07.11.02 - Soudan : Dans un contexte d'islamisation.
Lors de la présentation du livre "Religion
et conflit au Soudan", l'histoire de l'Eglise, dans ce pays, a été
mise en valeur et bien des erreurs historiques actuelles ont été
corrigées.
Ecrit par Richard Gray, professeur d'Histoire africaine à l'Université
de Londres, et Yusuf Fadl Hason, vice-greffier de l'Université de Khartoum,
il rappelle qu'au Soudan, dès le début de l'indépendance, l'Église a
beaucoup souffert, "car elle est considérée comme étrangère dans le
Pays, alors qu'elle en fait partie intégrante et que le christianisme
est parvenu jusqu'aux populations de la Nubie avant le colonialisme,
en sorte qu'on ne peut pas dire que le christianisme n'a jamais été
présent ou que c'est une religion inventée par les puissances coloniales."
L'Église a toujours cherché à établir un dialogue, une négociation,
une écoute. Cependant, elle s'est retrouvée de toute évidence dans une
situation de persécution, une situation dans laquelle on fait connaître
à tout le monde que la Shari'a est la loi qui domine, et sans aucun
doute, cela a exposé des milliers et des milliers de chrétiens à la
persécution. "Alors si la religion est manipulée, monopolisée,
imposée, le conflit sera inévitable, de même que la guerre", fait remarquer
le père Justo Lacunza, missionnaire d'Afrique, doyen de l'Institut Pontifical
d'Études Arabes et Islamiques (PISAI) de Rome.
Ce livre, de plus de 208 pages, publié par les Éditions Pauliniennes,
est un recueil d'études sur la guerre soudanaise endémique, qui dure
depuis des années, entre le gouvernement expression du nord arabo-musulman
et les populations du sud, chrétiennes et animistes. "Chaque fois que
l'on examine les conflits sur le Continent africain, selon l'analyse
du P. Lacunza, on voit que ces conflits présentent un double versant.
D'une part, ce sont des conflits de nature ethnico-religieuse, ethnico-culturelle,
et de l'autre, ce sont également des conflits économico-politiques,
parce que les ressources naturelles, par exemple au Soudan, sont mises
en cause; en effet, les compagnies pétrolières du monde y sont présentes
et cela constitue dans le Pays un élément de dispute".
Dans le cas particulier du Soudan, où les missionnaires, surtout les
Comboniens, sont particulièrement engagés dans l'aide à la population
qui souffre, "les composantes religieuses sont, probablement, l'islamisation
qui a été programmée, une islamisation continue, progressive, surtout
l'imposition de la Shari'a, appliquée par principe à tous les Soudanais,
et il s'agit là d'une composante qui porte à la lacération, à une souffrance
non seulement des chrétiens et des animistes, mais aussi à la lacération
d'une grande majorité de musulmans au Soudan, qui voudraient vraiment
voir un Islam pacifique, apaisé, qui leur permette de vivre fraternellement
et en communion avec les autres, en paix, et d'avoir une vie normale".
En outre, selon le P. Lacunza, "l'un des grands facteurs de dispute,
de conflit est la question des ressources hydriques, et ici le Nil est
le cœur du Soudan, en ce sens que l'eau est un élément clé comme le
pétrole, et je pense que le Soudan, dans ce genre de conflit, est comparable
à d'autres régions du monde, comme le Moyen-Orient". (source : vid)
Pour plus d'informations : Agence
VID
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