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25.11.02 - Irak : Les chrétiens dans la tourmente.

Les fidèles de la minorité chrétienne irakienne ont participé vendredi à une grande "Journée de prière pour la paix" à laquelle étaient invités toutes les paroisses et les monastères du pays.

Les milieux chrétiens irakiens craignent en effet qu'une opération militaire américaine de grande envergure contre leur pays ne provoque de graves tensions interreligieuses. Actuellement, les chrétiens de Mésopotamie compte au moins de 1 million de fidèles dont la présence remonte aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Ils vivent en bonne intelligence avec les musulmans. Toutes les communautés religieuses coexistent pacifiquement, selon l'agence de presse ocuménique ENI.

A Bassora, la deuxième ville d'Irak, dans le sud du pays, l'agence oecuménique Eni a interviewé des chrétiens locaux. Selon eux, une guerre risquerait de déboucher sur un conflit religieux, car le fanatisme est en augmentation parmi les musulmans depuis la guerre du Golfe en 1991.

Mais pour le moment, cette tendance n'a pas affecté les chrétiens de façon particulière. "Nous n'avons pas eu de problèmes religieux jusqu'à maintenant. Nous n'avons jamais été victimes de harcèlement, en tant que chrétiens", reconnaît l'un d'entre eux, mais la situation pourrait changer en cas de nouveau conflit.

Le risque d'une remise en cause de la coexistence pacifique entre communautés religieuses est grand en particulier dans le sud du pays, où la majorité des musulmans sont chiites - comme plus de 60 % des Irakiens. Même si les chrétiens minimisent les craintes concernant leurs relations avec les musulmans, la liberté de parole et de mouvement en Irak ne peut être considérée comme acquise. Les activités d'évangélisation sont par exemple interdites, comme dans tout pays musulman.

Certains étudiants musulmans demandent aux enfants chrétiens de se convertir à l'islam. En 1991, lors de la guerre du Golfe, des extrémistes musulmans ont dénoncé les chrétiens comme alliés des Etats-Unis.

Les habitants de Bassora rappellent que leur ville était prospère dans les années 70. Aujourd'hui, c'est l'une l'une des plus pauvres du pays, et les tensions sociales pourraient déboucher sur des conflits intercommunautaires. La région de Bassora est située dans une zone d'exclusion aérienne imposée unilatéralement par les Etats-Unis à l'Irak, et fait l'objet de constants bombardements effectués par des avions américains et britanniques survolant la région. Bassora est un centre pétrolier important, dont la prospérité a été affectée par deux guerres ces deux dernières décennies.

Un grand nombre d'habitants sont pratiquement sans emploi, de nombreuses mères et enfants sont obligés de mendier dans les rues, l'eau potable est rare et il n'y a pas d'électricité en de nombreux lieux. "Les Eglises aident déjà un certain nombre d'Irakiens, chrétiens et musulmans, avec très peu de moyens à leur disposition", affirme un interlocuteur chrétien, "mais s'il y a une guerre, les chrétiens seront les plus vulnérables". (source : apic/eni)

Pour plus d'informations : Agence ENI

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