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04.11.02 - Ethiopie : A la veille d'une catastrophe.

"Ce n'est qu'une question de temps et l'Ethiopie vivra une fois de plus une situation catastrophique qui verra des corps squelettiques et des visages décharnés."

Pour soeur Elisa, religieuse des Filles de Marie-Auxiliatrice, la catastrophe qui s'annonce risque d'être plus grave que celles qu'a déjà connues le pays en 1972, 1974, 1984 e 1989. Les oeuvres humanitaires, les agences internationales, les missionnaires et les organismes de l'ONU sont impuissants à faire face à cette implacable et terrible crise alimentaire.

"Les pluies, cette année, déclare soeur Elisa, sont arrivées avec un mois de retard et se sont terminées 45 jours plus tôt que d'habitude. Seules les récoltes des deux années précédentes ont été suffisantes, mais elles ne peuvent assurer les besoins de cette année."

"Le monde pense à autre chose, ajoute-t-elle. Il peut se le permettre, nous ne le pouvons pas, parce que nous avons chaque jour devant les yeux des visages creusés des enfants." Ce témoignage est rageur et dur. Une rage provoquée par l'absence d'intérêt des médias internationaux. Une indifférence qui est comme une gifle pour ceux qui sont contraints d'assister impuissants au drame humain de dizaines de milliers de personnes.

Soeur Elisa vit à Zway, une cité à 160 kms au sud de la capitale Addis Abeba, construite par la volonté du président Mengistu qui a transformé un village de quelques milliers d'habitants en une grande ville de plus de 60.000 habitants pour en faire sa capitale administrative. Non pas un mégapole, mais selon l'expression de soeur Elisa, "une baraquepole".

"De larges boulevards selon le style des cités européennes, mais on n'a pas eu le temps de construire les infrastructures de ce qui devait être une ville modèle. Un rêve, mais jamais réalisé et qui s'est transformé en un cauchemar." Car, constate soeur Elisa, la population urbaine s'est accrue d'une manière disproportionnée, au bord d'un lac, dans une zone semi-aride."

"Au moins 70 à 80 % des enfants de Zway et des villages limitrophes doivent être assistés par des programmes alimentaires insuffisants. La récolte a été de 50 % moindre que prévu. A quoi s'ajoute une absence médicale dramatique. Nous sommes trop au sud et tous les grands de ce monde sont trop occupés à combattre les fantasmes du terrorisme international pour pouvoir s'abaisser à regarder vers qui n'est que peu de choses, sous la table."

"Sous la table de la politique internationale où nous cherchons à recueillir quelques bricoles. Mais nous continuons d'espérer !" (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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