagés dans la promotion des droits humains. (AHG)grgrgr

Pour plus d'informations : Agence Misna

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