04.10.02 - Congo-Brazza : L'Eglise dénonce
les violences.
Les évêques de la République du Congo
ont énergiquement dénoncé les violences subies par l'Eglise et les habitants
du Congo.
Une lettre ouverte a été rédigée au nom de l'épiscopat par Mgr Anatole
Milandou, archevêque de Brazzaville et président de la Conférence Episcopale
du Congo, le 1er octobre, jour de l'enterrement dans la capitale congolaise
du P. Jean Guth, curé de Mayama et missionnaire spiritain, enlevé
le 31 mars par des miliciens "ninjas", et décédé en captivité le 10
août dernier.
"A la suite de la mort du Père Jean Guth, les évêques du Congo déplorent
vivement les actes de violence dont l'Eglise et la population sont victimes
de la part des hommes en armes et appellent les jeunes miliciens qui
ont suivi Frédéric Bitsangou, alias Ntoumi, un ancien féticheur-guérisseur
qui soignait les malades mentaux selon des méthodes traditionnelles,
à déposer les armes et à revenir sur la voie de la raison."
... " Nous voulons crier tout haut, notre peine devant les agressions
gratuites dont les serviteurs et servantes de Dieu sont victimes, de
la part des hommes en armes de tous bords". "Le Père Jean Guth vient
de mourir des mains des miliciens ninjas-nsiloulou, qui l'ont pris en
otage, sans raison (…) Il vient ainsi allonger la liste des serviteurs
et servantes de Dieu, victimes des violences politiques au Congo".
... " En dehors des violences sur les personnes, l'Eglise n'a cessé
de déplorer le lourd préjudice matériel dont le triste butin est transporté
et vendu impunément à Brazzaville et dans les autres villes du pays.
Toutes ces violences et agressions sont l'oeuvre de tous les groupes
armés, miliciens cocoyes, miliciens cobras, miliciens ninjas-nsiloulou
et même les membres de la Force publique."
Cette même déclaration déplore les exactions dont les civils
congolais, en particulier les habitants de la région du Pool, sont victimes
et l'impunité de leurs auteurs. "Depuis des décennies, il n'y a jamais
eu de procès, pas même la moindre réprobation publique, pas de dédommagement
pour les pertes que la population et l'Eglise ont subies".
... "Le scandale, ajoutent les évêques, est que l'Eglise,
qui est la première victime des hommes en armes, de quelque côté qu'ils
soient, est accusée de ne rien faire, pour défendre et protéger ses
membres et ses biens. Elle n'a rien fait, dit-on, pour la libération
du P. Jean Guth des mains de ninjas-nsiloulou. Au Congo, comme partout
ailleurs, l'Eglise a la mission d'éveiller et de former les consciences.
C'est dans cette perspective qu'elle a prôné et privilégié la voie royale
du dialogue dans ses contacts avec l'Etat à qui revient la mission d'assurer
la sécurité des personnes et des biens, conformément aux dispositions
de la Constitution du 20 janvier 2002, selon l'article 69".
... "La guerre ne fera qu'hypothéquer votre avenir et celui de notre
pays". S'adressant aux autorités, les évêques réaffirment que "pour
la paix, le dialogue demeure la voie incontournable, et nous offrons
notre disponibilité pour la réinsertion de la jeunesse, et que cessent
les exactions gratuites, surtout celles exercées à l'encontre des jeunes
qui sont dans les villages ou qui sortent des forêts". (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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