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23.11.02 - Nigeria : L'oeuvre du fanatisme.

Dans une déclaration faite à l'agence missionnaire Misna, soeur Semira Carrozzo a déclaré :"Ce sont les fanatiques qui entrent en jeu. Les fanatiques existent des deux côtés et quand ils sont sur la scène, tout devient plus difficile."

"Il est important de commencer à diviser les habitants de cette terre entre 'bons' et 'mauvais' plutôt qu'entre 'musulmans' et 'chrétiens'" dit-elle. La religieuse vit dans le grand pays africain depuis 16 ans et il y a 5 ans, elle s'est transférée de Lagos à Kaduna. Une ville et un Etat qui sont depuis quelques années le théâtre de tensions et d'affrontements ethnico-religieux entre la communauté musulmane et la communauté chrétienne.

"La violence est arrivée comme un orage d'été, au moment où personne ne s'y attendait. Depuis quelques mois, on ne parlait que de paix et de cohabitation pacifique. Puis à l'improviste, la confusion" poursuit la religieuse. Kaduna compte environ un million de personnes et les deux communautés religieuses revendiquent la majorité; en réalité, aucun recensement n'a jamais été fait."

La soeur Semira a expliqué le scénario dans lequel est survenue l'explosion de violence qui a bouleversé Kaduna, déclenchée par une foule de militants musulmans qui protestaient contre l'élection de Miss Monde prévue début décembre dans le pays.

"Nous nous trouvons depuis quelques années à Kaduna, où nous avons mis en place un projet éducatif. Une école maternelle et élémentaire dans laquelle nous accueillons, nous éduquons et nous donnons un repas à 500 enfants chaque jour. Des enfants chrétiens et des enfants musulmans. Dans notre école, nous avons un dialogue très étroit avec les musulmans. Il est important que cela soit compris par les personnes qui vivent à l'extérieur de cette réalité. Les gens, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, vivent et travaillent côte à côte".

L'Etat de Kaduna a connu trois crises graves, en 1987, en 1992 et en 2000, au cours desquelles de très violents affrontements ont bouleversé tout le nord du Nigeria, faisant 2.000 victimes. Les jeunes qui sont descendus hier dans les rues et qui ont tout ravagé en quelques heures ont moins de 20 ans. Ils sont tous au chômage et sont prêts à se vendre pour 100 naira (environ 80 centimes d'euros, NDLR).

... "Ce sont les jeunes qui vivent dans les pires conditions, la plupart d'entre eux sont au chômage" reprend soeur Semira, "il n'en faut pas beaucoup pour les manipuler. Passé l'effet de surprise, les chrétiens ont réagi de manière aussi violente. Le résultat est là : un grand nombre de morts, les hôpitaux sont remplis de blessés et la haine et le ressentiment se feront sentir encore longtemps". "Les autorités parleront et inviteront à la paix mais les gens ont perdu une maison, des biens, un parent, un ami ou une connaissance. A la fin, ce sont encore les plus faibles qui paient le tribut le plus lourd" a conclu la missionnaire. (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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