16.11.02 - L'évêque de Rome
s'adresse au Parlement italien.
Il y a quelques semaines, Jean Paul
II a été fait "citoyen de Rome". Le 14 novembre
au matin, il s'est rendu au Parlement italien.
Jusqu'ici, il ne s'était adressé qu'aux parlements de Saint-Marin, d'Australie
et de Pologne. Pour l'occasion, l'Etat de la Cité du Vatican a frappé
une médaille commémorative, qui sera offerte aux parlementaires italiens,
tandis que le Ministère italien des postes publiait une carte-postale
présentant le portrait du Pape dans la salle de l'Assemblée nationale.
Le pape, accompagné du Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'Etat, de
Mgr.Leonardo Sandri, Substitut aux Affaires générales, de Mgr. Jean-Louis
Tauran, Secrétaire pour les Rapports avec les Etats, a été accueilli
par les Présidents et les Secrétaires généraux du Sénat et de la Chambre,
encadrés par une garde d'honneur. Le Président de la République italienne,
M.Carlo Azelio Ciampi, et le Président du Conseil des ministres, M.Silvio
Berlusconi, ont salué le Saint-Père à l'intérieur, avant qu'il n'entre
dans l'hémicycle. Les hymnes pontifical et italien ont été exécutés.
Jean-Paul II a ouvert son discours en remerciant les autorités italiennes
de l'avoir solennellement accueilli dans ce lieu prestigieux. "Les liens
qui existent entre le Saint-Siège et l'Italie -a-t-il dit- sont profonds.
Nous savons bien qu'ils sont passés à travers des phases et des difficultés
fort diverses, sans échapper aux vicissitudes et aux contradictions
de l'histoire".
Puis il a rappelé que "ces liens ont suscité des élans hautement positifs
tant pour l'Eglise de Rome, et donc pour l'Eglise universelle, que pour
la chère nation italienne". Evoquant ensuite l'histoire, Jean-Paul II
a dit que "l'identité sociale et culturelle de l'Italie, ainsi que la
mission de civilisation qu'elle a accomplie et qu'elle accomplit encore
en Europe et dans le monde, pourraient difficilement se comprendre sans
la sève vitale constituée par le christianisme".
Le pape alors dit qu'il fallait avoir confiance dans l'héritage transmis
par nos pères, étant donné que "c'est sur la base d'une semblable confiance
que l'on peut affronter avec lucidité les problèmes, même complexes
et difficiles, du moment présent et tourner encore audacieusement le
regard vers l'avenir, en s'interrogeant sur la contribution que l'Italie
peut apporter au développement de la civilisation".
Pour lui, l'Italie peut exprimer au mieux ses capacités en accroissant
"sa solidarité et sa cohésion internes". La solidarité, a-t-il dit,
"s'enracine profondément dans l'esprit et dans le coeur du peuple italien,
et elle se manifeste actuellement, entre autres, par de nombreuses et
méritoires formes de bénévolat".
Rappelant que "les défis qui se posent à un Etat démocratique exigent
de tous les hommes et femmes de bonne volonté, indépendamment de l'option
politique de chacun," Jean Paul II a demandé "une coopération
solidaire et généreuse pour édifier le bien commun du pays. Par ailleurs,
une telle coopération ne peut être séparée de la référence aux valeurs
éthiques fondamentales inscrites dans la nature même de l'homme... En
effet, s'il n'existe aucune vérité ultime qui guide et oriente l'action
politique...'les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées
au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement
en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire'".
..." L'évidence crue des chiffres contraint à prendre acte des
problèmes humains, sociaux et économiques que cette crise posera inévitablement
à l'Italie dans les prochaines décennies". "L'action pastorale en faveur
de la famille et de l'accueil de la vie...est la contribution que l'Eglise
offre à l'établissement d'une mentalité et d'une culture à l'intérieur
desquelles cette inversion de tendance s'avère possible. Mais il y aussi
place pour une initiative politique qui, tout en maintenant fermement
la reconnaissance des droits de la famille comme société naturelle fondée
sur le mariage...rende socialement et économiquement moins onéreux l'accueil
et l'éducation des enfants".
... "Le caractère réellement humaniste d'un corps social se manifeste
particulièrement dans l'attention qu'il réussit à témoigner envers ses
membres les plus faibles. Considérant le chemin parcouru par l'Italie
durant les soixante ans qui nous séparent des ruines de la deuxième
guerre mondiale, nous ne pouvons pas ne pas admirer les progrès considérables
accomplis vers une société où sont assurées à tous des conditions de
vie acceptables. Mais il faut également reconnaître la crise de l'emploi
qui reste grave, surtout chez les jeunes, ainsi que les nombreuses pauvretés,
les misères et les marginalisations, anciennes ou nouvelles, qui touchent
beaucoup de personnes et beaucoup de familles italiennes ou immigrées.
On ressent donc vivement le besoin d'une solidarité spontanée et capillaire".
... "Une Italie confiante en elle-même et avec une forte cohésion constitue
une grande richesse pour les autres pays européens, et pour le monde
tout entier. Je désire -a ajouté Jean-Paul- partager avec vous cette
conviction au moment où se définissent les contours institutionnels
de l'Union Européenne, et où l'on s'achemine vers son élargissement
à de nombreux pays de l'Europe centrale et orientale, au point de sceller
pratiquement le dépassement d'une division qui n'était pas naturelle".
A propos de l'élargissement communautaire, le Pape a dit qu'il était
"nécessaire de se garder d'une vision continentale qui ne prendrait
en compte que les aspects économiques et politiques, ou qui se laisserait
aller sans réflexion critique à des modes de vie inspirés par un consumérisme
indifférent aux valeurs de l'esprit... Il est nécessaire de veiller
à ce qu'elle s'appuie sur les fondements éthiques qui en furent autrefois
la base, laissant en même temps un espace aux richesses et aux diversités
des cultures et des traditions qui caractérisent les différentes nations".
..." Malheureusement, les espérances de paix sont brutalement contredites
par l'aggravation de conflits chroniques, à commencer par celui qui
ensanglante la Terre Sainte. A cela s'ajoute le terrorisme international,
qui a pris une nouvelle et terrible dimension, impliquant aussi de manière
totalement déformée les grandes religions. C'est précisément dans une
telle situation que les religions sont au contraire incitées à manifester
tout leur potentiel de paix, orientant et comme convertissant vers une
compréhension réciproque les cultures et les civilisations qui s'en
inspirent". (source : vis)
Pour le texte intégral : Service
de presse du Vatican
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