06.10.02 - Suisse : La discrimination contre
les homosexuels.
La Conférence des évêques suisses (CES)
s'est prononcée le jeudi 3 octobre contre toute discrimination des personnes
homosexuelles et a demandé pardon si de telles discriminations ont été
commises dans le passé au nom de l'Eglise et de la foi chrétienne.
Cependant, il n'est pas question , comme le font certaines Eglises réformées
en Suisse, de bénir les unions homosexuelles, a rappelé la CES dans
un document de quatre pages présenté au cours d'une conférence de presse
à Berne.
Si la CES considère qu'une prédisposition homosexuelle "vécue dans la
continence" n'exclut pas une personne du ministère ecclésial, donc du
sacerdoce, "et peut même annoncer un charisme particulier, tout comme
le célibat librement choisi", elle ne peut engager au service de la
pastorale des homosexuels en partenariat de vie.
Cela vaut d'ailleurs également pour des partenaires hétérosexuels qui
vivent en couple sans être mariés, souligne le document des évêques,
qui insiste sur "le caractère unique du sacrement de mariage chrétien
confié à l'Eglise".
Expliquant la position de l'Eglise sur l'homosexualité, Mgr Martin Werlen,
abbé d'Einsiedeln, a montré qu'elle brise plusieurs tabous dans la société
actuelle, en contredisant notamment le principe de la satisfaction maximale
et immédiate des désirs. Le message évangélique libère l'individu de
l'étroitesse de sa propre expérience et de sa subjectivité en ce qui
concerne ce qui est bien et ce qui est mal. Notamment en matière de
mours.
Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, a relevé
pour sa part que le dicton "Vox populi, vox Dei" n'est pas toujours
pertinent, car le peuple peut se tromper. Et de déplorer un certain
"panthéisme démocratique" qui voudrait faire de la majorité de l'opinion
publique la norme suprême, et la tendance à s'adapter systématiquement,
par démagogie et populisme, aux moeurs dominantes du moment. "L'addition
d'opinions erronées ne fera jamais la vérité."
La prise de position du 3 octobre survient d'ailleurs le même jour où
une majorité de députés du canton du Valais - une région catholique
pourtant réputée conservatrice - ont accepté une motion qui demande
au gouvernement de légiférer dans le sens d'un partenariat pour les
couples homosexuels.
..." L'Eglise ne rejette pas les personnes homosexuelles, a poursuivi
Mgr Genoud, car personne ne choisit d'être homosexuel. L'amour entre
deux partenaires homosexuels peut être très grand, très généreux, a-t-il
convenu. Mais il ne faut pas mettre une telle union au même niveau qu'un
mariage chrétien qui se vit, comme l'enseigne la Bible et l'Eglise,
dans la complémentarité de la différence, c'est-à-dire dans l'hétérosexualité."
Toute personne, homosexuelle ou non, a cependant le droit de recevoir
une bénédiction, mais les évêques suisses sont opposés à la bénédiction
des unions homosexuelles. "Un tel rite pourrait ressembler au mariage
sacramentel et prêter à confusion."
Concernant l'engagement dans un ministère d'Eglise, "une prédisposition
homosexeulle vécue dans la continence n'exclut pas du ministère ecclésial.
Il faut toutefois peser pour chaque cas les dangers ou les lourdes tentations
que les personnes homosexuelles pourraient subir dans un ministère ecclésial".
Mgr Genoud reconnaît qu'il faut attendre plus de prudence de la part
d'une personne homosexuelle au service de l'Eglise, "non pas parce qu'elle
serait plus faillible qu'une autre, mais parce que les gens pourraient
être vite scandalisés, quand bien même une telle personne vivrait dans
la sainteté".
..." Si la personne concernée maîtrise sa sexualité, son témoignage
pourrait même être superbe." a-t-il ajouté. (source : apic)
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques suisses
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