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11.08.02 - USA : La papauté n'est pas l'Eglise.

Garry Wills, un intellectuel catholique des plus renommés des Etats-Unis, s'en prend au pape, et, dans une conférence n'a pas hésité à déclarer : "Le Credo est de loin plus essentiel à la croyance que la papauté."

"Nous faisons trop grand cas du pape", a-t-il en effet estimé dans une conférence organisée le 31 juillet dans l'Eglise épiscopale de New York par le Centre d'études religieuses. Garry Wills, ancien séminariste jésuite, aujourd'hui expert et journaliste connu, défend l'Eglise catholique et la foi chrétienne tout en critiquant vivement Jean Paul II.

Dans son dernier livre qui vient d'être publierGarry Wills, "Why I Am a Catholic" en anglais, il justifie cette position en écrivant qu'une "personne qui aime l'Eglise peut avoir une querelle d'amoureux avec la direction de celle-ci". Il se veut la "suite non intentionnelle" d'un de ses précédents ouvrages "Papal Sin: Structures of Deceit", publié en 2000, et dans lequel l'auteur critiquait la papauté des temps modernes.

Spécialiste de lettres classiques, il est professeur auxiliaire d'histoire dans une université près de Chicago et écrit des articles sur des sujets aussi divers que le discours de Gettysburg d'Abraham Lincoln, des films de John Wayne et la vie et la théologie de saint Augustin. L'étude de la religion figure aussi dans ses articles et essais, que l'on peut lire dans certaines publications comme le "New York Review of Books".

Dans sa conférence prononcée à New York devant une assistance majoritairement catholique, Garry Wills a rappelé que même les Eglises chrétiennes primitives, entre autres l'Eglise apostolique, étaient affaiblies par le scandale: "L'Eglise meurt et renaît." A ceux qui lui suggèrent de quitter l'Eglise catholique et d'adhérer à une autre, Garry Wills répond que d'autres Eglises - épiscopale, luthérienne ou orthodoxe, pour ne citer que trois exemples - sont loin d'être parfaites.

Par ailleurs, il continue de trouver l'Eglise catholique romaine digne de foi et de loyauté. Il n'est pas catholique romain à cause du pape, même si la papauté, qui commence avec l'apôtre Pierre, est l'une des raisons qui le poussent à rester catholique. "Partout où je trouve le Christ, je m'attends à trouver Pierre à ses cotés. Il y a eu de nombreuses papautés, et parvenir à une relation raisonnée avec la papauté actuelle nous pousse à examiner attentivement l'histoire de l'institution", écrit-il.

Comme d'autres critiques libéraux de Jean Paul II, Garry Wills accuse le pape d'avoir trahi la promesse de réforme engendrée par le Concile Vatican II. Il reproche au pape et à l'un des porte-parole les plus influents du Vatican, le cardinal Joseph Ratzinger, de maintenir un héritage conservateur qui, à son avis, ne leur survivra pas.

"L'Eglise, au sens du cardinal Ratzinger, a décrété ceci et cela", écrit-il. Mais elle "envoie des ordres dans le vide et ne cesse de répéter des condamnations" qui échouent, comme celle d'interdire le ministère aux catholiques homosexuels. "Et pour quel résultat ? Elle a démoralisé ses troupes, vidé les couvents et les presbytères. Elle glorifie le célibat tandis que des prêtres sont impliqués dans des délits de pédérastie, et que des évêques couvrent leurs actes".

Garry Wills dit par ailleurs ne pas se soucier de savoir s'il y aura un jour un pape américain. "Je ne peux pas prédire qui fera un bon ou un mauvais pape". Mais s'il pouvait choisir le successeur de Jean Paul II, ce serait quelqu'un comme le Docteur Rowan Williams qui vient d'être choisi pour être le prochain archevêque de Cantorbéry. "L'esprit nous surprend", dit-il en évoquant l'éventualité d'un pape plus progressiste. "Et j'attends la surprise".

Pour plus d'informations : Agence ENI

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