07.11.02 - France : Prendre en compte le
fait religieux.
"On ne peut comprendre la vie intellectuelle,
artistique ou politique européenne si l'on ne voit pas qu'elle est issue
de 15 siècles de domination chrétienne", a déclaré le ministre français
de l'éducation qui défend la prise en compte du fait religieux à l'école.
Le ministre Luc Ferry, interrogé le 5 novembre par Bernard Gorce et
Nathalie Crom, dans le quotidien "La Croix", soutient le projet
de Régis Debray visant à aider les enseignants à pénétrer la culture
religieuse. "Mais, souligne le ministre, je remarque que les chrétiens
sont les premiers à l'avoir perdue.
"Du fait de la laïcité, ce qui touche aux religions ne peut pas, bien
entendu, être enseigné de façon confessionnelle, mais le fait de se
couper de l'histoire religieuse est une erreur". Questionné
sur le fait que l'humanisme qu'il défend poiur être un
humanisme coupé de ses racines chrétiennes, Luc Ferry
se définit comme défenseur d'un "christianisme sécularisé" à l'école
("quelque chose comme l'évangile de Jean . moins l'existence de Dieu"
dit-il ).
Pour lui, l'absence de Dieu ne signifie pas la disparition de la transcendance.
"Nous stigmatisons le matérialisme contemporain, l'univers de l'argent.
Mais je constate que nos sociétés conservent d'abord un rapport réel
à certaines exigences modernes, celles des droits de l'homme notamment.
Mais, cela va plus loin, car nous continuons, par delà le droit et la
morale, de nous interroger sur des questions d'ordre spirituel: Comment
affronter la mort d'un proche? A quoi sert de vieillir? Comment éduquer
ses enfants? Ces questions sont extra-morales. Elles relèvent d'une
exigence de spiritualité ou de sagesse."
Si l'école reste le lieu de la connaissance, il convient, pour Luc Ferry,
de remettre les savoirs au cour des dispositifs éducatifs, de développer
un lien profond entre connaissance et amour: "Les deux doivent être
reliés si l'on veut donner tout son sens à cette activité d'apprendre."
Déjà depuis six ans, en France, les professeurs d'histoire
et de littérature abordaient des éléments de culture
religieuse, mais actuellement "le fait religieux" déborde
cette stricte approche disciplinaire. D'où l'idée proposée
dans le rapport de Régis Debray au printemps dernier et reprise
par lancien ministre Jack Lang, d'inscrire dans la formation initiale
de tous les enseignants "un enseignement de philosophie de la laïcité
et d'histoire des religions."
Les choses se mettent en place avec difficulté. Travailler en
partenariat avec un institut de théologie suscite quelques remous,
du côté des enseignants, au nom de la laïcité.
Il est nécessaire de marquer la distinction indispensable entre
"opinion religieuse" et "fait religieux" qui, seul,
intéresse l'enseignement.
La déclaration du ministre français rencontre quelques
oppositions. "Je développe pour ma part le concept de "pensée
élargie" comme pilier d'une spiritualité laïque.
Quand on apprend une langue étrangère, on 's'arrache'
à sa langue matenelle et donc à une identité particulière.
Cet élargissement de la pensée n'est pas seulement une
exigence morale, c'est aussi une exigence spirituelle."
..."L'école est le lieu de la connaissance. Mais connaître
peut s'entendre aussi au sens religieux, qui dévoile un lien
profond entre connaissance et amour. Les deux doivent être reliés
si l'on veut donner tout son sens à cette activité d'apprendre."
(source : la croix)
Pour plus d'informations : La Croix
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